Assassinat de Patrick Julien à Soccia : l'expertise psychologique d'Antoine Pietri étudiée

Le procès en appel d’Antoine Pietri, accusé de l’assassinat de Patrick Julien, se tient devant la cour d’assises de Haute-Corse. Au sixième jour d’audience, les expertises psychiatriques et psychologiques de l’accusé ont été étudiées.

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La personnalité "impulsive" d’Antoine Pietri correspond-elle à la planification de l’assassinat de Patrick Julien, le 4 novembre 2017, à Soccia ? Pas vraiment, selon l’expert psychologue qui l’a rencontré peu de temps après les faits. Pour ce dernier, le jeune homme était plutôt susceptible de réagir immédiatement, et pas "froidement", après coup.

Présenté dans la matinée de ce lundi 27 janvier, au sixième jour d’audience du procès en appel d’Antoine Pietri devant la cour d’assises de Haute-Corse, le rapport de l’expert ne s’est pas clôturé sans réactions. Avant lui, l'analyse de l’expert psychiatrique – qui conclut à l’absence de troubles mentaux ou psychiatriques de l’accusé au moment des faits – n’avait à l’inverse pas suscité beaucoup de commentaires.

Pas de "troubles paranoïaques" et bonne perception de la réalité

Selon le psychologue, si Antoine Pietri, lorsqu’il l’a rencontré, pouvait présenter des difficultés à maîtriser ses "relations intérieures", et était soumis à des variations d’émotions, il ne souffrait pas de troubles paranoïaques et percevait "très bien la réalité des choses".

Patrick Julien a été abattu de trois tirs d’armes à feu – dont un à la tête – alors qu’il se trouvait au volant de sa tractopelle. Peu de temps avant son assassinat, il avait eu un contentieux avec Antoine Pietri au sujet de l’attribution d’un terrain communal.

Un point rapporté par plusieurs témoins, et confirmé par l'accusé, lors de son entretien avec le psychologue. Mais plutôt qu'une altercation violente, comme indiquée par les proches de la victime, Antoine Pietro évoque, lui, un important accrochage verbal, rapidement évacué. "Après [cette altercation], m’a-t-il dit, il a calmé le jeu et aurait d’ailleurs contacté une association au sujet de son bail", rapporte l’expert. Qui poursuit : si l’accusé n’était pas "quelqu’un qui se laissait marcher sur les pieds", rien dans son test de personnalité "ne montrait une appétence pour régler ses comptes" de manière violente.

"Est-ce qu’un psychologue peut se prononcer sur la culpabilité de l’accusé ?", questionne Florent Crouhy, l’avocat général. Jamais, rétorque l’expert. Sur le banc du ministère public comme des parties civiles, on ressent néanmoins un certain agacement, voire des doutes face à la partialité du spécialiste dans ce dossier.

Est-ce qu’un psychologue peut se prononcer sur la culpabilité de l’accusé ?

Côté défense, on s’irrite aussi des questions répétées du président, Michel Bonifassi, sur le compte rendu de l'expert. "En quoi il vous embête, ce rapport, Monsieur le président ? C’est parce qu’il est à décharge ?", lance Me Paul Sollacaro, l’un des conseils de l’accusé. "Vous n’avez pas le droit de me dire que le rapport me déplaît parce qu’il est à décharge, lui répond sèchement Michel Bonifassi. Je pose des questions à charge et à décharge. Je vous trouve très agacés, sur le banc de la défense."

Une rapide passe d’armes dans un procès dans l’ensemble plus apaisé qu’il ne l’avait été en première instance, en 2020, à Ajaccio, au cours duquel les tensions avaient été nombreuses.

Florent Crouhy, l'avocat général. © Enzo Giugliano / FTV

"C’est toute une communauté qui a perdu Patrick Julien "

Outre les experts psychiatre et psychologue, ce lundi, ce sont plusieurs témoins qui ont défilé à la barre et en visioconférence, interrogés tour à tour sur la victime, l’accusé, et le jour de l’assassinat.

Patrick Julien était "quelqu’un qui était invariablement le même. Toujours engagé, très pudique, respectueux, et dont la probité morale et intellectuelle était indiscutable", assure un de ses amis.

Visiblement ému, ce témoin dresse le portrait d’un homme qu’il a côtoyé durant de nombreuses années, qui était à la fois un musicien, un conseiller municipal, et même un "bâtisseur d’utopie". "J’ai perdu toutes personnes là. Et quand je dis moi, se reprend-il, c’est un peu égoïste, parce que c’est toute une communauté qui l’a perdu. Et il n’y en a aucun à Soccia qui ne lui doit rien. Il a toujours été présent pour tout le monde."

Illustration. © FTV

L’accusé, lui, "est quelqu’un de gentil, de serviable, de fiable et à l’écoute des autres", décrit un de ses amis d’enfance. "Je souhaite juste que le cauchemar qu’il vit puisse s’arrêter". Interrogé sur le rapport aux armes d’Antoine Pietri, ce témoin confirme savoir "qu’il aimait les armes. Il avait un permis de chasse, je crois, et un fusil. Mais ce n’est pas quelque chose dont on discutait tous les deux".

Ancien voisin d’Antoine Pietri, cet autre témoin parle "d’un jeune homme qui voulait monter son entreprise et réussir, c’est tout". Lui l’assure : depuis son habitation, située juste en dessous de la bergerie de l’éleveur caprin, "je ne l’ai jamais vu utiliser des armes, ou même vu avec une arme. Des autres l’ont peut-être déjà vu, mais moi non."

Le procès d'Antoine Pietri se poursuit demain, mardi, avec l'interrogatoire de l'accusé, et les plaidoiries des parties civiles. Le verdict est attendu dans la soirée du mercredi. Acquitté en première instance, Antoine Pietri encourt la perpétuité.

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