Les files d'attente, devant les laboratoires, sont sans cesse plus longues depuis quelques jours. Afin de satisfaire la demande, les labos ont dû s'adapter.
Il n'est pas encore 8 heures, ce matin, quand Carole arrive au laboratoire Vialle, à Lupinu. Ou plutôt au local que le laboratoire consacre exclusivement au dépistage, quelques dizaines de mètres plus loin. Devant, l'attroupement a de quoi décourager la trentenaire. Mais elle n'a pas le choix. "Je suis allée à un anniversaire organisé dans un bar, il y a deux jours, et la moitié des invités a le Covid ! Alors je préfère me faire tester, avant le réveillon."L'immense majorité des gens qui patientent autour d'elle sont dans le même cas.
Force majeure
La campagne de communication du gouvernement a porté ses fruits, semble-t-il. Et les laboratoires d'analyse sont surchargés de demandes. Il y a celles et ceux qui se présentent, sans rendez-vous, en espérant qu'un créneau se libère. Une pile de formulaires les attend, sur une table sur le trottoir. Histoire de soulager les infirmières qui, à l'intérieur, gèrent les dossiers. Ensuite, chacun prendra son ticket, et attendra leur tour.
Les autres, qui ont réservé leur test sur le site internet, doivent se présenter directement à l'entrée. Où une laborantine masquée et coiffée d'un chapeau pointu scanne leur pass sanitaire, tandis qu'un homme prend le nom des patients, fouille dans un casier posé, exceptionnellement, contre la porte d'entrée, pour retrouver leur dossier. Munis du précieux sésame, ils vont rejoindre la file des gens appuyés contre le mur, attendant qu'on appelle leur nom.
Hier, j'ai fini à minuit. Et ce matin, on est sur le pont depuis 7 heures.
Et malgré le nombre de gens, tout se fait étonnamment vite. Une dizaine de personnes, dont quatre préleveurs, sont mobilisés depuis 7 heures ce matin dans le local. "On n'a pas le choix, confie le docteur Jean-Michel Vialle, entre deux prélèvements. C'est un cas de force majeure. Hier, j'ai fini à minuit, et ce matin, on était sur le pont à la première heure. On s'est adaptés pour tenir des cadences très importantes. Ca s'apparente presque à de la biologie de guerre. On fait le maximum pour essayer de permettre aux gens de connaître leur situation par rapport au virus, et ainsi endiguer la vague. Sinon on va aller vers des situations très dommageables".
Course contre la montre
Stéphane, lui, s'est présenté ce matin, mais sans grand espoir. Il doute d'arriver à savoir s'il est positif ou non avant ce soir. "Ce n'est pas le premier test que je fais, et les résultats arrivent habituellement dans les 24 heures. Les fois précédentes, je les ai reçus rapidement, après dix ou douze heures. Mais cette fois, ça m'étonnerait qu'ils y arrivent, ça va être la panique avec tous ces gens".
Alors qu'il s'assoit sur le fauteuil et qu'il baisse son masque pour laisser passer l'écouvillon, Sonia*, qui va prélever l'échantillon nasopharyngé, le rassure. "Vous le recevrez à temps, ne vous inquiétez pas". Ce sera le cas pour l'immense majorité des personnes testées dans la matinée. Ils auront leur résultat à la mi-journée. Mais pour les suivants, ce sera plus aléatoire.
"Le problème, résume le docteur Vialle, c'est qu'on doit faire face à un goulet d'étranglement aux environs de midi. C'est là que nous parviennent tous les tests qui nous sont envoyés par les infirmiers libéraux, les médecins de village, et qui viennent se rajouter aux prélèvements qu'on a fait de notre côté".
Civisme
Il sera donc difficile de répondre à la demande dans les temps, mais Jean-Michel Vialle l'assure, tout sera fait pour y arriver. Le docteur salue le civisme et la discipline dont font preuve les patients. "Après près de deux ans de pandémie, ils ont l'habitude, malheureusement. Ils savent ce qu'ils faut faire, et se plient de bonne grâce aux procédures du laboratoire. Ca aussi, ça nous permet d'aller plus vite".
Jean-Michel Vialle marque une pause, jette un coup d'œil à la file d'attente qui s'étire, avenue de la Libération, avant de conclure : "Ce sens civique, on aimerait bien le retrouver au quotidien, dans le respect des gestes barrières... Si c'était le cas, nous n'en serions pas là, aujourd'hui".
*Le prénom a été modifié