Emploi, salaire, éducation : en Corse, des inégalités entre les femmes et les hommes qui persistent

Salaire et niveau de vie inférieurs, absence de parité dans la vie politique, plus faible taux d'activité... Si les inégalités entre les femmes et les hommes ont tendance à se réduire, elles restent encore marquées en Corse comme sur le continent : c'est le constat dressé dans une nouvelle étude menée par l'Insee.

En 2024, où en est-on de l'égalité entre les femmes et les hommes en Corse ? Selon une étude réalisée par l'Insee et publiée ce jeudi 7 mars - à la veille de la journée internationale des droits des femmes -, des inégalités subsistent dans la région.

Celles-ci sont notamment abordées sous le prisme de quatre thèmes : l'éducation, le travail, le salaire, et le niveau de vie.

Des lycéennes plus littéraires, des femmes plus diplômées

En Corse, en 2020, on constate que les lycéennes sont plus nombreuses (54,2%) que les garçons à s'orienter en voie générale ou technologique (51%), quand les garçons composent la plus grande partie des lycéens professionnels (59%).

En lycée général, les lycéennes sont surreprésentées dans les matières littéraires : littérature, philosophie, langues, cultures étrangères et régionales, histoire et géographie, sciences politiques (71,8%). Elles sont en revanche peu nombreuses en sciences du numérique (8,3%) et en sciences de l'ingénieur (22,2%).

Au sortir du lycée, les femmes font des études plus longues que les hommes. Elles sont 36 % à être diplômées du supérieur contre 27 % des hommes, "et cette différence est encore plus prononcée chez les jeunes", ajoute l'étude. Parmi les jeunes femmes de 15 à 24 ans, sorties du système scolaire, 25,4 % détiennent un diplôme du supérieur contre 14,7 % des hommes. Les femmes quittent par ailleurs moins fréquemment les études sans diplôme que leurs homologues masculins.

Reste que parmi les personnes ayant un faible niveau de formation - peu ou pas de diplômes -, les hommes sont plus souvent en emploi que les femmes : 76 % des hommes âgés de 25 à 34 ans, ayant au mieux un brevet des collèges, sont en emploi contre 42 % des femmes du même profil. Au niveau national, ces taux d’emploi sont respectivement de 59 % pour les hommes et de 45 % pour les femmes.

Moins d'activité, plus de temps partiel

En 2020, 67,9 % des femmes sont actives [le taux d'activité correspond au rapport entre la population active (personnes ayant un emploi et personnes à la recherche d'un emploi) et la population totale, ndlr], contre 77,4% des hommes. Soit 9,5% de différence.

Le taux d'emploi, qui représente le nombre de personnes en emploi rapporté à la population totale, est lui de 58,8% pour les femmes, contre 70,3% pour les hommes. Bien que le recours au temps partiel soit moindre par rapport au niveau national, l'Insee note également que "les femmes de l’île sont quatre fois plus souvent à temps partiel que les hommes." Une différence qui s'accentue avec le nombre d’enfants.

Malgré un taux de chômage relativement faible, en 2022, les femmes insulaires le sont plus souvent (6,6 %) que les hommes (5,7 %). Un écart qui, s'il a tendance à se réduire avec le temps, est depuis 2022 à l'inverse de la moyenne nationale, où le taux de chômage des femmes est en moyenne légèrement plus bas que celui des hommes.

En Corse, le nombre d’enfants amplifie la différence. Les femmes avec trois enfants sont deux fois plus au chômage que les hommes et plus souvent inactives.

Qu'en est-il des métiers principalement occupés par les femmes ou les hommes dans la région ? Sur l'île, on constate une prédominance féminine marquée dans les fonctions d'employés de l'administration de la fonction publique, d’agent d’entretien ou de vendeurs. 

Familles d'emplois les plus féminisés : les aides à domicile et aides ménagères (96,8% de femmes), les secrétaires (96,2%), les coiffeurs et esthéticiens (91,7% de femmes), les aides-soignants (89,6%), et enfin les infirmiers et sages-femmes (79,2% de femmes). Les femmes sont à l'inverse très peu présentes dans les métiers du bâtiment ou de la conduite de véhicules (grue, engins de travaux…).

Les hommes sont quant à eux plus souvent conducteurs de véhicules, militaires, policiers, pompiers, ou ouvriers non-qualifiés du gros œuvre du bâtiment, des travaux publics, du béton et de l'extraction.

À noter que sur les 360 communes de l'île, seules 41 femmes occupent le siège de maire (11% du total).

durée de la vidéo : 00h01mn16s
Le poids social des femmes en Corse ©Sybille Broomberg, Mélissa Maitrel

Des salaires en moyenne plus bas, même à catégorie socioprofessionnelle équivalente

Moins nombreuses - en pourcentage - à être employées, les femmes insulaires perçoivent également un salaire moyen inférieur de 12% à celui des hommes, relève l'Insee.

En 2021, leur salaire net annuel moyen est de 24.000 euros pour un équivalent temps plein, contre 27.300 euros pour les hommes, secteur privé et entreprises publiques confondus.

"Cet écart reflète pour partie une répartition genrée des professions, les hommes occupant les postes les plus rémunérateurs", indique l'étude. Les femmes occupent ainsi moins souvent des postes de cadre (11,8% contre 15,5% pour les hommes). Reste que même lorsqu'elles sont cadres, les salaires féminins demeurent inférieurs à ceux de leurs collègues cadres masculins (37.000 euros contre 42.700 euros en moyenne).

Les différences salariales s’accroissent avec l’âge : si en début de vie active, les femmes de la région ont un salaire en moyenne 9 % plus bas que leurs homologues masculins, l’écart est deux fois plus important en fin de carrière. Cet écart reste néanmoins moins marqué qu’en moyenne nationale : les femmes âgées de 50 à 64 ans perçoivent un salaire 28 % inférieur à celui des hommes.

À noter une disparité entre les deux départements : en Corse-du-Sud, les salaires féminins sont globalement plus élevés (24.300 euros en 2021) qu'en Haute-Corse (23.600 euros). Une différence qui s'explique notamment "par la structure de l’emploi dans le département", note l'Insee.

Un niveau de vie médian inférieur à celui des hommes

En 2021, la moitié de la population corse vit avec moins de 22.390 euros par an. Un total en deçà de la médiane nationale (23 080 €). Avec 18 % de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, la Corse est la région la plus pauvre de France métropolitaine, rappelle l'étude.

La configuration familiale influe beaucoup sur cette pauvreté : les familles monoparentales sont les plus confrontées à la pauvreté, or 71 % d’entre elles ont une femme à leur tête.

Le niveau de vie médian en Corse chute à 17.800 euros annuels par unité de consommation pour les familles dont une femme assure seule la garde des enfants, contre un peu plus de 20.000 annuels quand il s'agit d'un homme. 28% des femmes monoparentes se trouvent en 2021 sous le seuil de pauvreté, contre 23% des hommes monoparents.

Dans le détail, en Haute-Corse un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté (20%). Le niveau de vie médian s'y établit à 17.000 euros annuels par unité de consommation pour les familles dont une femme assure seule la garde des enfants, contre 21.460 euros pour l'ensemble de la population du département.

En Corse-du-Sud, 15,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté, et le niveau de vie médian s’établit à 18.700 euros annuels par unité de consommation pour les familles dont une femme assure seule la garde des enfants, contre 23.400 euros pour l’ensemble de la population du département.

L'actualité "Société" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Corse ViaStella
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité