Paul-Felix Benedetti ne s'était plus présenté à Bastia depuis 2001. Candidat en mars prochain, à la tête de la liste Bastia in Fronte, il tentera de prendre le dessus dans les urnes sur l'autre parti indépendantiste, Corsica Libera.
En 2001, c'était à la tête du Rinnovu que Paul-Felix Benedetti avait mené campagne.
Aujourd'hui, c'est le nom de Core in Fronte qui s'étale sur les affiches.
De nouveau candidat, 19 ans après
Mais si le nom a changé, les idées restent les mêmes. Pour l'ingénieur hydraulique, pas question de lisser son discours pour paraître plus fréquentable.
Pour lui, c'est l'époque qui a changé, et les opinions des électrices et des électeurs.
Les idées que l'on porte sont comprises, de plus en plus
"Je pense que, vingt ans après, nos idées sont un peu plus ancrées dans la population. Elles sont plus acceptées. Ce qui passait à une époque pour des positions cassantes, extrêmes, s'impose aujourd'hui comme des évidences. Il semble que ce que l'on porte est compris de plus en plus. Aujourd'hui, on est en phase avec lui. Il semble qu'on apparaît comme une force de gouvernement, une force de proposition, une force construite et cohérente apte à affronter toutes les adversités de la vie politique et de la vie sociétale."
Indéniablement, le parti indépendantiste a le vent en poupe.
Les nationalistes sont au pouvoir depuis plusieurs années, à Bastia mais également à la Collectivité de Corse.
Core in Fronte, lui, est resté dans l'opposition, et compte bien en tirer profit.
Un duel indépendantiste ?
Pas de mandat, et donc pas de bilan à assumer. Core in Fronte pourrait récolter les voix des électeurs déçus.
Le duel des indépendantistes avec Corsica Libera, contraint d'aller seul aux municipales, après le refus d'Inseme de faire front commun, devrait en dire long à ce sujet.
Je propose d'être le maire de Bastia, et je me battrai pour y arriver
Même si Paul-Felix Benedetti affirme ne pas voir les choses comme cela.
"Je sens un scrutin difficile, je sens que la liste Core in fronte repond a une attente. Il semble que l'on soit porté par un courant politique qui nous est favorable. Mais aujourd'hui je ne suis dans aucun match. Je propose à Bastia une nouvelle équipe, je leur propose d'être le maire de Bastia, et je me battrai pour y arriver."
Alors ses attaques, il les réserve pour l'heure à la municipalité en place.
"L'idée, c'est d'avoir une vision programmatique générale, pas de faire de la gestion quotidienne. Pour cela il y a une administration, et d'ailleurs à Bastia elle est très compétente.
Un maire, et une équipe municipale, doivent faire de la politique, et ce n'est pas le cas aujourd'hui. Bastia a besoin de redonner confiance à ses habitants, à ses commerçants, il doit redynamiser et redonner la ville ce rôle de phare qu'elle a toujours eu, en terme d'économie et en terme de vie culturelle."
Le stationnement et le port, deux dossiers emblématiques
Deux dossiers, pour le leader de Core in Fronte, l'illustrent.Le premier, celui du stationnement, une question récurrente à Bastia, depuis de longues années, comme nous l'expliquent Pierrick Nannini et François-Albert Bernardi :
Pour le candidat indépendantiste, "il y a une absence de projet structurant. Le parking Gaudin est en train d'être construit, mais c'est un projet d'il y a dix ans lancé par l'équipe Zuccarelli. Aujourd'hui l'équipe qui va arriver aux manettes n'aura aucun projet dans les cartons. On est dans l'incantation, dans le factuel. Il n'y a rien. Bastia manque de mille places et il n'y a aucune vision cohérente. On subit juste vision coercitive, avec des amendes qui ont été mulitplié par 4 en 6 ans, la réalité est là, on est passé de 300.000 euros à plus d'un million d'euros. La première chose qu'a fait la municipalité c'est de créér une fourrière en régie privée et aujourd'hui on enlève plus de voitures à Bastia qu'on en enlève à Nice..."
Bastia a besoin de redonner confiance à ses habitants
Même chose pour le projet du nouveau port de commerce de Bastia, qui hante les discussions du conseil municipal depuis près de 20 ans. Et au-delà. "Le nouveau port ce n'est pas un projet municipal, c'est le projet de la Corse. C'est le projet de la collectivité de Corse. Bastia ne veut pas continuer à subir tous les inconvénients d'être le débarcadère de la Corse, et de voir son économie asphyxiée par cet état de fait. Ce matin 100 remorques ont débarqué, et on a mis une heure et demi pour sortir de la ville".
Pas d'alliance nationaliste en vue
Le message est clair, la majorité nationaliste aux affaires à Bastia à failli, pour Paul-Felix Benedetti.Et elle ne pourra pas compter sur le soutien de Core in Fronte. A moins de donner des gages de bonne volonté...
"Si la municipalité acutelle est en danger elle l'aura bien cherché. Il faudra qu'elle se remette en question y compris dans ses stratégies d'alliance, et on verra ce qu'il adviendra plus tard. Pour le moment nous sommes dans une logique de continuation politique du sillon que l'on a tracé. Et c'est un sillon politique, pas une soupe électorale. Dans ces conditions on restera égaux à nous-même, et on se maintiendra au second tour."
Retrouvez l'intégralité de l'entretien que Paul-Felix Benedetti a accordé à Laurent Vincensini :
Le premier tour des municipales aura lieu le 15 mars prochain.