Prime d'ancienneté, revalorisation salariale... Le STC, est bien décidé à se faire entendre par la direction de la franchise corse de Casino. Les négociations engagées sont en-deçà de ses attentes. Mais le groupe Codim2 ne semble pas prêt à lâcher du lest.
"Avec le couvre-feu, comme on fermait à 18 heures, on nous demandait d'être beaucoup plus disponibles, sur place, entre midi et deux. On a une vie de famille, notre vie ne tourne pas autour de Casino. J'ai trois enfants. Comment je fais, moi, pour les récupérer à l'école, les faire manger "?
Le témoignage de Geneviève n'est qu'un des nombreux exemples que les employés de Codim2 ont envie de mettre en avant, alors qu'ils sont réunis devant les locaux de la société, à quelques mètres du lycée de Montesoro, pour rencontrer la presse, ce jeudi 1er avril 2021.
Ils sont une cinquantaine, drapeau STC et tracts en main, à manifester leur exaspération. Ils demandent plus de considération à leur direction, ainsi que nous l'explique Raoul Linale, délégué STC au Géant Casino de Toga :
"Avec cette crise sanitaire, on est en première ligne depuis un an, les employés doivent venir parfois à 4, 5 heures du matin, on travaille la nuit. Les horaires sont constamment modifiés... La moindre des choses serait que le groupe Codim nous écoute, et prenne en compte nos demandes".
13 magasins, un millier de salariés
Le groupe Codim2, c'est la structure qui possède la franchise Casino en Corse. Un poids lourd de l'économie insulaire, avec treize magasins et plus de mille salariés. Et le syndicat nationaliste y est largement majoritaire (92 % aux élections professionnelles).
En ce moment, c'est la NAO, la négociation annuelle obligatoire. Les employées et les employés en attendaient beaucoup, sur les questions de la prime d'ancienneté, de la revalorisation des salaires, ou des tickets-resto... Et pour l'heure, c'est la déception.
On est en première ligne depuis un an.
"L'année dernière, par exemple, on nous avait donné une prime de 1.000 euros, complète Raoul Brignole. En raison de la crise sanitaire. Et cette année, elle n'est pas reconduite. On nous dit que la crise sanitaire n'est plus la même...Pourtant, on l'a tous vu, hier, Macron, à la télé ! On est encore dans le dur, le Covid est toujours là, plus que jamais..."
"Les discussions sont à l'arrêt, la direction ne veut pas négocier. Elle nous a fait une proposition, et c'est à prendre ou à laisser", confie Jean Brignole, le secrétaire général du STC.
Ultimatum
"Hier, ils ont repris contact avec nous. On pensait que l'on allait reprendre les négociations, mais c'était juste pour nous prévenir qu'ils ne bougeraient pas sur leurs positions, continue Jean Brignole. On n'est pas des marchands de tapis, nous. On veut de vraies mesures, et avec un effet rétroactif, à compter du 1er janvier dernier !"
Pour l'instant, pas de grève. "On leur donne jusqu'au 6 avril pour qu'on nous envoie des négociateurs valables, qui sont dans le constructif. Ils ont une fenêtre de tir, qu'ils la saisissent".
Si rien ne change du côté du groupe Codim2, le STC fait savoir qu'il réfléchira à d'autres actions pour faire entendre sa voix.
La direction campe sur ses positions
La direction du groupe, de son côté, ne cache pas sa surprise. Selon eux, "les négociations ont permis de répondre, point par point, avec un esprit de consensus, au regard des indicateurs économiques et humains, aux revendications salariales".
Codim2 assure que pendant les quatre réunions qui se sont déroulées autour de la Négociation Annuelle Obligatoire, "le dialogue social a été permanent avec l’ensemble des 3 organisations syndicales."
D'autant, selon le groupe, que "2/3 des propositions faites dans le cadre des NAO correspondent à des revendications formalisées par le STC. Il ne s’agit donc pas de propositions unilatérales".
Le dialogue social a été permanent.
34 mesures salariales et sociales auraient été proposées dans le cadre des NAO, dont une revalorisation des salaires de 1 %, des remises sur achats pour les salariés effectuant leurs achats dans les magasins Casino, ou encore un nouveau dispositif d'épargne salariale et la mise en place d'un fond de "solidarité - entraide - partage".
Le gorupe Codim2 conclut en affirmant qu'il souhaite "poursuivre un dialogue apaisé et constructif avec l’ensemble de ses partenaires sociaux", mais au vu de la teneur du communiqué de presse, on imagine mal que les négociations reprennent sur les bases souhaitées par le STC avant le 6 avril...