Ce lundi 18 novembre, François Rebsamen, 73 ans, annonce quitter ses fonctions de maire de Dijon, un poste qu'il occupe depuis 2001. Depuis cette date, ses différents mandats ont été marqués par une transformation en profondeur de la cité des Ducs.
Le XXIe siècle n'a pratiquement connu que lui à la mairie de Dijon. Après plus de 22 ans en tant que maire de la capitale bourguignonne, François Rebsamen annonce ce lundi 18 novembre qu'il quitte son poste, tout en restant à la tête de la métropole du Grand Dijon.
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Premier maire de gauche de la cité des Ducs depuis les années 30, François Rebsamen aura, pendant son mandat, modernisé une ville quelque peu endormie à l'aube du nouveau millénaire. D'importants travaux d'urbanisme, marqués par le retour du tram en 2012, ainsi que l'inauguration de la Cité de la gastronomie et du vin, ont permis à la ville de gagner en attractivité. Retour en 12 dates sur plus de 20 ans de mandat.
18 juin 1995 : Une deuxième candidature sans succès
Déjà candidat malheureux en 1989, François Rebsamen, président du groupe socialiste au conseil municipal depuis six ans, se présente face à Robert Poujade, indéboulonnable à la mairie de Dijon depuis 1971. Habitué à être élu au premier tour depuis toujours, le maire RPR est emmené au second tour par ses adversaires, dont François Rebsamen.
Ce dernier récolte un quart des votes au premier tour, mais s'inclinera au second tour derrière Robert Poujade, élu pour un sixième et dernier mandat.
18 mars 2001 : Et Dijon passe à gauche
Après deux échecs, François Rebsamen fait face au successeur annoncé de Robert Poujade, Jean-François Bazin, ancien président du Conseil départemental de Bourgogne. Ce dernier, promis à la victoire, fait pourtant les frais du dernier mandat de Poujade, très calme, face à la jeunesse et au dynamisme incarnés par Rebsamen.
Dans une ville ancrée à droite depuis des décennies, le socialiste surprend son monde et accède à la mairie de la ville qui l'a vu naître il y a 50 ans. Il est élu au second tour devant Jean-François Bazin avec 52,1 % des voix.
Le 9 mars 2008, François Rebsamen rempile pour un second mandat en remportant, dès le premier tour, les élections municipales devant le candidat de la droite François-Xavier Dugourd, avec 56,2 % des voix. Un plébiscite à la Poujade qui lui permet de lancer rapidement son plus grand projet...
1ᵉʳ septembre 2012 : Le tram arrive à Dijon
Depuis son arrivée à la mairie en 2001, François Rebsamen veut réinventer les transports à Dijon. Des études de faisabilité sont lancées et deux mois après sa réélection, le projet d'un tramway est voté par le Grand Dijon.
Après quatre ans de travaux à Dijon, Chenôve et Quetigny, le tramway fait son grand retour dans la capitale bourguignonne, 60 ans après sa disparition.
2012 : le début de la piétonisation
En septembre 2012 commence la transformation en profondeur du coeur historique de Dijon. La rue de la Liberté, artère principale du centre-ville où circulent 800 bus par jour, est piétonisée pour compléter l'arrivée du tramway. À l'époque, l'annonce ne fait pas que des heureux. De nombreux commerçants craignent de perdre une partie de leur clientèle ; certains Dijonnais se plaignent de ne plus pouvoir accéder aussi facilement qu'avant au centre-ville.
En parallèle, la place de la République est aussi piétonisée. D'un immense parking, elle passe à une place totalement piétonne, noeud de jonction des deux tramways. La place de la Libération, aussi, est entièrement rendue aux piétons - attirant au passage des critiques sur l'aspect trop minéral de la place, en pierre de Bourgogne et dénuée de toute végétation.
Dans les années qui suivent, les travaux du centre-ville se poursuivent. Dernier chantier en date : la transformation de la place Bossuet, où sont installés des bancs et des arbres en lieu et place des stationnements pour voiture. Les travaux d'aménagement révèleront des vestiges antiques, qui susciteront la curiosité des Dijonnais pendant plusieurs semaines.
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2 avril 2014 : Nomination au ministère du Travail
Élu président du groupe socialiste au Sénat en 2011, François Rebsamen se voit confier une nouvelle fonction à l'échelle nationale. Sous la présidence de François Hollande, le nouveau Premier ministre Manuel Valls nomme le maire dijonnais au ministère du Travail. François Rebsamen occupe son premier poste au gouvernement et hérite d'un ministère délicat alors que le taux de chômage dépasse les 10 %.
