C'est un mélange de colère et de déception qui anime les joueurs et le staff de l'USJ Furiani. Le club, qui devait jouer aujourd'hui son match d'accession, doit rejouer le tour précédent. Sans être coupable de rien.
On efface tout, et on recommence. C'est, pour résumer, le contenu du mail signé de la Fédération Française de Football qu'ont reçu, jeudi, en fin d'après-midi, les clubs de l'UJS Furiani et de la TA de Rennes.
Les Insulaires étaient dans les starting-blocks, et les Rennais, de leur côté, avaient déjà pris leurs quartiers en Corse, bien décidés à préparer dans les meilleures conditions le match qui était prévu aujourd'hui, samedi 11 juin.
Un match d'une importance capitale, qui pouvait illuminer la saison de l'une des deux équipes : le deuxième tour des barrages d'accession interrégionale futsal, autrement dit la finale de la compétition, qui décidera du prochain pensionnaire de D2.
Un match purement et simplement annulé par la FFF, à moins de 48 heures du coup d'envoi.
Dommage collatéral
La raison, une décision de la Commission Fédérale des Règlements et Contentieux, qui paradoxalement, ne concerne directement ni Rennes, ni Furiani, mais les clubs de Cayun, dans la banlieue de Toulouse, et de Montpellier.
On a tenté d'y voir plus clair...
La procédure remonte à plusieurs semaines, et à la victoire obtenue sur tapis vert par Cayun contre Montpellier. Le match, sur le terrain, avait été perdu 2 - 4, mais les dirigeants de Cayun avaient porté réclamation, en raison de l'homologation litigieuse d'une licence adverse.
La Ligue d'Occitanie donnait raison a Cayun, en première instance, puis en appel. Et le club de la région toulousaine poursuivait donc son parcours au détriment de Montpellier, et recevait Furiani en demi-finale, samedi 4 juin. Les Corses l'emportaient largement 6 - 2.
La prochaine étape, logiquement, c'était donc la finale, entre Rennes et Furiani, ce 11 juin.
Mais, cette semaine, la Commission fédérale a décidé d'aller contre les décisions de la ligue d'Occitanie rendues en faveur de Cayun, et donne gain de cause à Montpellier. Les conséquences sont lourdes, puisqu'elles annulent de facto la rencontre entre Furiani et Cayun, et la qualification des Corses, qui, si l'on en croit cette décision de la CFRC, auraient dû jouer contre Montpellier.
Mépris
Du côté du Furiani, c'est la stupéfaction : "comment dire à des joueurs qui ont obtenu une qualification à l'extérieur qu'ils doivent repartir jouer un nouveau tour à l'extérieur ?" En effet, l'USJ devra rejouer sa demi-finale, cette fois sur le terrain de Montpellier. Le sentiment d'injustice ressenti par les joueurs et le staff est pour le moins compréhensible.
D'autant, ajoute Mai Prescelti, dirigeant de Furiani, qu'il "semblerait, et ça tient presque du génie, que les cartons écopés lors de cette rencontre soient apparemment conservés. Nous jouerons donc une rencontre d'un tour que nous avons déjà passé, sans les joueurs suspendus et blessés lors d'un match du même tour, qui a été annulé !" Une décision "lunaire", pour le club insulaire.
Extraordinaire, ou lunaire. Vous choisirez.
Dans le camp rennais, la décision n'est pas mieux accueillie. Pour eux, comme pour les Corses, la FFF n'a que faire des réalités du futsal, où les clubs n'ont que peu de moyens, où les effectifs sont composés d'amateurs, et où les coachs doivent composer avec les impératifs professionnels et familiaux, de leurs joueurs.
Dans les colonnes de Ouest-France, l'entraîneur de Rennes, Nowfel Bensrhir, s'inquiétait hier des conséquences sur le calendrier : "la date est réservée depuis des mois et des mois pour les joueurs, et j'ai trois joueurs majeurs qui partent en vacances la semaine prochaine. (...) Je ne sais pas quelle équipe je pourrai aligner. Mentalement, c'est dur de rester mobilisés".
On étudie toutes les possibilités, y compris celle de déclarer forfait.
Nowfel Bensrhir ne sait pas de quel effectif il disposera, ne connaît pas la nouvelle date de la finale, et ne sait pas non plus quelle sera la destination. En effet, si son équipe est sûre de conserver sa place en finale, il faut encore que Furiani décroche, de nouveau, son ticket, sur le terrain de Montpellier.
A moins que Furiani ne renonce, devant l'impéritie de la FFF : "Nous nous doutons comme toujours qu'aucun dialogue n'est possible avec la Fédération, qui fera ce que bon lui semble, au mépris de tout esprit sportif.Nous avons interjeté appel, concernant la décision de déprogrammer Furiani-Rennes, main dans la main avec la Ligue Corse de Football. Mais il n'est pas dit que l'on se rende à Montpellier. Ce n'est pas acquis. Le club étudie actuellement toutes les possibilités. y compris celle de déclarer forfait pour la fin de la compétition et de mettre en sommeil son équipe seniors, ce qui ferait, nous n'en doutons pas, un immense plaisir à la FFF".
De toute évidence, on n'est pas près de connaître le nom du prochain pensionnaire de D2 Futsal...