Le vice-président de la fédération corse du Parti Radical se présente dans la 1re circonscription de Haute-Corse, sous la bannière "Ensemble", nouvelle investiture de la majorité présidentielle.
En 2017, François Orlandi avait échoué aux portes du second tour des législatives sous la bannière "En Marche". Cinq ans plus tard, dans la 1re circonscription de Haute-Corse, Jean-François Paoli représentera les couleurs de "Ensemble" la nouvelle investiture de la majorité présidentielle. En juin prochain, le vice-président de la fédération corse du Parti Radical espère bien faire entendre d'autres voix que celles des nationalistes.
France 3 Corse ViaStella : Qu'est-ce qui a motivé votre candidature ?
Jean-François Paoli : Quand on fait de la politique depuis de nombreuses années et que l'on est toujours impliqué dans la vie de notre circonscription à Bastia et en Corse, je pense qu'au bout d'un moment, il faut savoir prendre ses responsabilités et s'engager. Une nouvelle mandature va s'ouvrir pour gouverner la France, elle aura besoin d'une majorité. Et la Corse a aussi besoin d'avoir sa place dans cette majorité.
Je pense aussi que la Corse a besoin d'entendre un autre chant que la voix des nationalistes. Effectivement, ils sont aux affaires mais pour autant, la démocratie est aussi synonyme de pluralité.
En 2017, François Orlandi a été un excellent candidat. Il n'est pas passez loin du deuxième tour. Aujourd'hui, je ne sais pas si c'est la continuité. En tout cas, nous avons une ligne politique très proche. Mais avant tout, j'ai souhaité me présenter à ces élections car lorsque l'on est engagé en politique, on se doit de défendre ses idées et ses convictions. Ces élections législatives sont le moment de le faire.
Si vous êtes élu, quelles seront vos principales actions en faveur de votre circonscription en tant que député ?
Si je suis élu, je vais veiller à ce que tous les besoins et les intérêts de la circonscription ainsi que la Corse, soient défendus à l'Assemblée et auprès de sa majorité. Je pense notamment aux discussions autour de l'évolution du statut de la Corse. Mais au-delà de ce débat-là, je souhaite porter trois principaux thèmes de campagne : la santé, la transition écologique et l'économie.
Au niveau du secteur de la santé, la Corse a besoin de moderniser son appareil hospitalier. Avec la crise sanitaire, beaucoup de choses ont été faites. Mais il reste beaucoup à faire. Dans notre circonscription par exemple, nous avons besoin d'une remise à niveau de l'hôpital de Bastia voire peut-être même de le transformer en Centre Hospitalier Universitaire (CHU). Il reste aussi beaucoup de déserts médicaux en Haute-Corse où il faut impérativement aller au plus près des populations. C'est le service public !
La transition écologique est un point fondamental car nous arrivons à un niveau d'urgence. Aujourd'hui, il faut aider non seulement les entreprises mais aussi les ménages à rentrer réellement dans cette démarche et à en avoir les moyens. Cela passe par toute une série d'aides. Par exemple, on peut difficilement avoir un bon niveau de pouvoir d'achat si l'on ne continue pas à lutter pour le plein emploi. Il faudra alors accompagner les entreprises, artisans et commerçants pour créer de l'emploi et ainsi améliorer le pouvoir d'achat. En faisant cela, il faudra être capable de répondre aux besoins énergétiques. Cela peut passer par la transition entre les énergies fossiles et nouvelles tout en ayant des coûts acceptables pour les entreprises et les ménages.
Il ne faut pas oublier l'économie ! C'est tout de même le secteur qui nous donne nos salaires, qui fait vivre une nation et une région. Pour cela, il faut être plus à l'écoute des besoins de nos plus gros employeurs comme les artisans, les commerçants ou encore les PME. Aujourd'hui, la fiscalité ou encore la formation sont des points importants sur lesquels nous devons défendre leurs intérêts.
Un cycle de discussions devrait s'amorcer entre le futur gouvernement et les élus de la Corse autour de la possibilité d'évoluer vers un statut d'autonomie. Quelle sera votre position sur cette question ?
Aucun tabou. On pourra discuter de tout. Il faudra échanger de façon claire et sereine pour dire réellement ce que l'on veut et ne pas se payer de mots. Personnellement, l'autonomie ne pose pas de problème en soi, si c'est être autonome à l'intérieur de la nation française. Si l'autonomie, c'est juste une étape intermédiaire à l'indépendance, je ne suis pas indépendantiste ! Je ne pense pas cela soit l'avenir de la Corse. Je ne souhaite pas que la Corse sorte de la France et qu'elle se pose demain la question d'une sortie de l'Europe. En revanche, la Corse comme toutes les régions de France a sûrement besoin de plus de responsabilités, plus de moyens pour gérer au mieux les affaires de ses concitoyens. Tous ces aspects sont importants. Ils font partie de l'évolution d'un pays.
Il faut remettre à plat le système pour savoir ce que l'on a, ce qui marche et ce qui ne marche pas. A partir de là, nous pourrons établir les choses dont nous avons besoin pour continuer à défendre nos intérêts. J'espère que le président de l'exécutif invitera tous les partis politiques représentés dans notre vie démocratique à participer à ce débat-là.
Vous avez choisi de demander l'investiture "Ensemble" de la majorité présidentielle. Pourquoi avoir fait ce choix et ne pas vous être penché plutôt vers la Nouvelle Union Politique Ecologique et Sociale de la gauche ?
Cette NUPES ne représente absolument pas notre conception de la société. La preuve en est que le Parti Radical après son congrès a choisi de soutenir Emmanuel Macron en décembre dernier. Il nous semblait qu'il était le candidat le plus à même de continuer les efforts et de continuer à amener la France dans une bonne trajectoire. Ces alliances faites à la va-vite, sur un coin de table pour essayer de se sauver, comme celle de la gauche, je n'y crois pas. Franchement, je ne suis même pas convaincu que ces accords dureront dans le temps. La politique est aussi une question de réflexion et non de mode. Le Parti Radical avait fait le choix d'intégrer la majorité présidentielle. Nous avons donc continuer à œuvrer dans ce sens-là. Il faut garder du sens, du courage et assumer ces choix.
Je suis très attaché au centre gauche puisque c'est là que j'ai fait mon entrée dans le monde politique. Je continue à être ce que je suis, un socio-démocrate. Aujourd'hui, il y a beaucoup de questions qui ne doivent plus raisonner de façon très binaire droite-gauche. Il y a des tas de sujets qui nous dépassent et qui sont au-delà de cette simple vision. Je pense que les partis politiques doivent savoir évoluer.
Si vous êtes élu député, quelle sera votre stratégie à l'Assemblée Nationale ?
Je pense être un homme libre et je le resterai. En conscience, je voterai en fonction de ce que je pense bien pour notre circonscription et la Corse. Nous verrons les groupes qui vont se constituer à l'Assemblée. S'il y a un groupe radical, j'y siègerai et intégrerai naturellement la majorité présidentielle. Quoiqu'il arrive, l'intérêt est de rester dans une majorité. Je n'ai aucun intérêt à dire à quitter "Ensemble". Cela n'a pas de sens et ce serait trahir les électeurs.