Le président du Sporting Club de Bastia a repris le club en 2017, à l'un des moments les plus critiques de son histoire. Aujourd'hui, le SCB semble de retour au premier plan, mais selon Claude Ferrandi, son président, la route est encore longue.
Comment on fait face à quatre mois de huis clos, quand on est président du Sporting Club de Bastia ?
On subit. Comme tout le monde. Il n'y a rien de conventionnelle, dans la période que l'on vit. Alors on doit s'adapter au jour le jour. On se restreint, on essaie de prendre la mesure de ce que l'on peut réduire par rapport à ce qui était prévu... Le problème, c'est que c'est rarement possible, parce qu'on avait déjà un budget de fonctionnement à minima. Alors aujourd'hui on croise les doigts en espérant l'accession en L2. Si on monte, on bénéficiera de la manne financière qui va avec.
Et si on reste en National ?
On devra faire sans. Il faudrait trouver de l'argent autrement, avec un attrait qui resterait limité. Ne nous mentons pas, plus tu joues à un niveau élevé, plus tu es visible. Et plus tu es visible, plus tu intéresses les sponsors. Et puis les familles Ferrandi et Luiggi, qui portent le projet, devraient très certainement investir plus qu'elles ne l'avaient prévu, pour développer des fonds propres plus importants...
On arrivera à boucler le budget quoi qu'il se passe sportivement.
Le Covid19 pourrait mettre en péril le projet ?
Non. La saison dernière, malgré le confinement et l'arrêt précipité du championnat, on a réussi à faire face sans grosses difficultés. Et cette année, la situation peut nous faire mal, mais on est sur une gestion saine, et anticipative. On arrivera à boucler le budget quoi qu'il se passe sportivement.
Au-delà de l'aspect financier, Armand Cesari sans public, c'est dur à vivre ?
Très. On voudrait partager ce qu'on est en train de vivre avec les supporters. Mathieu Chabert disait récemment que l'on était payés pour donner un plaisir au public. Et là, on ne peut pas. Mais ça marche dans les deux sens, je le reconnais. C'est frustrant, de ne pas pouvoir vivre les ovations de Furiani à la fin d'un match. Ce sont des applaudissements qui rejaillissent sur nous, et sur les gens qui travaillent au quotidien en coulisse pour le club. On ne peut pas s'empêcher d'un prendre un peu pour soi, je le reconnais (sourire). C'est gratifiant. On est fiers, c'est normal. Il faut juste s'assurer que cette fierté reste mesurée !
Si on fait un faux pas, les instances du foot appuieront sur la gâchette.
Après quatre ans à la tête du Sporting Club de Bastia, quels sont vos rapports avec les instances nationales, et les autres clubs ?
On tisse notre réseau, on en est encore qu'aux débuts. Mais on commence à avoir quelques retours. Une chose est très importante, c'est qu'on n'a jamais ressenti de réticence à discuter avec nous. On a un passif, évidemment, qu'on traîne encore un peu. Mais nos interlocuteurs nous laissent la chance de nous exprimer. On sent qu'ils attendent de voir. Si on fait un faux pas, ils appuieront sur la gâchette. Je peux comprendre. La crédibilité, ça s'acquiert sur le long terme.
Vous vous inspirez du passé, pour tenter d'éviter certaines erreurs ?
Je ne veux pas me placer dans un rôle de juge. C'est difficile d'être impartial. Je me contente de juger des erreurs que j'ai commises moi-même. Alors disons que je préfère faire les choses à ma manière. Je suis quelqu'un qui règle plutôt les problèmes quand ils se présentent à moi. D'où l'intérêt d'être entouré de gens qui connaissent parfaitement le fonctionnement du club, comme Jérôme Negroni. Il faut être humble, apprendre, c'est comme cela qu'on se forge. En travaillant, en restant prudent, on arrive au but qu'on se fixe.
Justement, quel est ce but ?
Je parle plus dans une perspective globale que purement sportive. Le SCB est en phase de construction, et on essaie de créer un modèle économique qui ne soit pas dépendant uniquement des résultats de l'équipe fanion. Plus que le niveau où l'on évoluera dans deux ou trois ans, les vrais enjeux sont là. Asseoir une vraie organisation juridique et entrepreneuriale.
Ne plus être dépendants financièrement des résultats sportifs
Quelles sont les prochaines étapes du Sporting que vous imaginez ?
Nos propres infrastructures. Aujourd'hui on utilise celles de la Communauté d'agglomération bastiaise, pour les jeunes, et les moins jeunes. L'idée, c'est de commencer à bâtir quelque chose. Et pour cela, il faut se projeter sur 3, 5, 7 ans. L'autre aspect majeur, c'est le développement d'activités connexes, parallèles au sport, pour faire en sorte d'avoir un fonds de roulement permanent. Qui, comme je vous le disais, nous permettra de ne pas être financièrement dépendants des résultats sportifs.