En Corse, 1 habitant sur 5 vit avec moins de 970 euros par mois. La grande pauvreté touche de plus en plus de personnes, notamment des femmes. A Bastia, des associations comme A Fratellanza et le Resto social viennent en aide aux plus démunis. 

Le constat des associations et des travailleurs sociaux est sans appel, la pauvreté se développe sur l’île et elle touche des publics de plus en plus variés.

Les chiffres augmentent, les situations durent plus longtemps, elles touchent des couches de population qu’on ne voyait pas avant, les jeunes, les vieux, ceux dont on ne parle jamais, les immigrés, les sans droit, oui elle s’approfondit, elle court encore plus vite que nous. Dr François Pernin, président de la Coordination inter-régionale de lutte contre l’exclusion.

 

Fratellanza : 25 ans de lutte contre la précarité


À Bastia, l’association Fratellanza aide les plus démunis depuis 25 ans.

Son centre d’accueil, le centre Anna, accueille une soixantaine de personnes par jour. L’association gère aussi un foyer d’accueil de nuit à Toga.

Ces derniers temps, le visage des bénéficiaires a changé. Il y a encore quelques années les sans-abri correspondaient presque toujours à un profil type : principalement des hommes, tombés dans la précarité au terme d’un long cheminement.

Aujourd’hui, y compris dans les foyers de nuit, la moitié des bénéficiaires sont des femmes et parmi les sans-abri, nombreux sont ceux qui sont tombés dans la rue subitement. Une « chute verticale », qui peut toucher tout le monde. Car, comme le souligne le directeur des services de Fratellanza, « il suffit qu’on perde son travail et qu’on divorce et ça y est ».

Pourtant, le président de l’association garde espoir car, dit-il, il existe une réelle volonté politique de lutter contre la précarité.

Je crois sincèrement que chez nous en Corse le pouvoir politique a pris conscience de ce problème. Jean Claude Vignoli, président de Fratellanza


Il y a quelques mois, les locaux de l’association ont été complètement rénovés grâce à des financements publics. 160.000 euros, versés par l’Etat, la Collectivité de Corse, l’ancien conseil départemental, la Communauté d’agglomération bastiaise et les villes de Bastia et Ville di Petrabugno.
En contrepartie, l’administration a demandé au centre d’accueil de se professionnaliser, ce qui a conduit à l’embauche d’un directeur des services. Mais les bénévoles continuent à assurer la permanence tous les samedis pour « garder l’âme de l’association ».



Ndeye Gassama, l’espoir malgré tout


Nous avons rencontré Ndeye Gassama à Fratellanza. En août de l’année dernière, cette enseignante sénégalaise vient en Corse pour rendre visite à son fils. Mais les vacances tournent mal. Après une chute dans la rue, elle est conduite à l’hôpital où les médecins décident de l’opérer du dos. Mais malgré sa demande, son visa, qui expirait en septembre, ne sera pas prolongé.

Depuis un an, Ndeye Gassama a multiplié les démarches auprès de l’administration pour régulariser sa situation, mais toutes ont été refusées. En mars, la préfecture lui a notifié une obligation de quitter le territoire français.

Pourtant, son état de santé ne lui permet pas de voyager. Depuis l’opération, dit-elle, « ça ne va pas, j’ai des problèmes de dos, je ne peux pas m’asseoir, je ne peux pas me tenir debout longtemps. »

Ndeye Gassama a déposé un nouveau recours auprès de l’administration. Son espoir ? Retrouver la santé pour pouvoir, enfin, rentrer chez elle.
 


Le Resto social : « L’euro en fait c’est simple, c’est un repas ici. »

Du côté du théâtre municipal de Bastia, depuis novembre dernier, le resto social offre des repas à 1 euro. Les bénéficiaires y sont servis à table par les bénévoles.

Venir ici, c’est l’assurance de manger équilibré, car les repas sont donnés par des cantines lorsqu’elles ont du surplus. L’association, elle, ne paie que la moitié des coûts de transport et parfois, quelques repas de plus.

Lors de son ouverture, le resto social ne servait qu’une dizaine de repas par jour. Aujourd’hui, c’est plutôt une trentaine. Les bénévoles observent une hausse du nombre de personnes à la rue. Mais la précarité est partout.

Il y a aussi des gens qui viennent ici qui ont un logement mais qui sont en très grande difficulté. Il y a des gens qui ont très peu, même à la retraite. On avait un monsieur de 82 ans qui venait et il n’avait pas grand-chose, une petite retraite de 600 €. Danielle Drag, trésorière du Resto social

 



Freddy Bocquier, l’amoureux de la Corse

Nous avons rencontré Freddy Bocquier au Resto social. À 46 ans, ce Vendéen d’origine vit dans la rue depuis plusieurs années.

Depuis qu’il a épuisé ses droits au chômage, l’ancien menuisier touche l’ASS - allocation de solidarité spécifique – qui s’élève à moins de 500€ par mois. Alors, « pour finir le mois », il fait la manche en discutant avec les passants sur la Place St Nicolas. Les « bons jours », il peut récolter jusqu’à une centaine d’euro, les mauvais, comme les jours de vent, son maigre butin ne dépasse pas les 4€.

Freddy Bocquier l’assure, il « ne restera pas dans la rue jusqu’à soixante-dix ans ». Le centre d’hébergement et de réinsertion de Furiani vient d’accepter sa demande d’admission et il a entamé des démarches avec Pôle Emploi pour retrouver un travail.

CONTACTS
A Fratellanza – 2 rue du commandant l’Herminier, 20200 Bastia – ouvert du lundi au samedi.
Le resto social – 9 Boulevard Hyacinthe de Montera, 20200 Bastia – ouvert 5 jours par semaine de 10h à 15h.

 
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