L'intersyndicale de la CCI bloque depuis hier les ports et les aéroports de Corse. En conséquence, certains navires ne peuvent pas accoster, et tournent en mer depuis plusieurs heures. Une situation qui pose, selon des passagers, un danger sanitaire.
"La situation est dramatique. Ça ne peut pas continuer ainsi." Anthony fait partie des centaines de malheureux passagers bloqués en mer sur l'un des navires de la Corsica Ferries, ce vendredi matin.
Censée débarquer hier, en fin d'après-midi, mais empêchée par le mouvement de grève de l'intersyndicale de la CCI qui bloque les ports et aéroports de l'île, l'embarcation tourne au large de Bastia depuis plus de 18h déjà.
Difficile à vivre pour les passagers, la situation présenterait également, à en croire ce Corse, un risque sanitaire. "Nous avons des personnes sur le bateau qui sont en manque de traitement. Certains ont besoin d'oxygène. Il y a des personnes diabétiques, d'autres qui sont handicapées. Il y a des petits bébés qui ont besoin de produits spécifiques, déplore Anthony. Imaginez quand même. On ne prend pas le même matériel de soin, de préparation, quand on pense faire un trajet de 4h ou quand il se transforme en une traversée d'une journée entière. On ne peut pas laisser les gens dans cet état."
Conséquence, sur le bateau, selon cet Ajaccien, les tensions se font au fil des heures de plus en plus nombreuses. "Parmi les passagers, vous avez des Corses, mais aussi des Russes, des Allemands... Tous ne comprennent pas forcément les annonces, qui ne sont pas faites dans toutes les langues, ce qui fait qu'il y a de la panique qui monte." Au risque de voir survenir de violents esclandres, glisse-t-il. "On ne l'espère pas, mais sans aucune indication de quand on pourra accoster, cela pourrait tout à fait arriver."
"Nous n'avons pas à être les martyrs de la CCI"
Anthony ne jette pas la pierre sur le personnel de la Corsica Ferries, qui, il l'assure, "fait le maximum possible et essaie de nous rassurer. Ils ont ouvert toutes les cabines cette nuit pour que les gens puissent dormir et ont maintenu un service de qualité."
Et s'il ne critique pas non plus les raisons qui motivent ce mouvement syndical au sein de la Chambre de commerce et d'industrie, "on les comprend", il dénonce en revanche les conséquences de cette grève pour les passagers.
"Que les ports et aéroports soient bloqués, c'est une chose. Qu'on empêche les départs, aussi. Mais on ne peut pas nous laisser en mer indéfiniment comme ça, souffle-t-il. Nous n'avons pas à être les martyrs de la CCI. Ces gens-là doivent comprendre qu'ils mettent des personnes en danger, qu'il est temps d'agir et de nous laisser rentrer sur la terre ferme, proche des pharmacies, des espaces de soin, et de nos familles."
"Il ne manque que des morts"
L'Ajaccien insiste : "Pour que la situation devienne encore plus grave que celle actuelle, il ne manque que des morts. Peut-être que ça ferait bouger les choses plus vite, ironise-t-il sèchement. Mais actuellement, c'est la réalité : des gens risquent de mourir si on ne fait rien."
À noter que la situation sur le bateau semble ne pas être vécue de la même manière selon les passagers : par message, un autre homme également présent à bord parle de son côté d'une ambiance "plutôt sereine, même si les passagers sont dans l'incertitude du débarquement et un peu fatigués."
À ce stade, aucune indication n'a été avancée sur une heure d'accostage des différents navires en attente. La situation, pour le moins floue, évolue heure par heure, minute par minute.