En raison du non-cumul des mandats, son premier adjoint Alain Millot prend les commandes de la mairie de Dijon.
10 août 2015 : Retour à la mairie
Le 27 juillet 2015, Alain Millot décède des suites d’un cancer à 63 ans. Son décès bouleverse les plans du nouveau ministre et François Rebsamen décide de retourner en Bourgogne, pour reprendre ses fonctions de maire. Dans l'été, il présente sa démission au gouvernement après une année délicate où il n'aura pas réussi à réduire le chômage dans le pays.
Un an plus tard, il refusera le ministère de l’Intérieur dans le nouveau gouvernement de Bernard Cazeneuve, en expliquant vouloir se consacrer à la mairie de Dijon.
17 mai 2019 : La rénovation du musée des Beaux-Arts est achevée
Il en parlera comme le “plus grand chantier culturel de Bourgogne Franche-Comté de ces 20 dernières années”. Le 17 mai 2019, le musée des Beaux-arts de Dijon est entièrement rénové. L’aboutissement de trois mandats, le projet de rénovation étant né en 2001.
“Quand je me suis lancé dans ces travaux d’Hercule, je ne pensais pas que cela prendrait 18 ans et ça m’amène à une réflexion sur le temps qui passe.”
François RebsamenEn mai 2019
Les travaux se sont déroulés en deux temps. La première phase s’est achevée en 2013 avec la rénovation de 14 salles. La deuxième étape des travaux consistait majoritairement en la rénovation de 50 salles d’exposition.
10 avril 2018 : Annonce de son cancer et mise en retrait
C’est dans un communiqué que le maire de Dijon annonce la nouvelle. François Rebsamen est atteint d’un cancer et ne peut plus tenir son rôle d’élu. Il délègue ses fonctions le temps de ses traitements médicaux à Nathalie Koenders pour la ville et à Pierre Pribetich pour la métropole.
“Chacun le sait, j’ai toujours refusé d’exposer ma vie privée. Je le fais aujourd’hui par souci de transparence et devoir de vérité, envers mes équipes, municipale et métropolitaine, et envers les Dijonnaises et Dijonnais. À compter de ce jour, je ne m’exprimerai plus sur ma santé. Je demande à tous de respecter ce silence. Ce sera la meilleure façon de m’accompagner dans ma guérison", avait-il déclaré.
Il fait son retour sur la scène politique quatre mois plus tard, assurant que les traitements ont été efficaces et être en état pour reprendre ses activités.
6 mai 2022 : La Cité de la gastronomie voit le jour
C’est la fin d’un long projet, initié en 2013. Dijon est alors retenue avec Rungis et Tours pour former le réseau des “Cités de la gastronomie”. Après deux ans de travaux, la Cité de la gastronomie et du vin est inaugurée en grande pompe en mai 2022.
Une consécration pour François Rebsamen, qui s’est battu pour accueillir à Dijon cet espace entièrement consacré à la gastronomie française et au vin. Le coût de l'ensemble du projet est estimé à 250 millions d’euros.
23 février 2023 : Il ne se représentera pas
Lors d’une réunion publique jeudi 23 février 2023, François Rebsamen annonce qu’il ne représentera pas à l’issue de son troisième mandat. Une révélation importante dans le paysage politique local, alors que François Rebsamen dirige la ville de Dijon depuis plus de 20 ans.
4 juillet 2024 : Le retour du Tour de France
Pour la première fois depuis 1997, la cité des Ducs accueille une arrivée du Tour de France. Au total, Dijon a vu passer la Grande boucle à 28 reprises, 14 fois en tant que ville d'arrivée, 12 fois en tant que ville de départ.
“Nous attendions son retour depuis plus d’un quart de siècle à Dijon”, avoue alors François Rebsamen.
12 octobre 2024 : L'OIV à Dijon, le dernier chapitre
Il ne l’avait dit à personne, mais c’était son dernier grand projet. Le 12 octobre 2024, l’Organisation internationale de la vigne et du vin (OIV) inaugure son nouveau siège à l’hôtel Bouchu d’Esterno, au cœur du centre historique de Dijon.
L’OIV gère la réglementation autour du vin. Elle agit principalement sur trois points : la technique, la sécurité et la santé. Voir son siège à Dijon, c’est la concrétisation d’un projet dont François Rebsamen a rêvé. "C’est l’ONU du vin qui s’installe. C’est la capitale mondiale des vins.”