800 millions d'euros de pertes. C'est le chiffre annoncé la semaine dernière par le secrétaire d'Etat au tourisme. 1,5 milliard de manque à gagner. C'est celui brandi par l'Agence du tourisme de la Corse. Explications.
Tout serait donc question d'estimations. Et de point de vue. C'est ce qui ressort en tout cas de la polémique qui naît autour de la saison touristique 2020 en Corse. On savait que l'épidémie de Covid19 avait fait de lourds dégâts dans le secteur. Restait à connaître le montant de la facture...
Vendredi 8 janvier, le secrétaire d'Etat au Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, a communiqué les premiers éléments chiffrés concernant l'ensemble du pays.
En ce qui concerne la Corse, le montant de 800 millions d'euros était avancé.
700 millions d'euros de différence...
Un montant contesté par l'Agence du Tourisme de la Corse. Selon elle, les pertes avoisineraient plutôt les 1,5 milliard d'euros.
Soit près du double de l'estimation donnée par Jean-Baptiste Lemoyne...
Du côté de l'ATC, on l'explique par un problème de méthodologie. "On a essayé de les joindre, mais personne ne nous a éclairé sur leur manière de procéder. Selon nos informations, ils auraient pris en compte l'hôtellerie, la restauration et les transports. Mais il y a beaucoup d'autres paramètres à prendre en compte, comme les agences de voyages, les activités de loisir, ou encore les meublés".
Pour l'agence, cette estimation est irréaliste. "Cet été déjà, nous tablions sur un milliard d'euros de pertes. On pensait que l'arrière-saison pourrait arrondir les angles... Et puis on a été placés en zone rouge, et ça a au contraire aggravé les choses. 1,5 milliard d'euros, c'est un chiffre sur lequel tous les observateurs s'accordent. Sur l'île en tout cas..."
Quelles aides, pour quel chiffre ?
Une telle perte représenterait une chute de 45 %, en comparaison du chiffre d'affaires du secteur en Corse, récemment revu à la hausse et désormais estimé par l'agence à 3,3 milliards d'euros par an.
Ce qui inquiète, c'est que "les aides à venir vont être conditionnées par leurs estimations". Des aides qui sont très attendues alors que l'île est la région la plus dépendante du tourisme, qui représente 33 % du PIB contre 7 % au niveau national. "Et puis, rappelle l'agence, "le tourisme a un effet domino sur l'ensemble de l'économie".
En off, certains ne cachent pas leur sentiment : "l'Etat veut nous court-circuiter". A l'Agence du Tourisme de la Corse, on prépare donc la riposte. Une riposte coordonnée, qui pourrait rassembler, dans les prochains jours, l'ATC, l'exécutif et les professionnels du secteur.