Une partie du Domaine Viticole Casabianca, situé à Linguizzetta, est mis en vente par un liquidateur judiciaire. L'annonce soulève des inquiétudes. Agriculteurs et responsables politiques dénonce le risque de voir ce domaine devenir l'objet de spéculations foncières et immobilières.
Des centaines d'hectares de vigne dans la plaine orientale. Un domaine créé en 1956 et géré par la famille Casabianca, héritière du fondateur de Casanis. Et mis aux enchères hier, jeudi, par un simple encart dans presse.
En décembre 2016, la société Casabianca a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de grande instance de Bastia. Une faillite qui inquiète de nombreux agriculteurs de la région.
Un collectif a même vu le jour. « Il y a eu un gâchis social avec des employés qui ont été mis au chômage. Il y a eu un gâchis économique avec du vin qui ne se vend plus. Il y a eu un gâchis patrimonial sur la vigne. Et maintenant, vous allez avoir encore en plus un gâchis d’ordre moral », estime Guillaume Filippi, membre du collectif « Tocca a terra ».
Moral, parce que le domaine Casabianca fait naître des convoitises. Tout n'est pas dédié à la vigne. Sur les 470 hectares, 120 se trouvent au bord de mer et ne sont pas cultivés. L'emplacement a déjà fait l'objet de projets touristiques par le passé.
Droit de préemption
Le maire de Linguizzetta, qui suit la liquidation de près, est catégorique. « C’est un domaine qui est classé sur une zone agricole du PLU. Elle demeurera en zone agricole du PLU, il n’y aura pas de changement de destination tant que nous serons élus sur la commune de Linguizzetta », indique Séverin Medori.
Beaucoup d'espoirs reposent sur la Safer (société d'aménagement foncier et d'établissement rural). Un organisme qui peut acquérir des biens tels que Casabianca pour s'assurer qu'ils resteront dans le domaine agricole. Seulement voilà, dans le cadre d'une liquidation judiciaire, ce n'est pas gagné.
« Il nous reste toujours la possibilité d’user de notre droit de préemption. Mais les offres risquent d’être exorbitantes et du coup le droit de préemption pourrait ne pas s’appliquer compte tenu de l’offre foncière qui serait faite par d’autres personnes éventuellement. Mais on a cette volonté de ne pas laisser partir ces terres agricoles à un moment où, paradoxalement, l’offre foncière est tellement faible qu’on ne peut pas laisser partir ce domaine en d’autres mains que des mains strictement agricoles », explique Antoine Vallecalle, directeur de la Safer.
Depuis jeudi, l'affaire suscite de nombreuses réactions, côté politique. Sans surprise, la chambre d'agriculture de Haute-Corse, et les mouvements nationalistes ont fait connaître leur soutien à la démarche de la Safer.