Sébastien Rialland est l’un des cinq pêcheurs palangriers corses à avoir l’autorisation de pêcher le thon rouge en Méditerranée. C’est aussi le seul à s’être lancé dans la transformation de sa pêche, en créant sa propre conserverie, au sud de Bastia (Haute-Corse).

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Ils sont cinq palangriers en Corse à détenir la fameuse AEP (Autorisation Européenne de Pêche) qui les autorise à prélever le thon rouge en Méditerranée. Une pêche réglementée par l’Union européenne qui fixe un quota pour préserver l’espèce selon la technique et le type de bateau, pour chaque pêcheur. 

La pêche du thon à la palangre est un exercice long et exigeant qui nécessite d’attraper d’abord des appâts vivants. A bord de Pepe, son bateau de 10 m, c’est de nuit, "comme les anciens", que Sébastien Rialland, 33 ans, dont déjà 12 passés à son propre compte, sort avec son matelot, Lucas Granger, 20 ans, pour une pêche au lamparo.
 

Des heures de pêche, nuit et jour

Au large de la Marana, une petite barque est mouillée, dont les projecteurs éclairent les fonds. "C’est comme les moustiques, les poissons sont attirés par la lumière", explique le pêcheur. Vient ensuite la pêche à la senne, un filet de 300 m déployé pour encercler le poisson. Au final, 200 kg à 1 tonne de petits pélagiques sont capturés. Ils seront conservés vivants dans une cage immergée.

Ces "vifs" serviront à monter les lignes de palangre : 500 hameçons et autant d’appâts, distants chacun d’une trentaine de mètres, l’ensemble marqué par des flotteurs. Jusqu'à 18 km de lignes dormantes sont ainsi immergées entre 0 et 50 m de fond, la zone de chasse du thon.

Tous les jours, nos deux pêcheurs viendront vérifier leur palangre, avec le même rythme. Le lendemain de la pose pour la longer et relever les hameçons "qui ont sondé"; le surlendemain pour la relever complètement, les appâts ne restant pas vivants plus de 48 heures; puis ressortir le même jour pour filer une nouvelle palangre.

"Le plus dur c’est de trouver le passage du thon en début de saison", explique Sébastien Rialland. Une fois que tu l’as trouvé, on peut taper dedans, il y aura toujours du thon."

En ce début de printemps, le passage des thons n'est pas là. La pêche du jour se résume à quatre spécimens "de taille moyenne" : 1,40 m tout de même et une quarantaine de kilos par thon...

La pêche au thon rouge de Méditerranée est autorisée de mars à décembre. Les thons descendent à partir d'avril-mai vers leurs zones de reproduction, au sud de la Sardaigne et vers les Îles Baléares, avant de remonter après l'été. Là-bas, ils sont à la merci des gros senneurs sardes, espagnols ou français qui feront une orgie de thons, plusieurs centaines de tonnes pêchés, en pleine reproduction, bien loin du 3,5 tonnes des pêcheurs corses.
 

De la pêche à la transformation

Ce quota imposé par l'Europe ne permet pas aux pêcheurs de thon rouge de vivre de la ressource. Alors pour ne pas se mettre hors-la-loi, respecter son quota de 3,559 tonnes par an et pour équilibrer les comptes, Sébastien Rialland a décidé de valoriser sa pêche.

"Je vends 10€/kg le thon entier, sachant qu’il y a 60% de perte sur un poisson, cela revient à 20-25€ le kg. Transformé, je pourrais le vendre 80 à 90€ kg. C’est comme si je pêchais 4 fois plus, je gagne mieux ma vie et je préserve la ressource en restant dans le quota."

Le pêcheur a investi 300 000 euros, avec l’aide de subventions, pour créer sa propre conserverie à Furiani, en 2017. Tout a été pensé. Une marque “Mare & Gustu”, un packaging développé par un graphiste bastiais, et des recettes 100% corses, imaginées par un chef étoilé, Yann Scavarec. Fromages, huile d'olives, charcuterie, fruits, condiments, tous les produits sont rigoureusement sélectionnés auprès de petits producteurs locaux, en Haute-Corse.

A la sortie une conserve haut-de-gamme comme du “Thon Rouge confit à l’huile d’olive, poivrons et figatellu”, ou des “Rillettes de Thon Rouge, Brocciu et Myrte”…
 

Les recettes au thon rouge “Mare & Gustu” ont été présentées pour la première fois lors du salon Art'è Gustu, à Aléria. La commercialisation des produits doit débuter en septembre, en épicerie fine et poissonnerie. Et le petit pêcheur voit grand. 

"Bien sûr qu’il y aura la Corse, à Bastia, Ajaccio ou Porto-Vecchio. Mais le but est d’avoir un point de distribution dans chaque grande ville", explique Sébastien Rialland. "J'ai déjà deux distributeurs à Marseille, un à Paris et bien tôt à Lyon."

Et quant à savoir si le projet commercial va fonctionner, le jeune pêcheur en est convaincu : "On ne trouve pas de thon rouge en conserve ou alors en conserve à l’huile. Mais aucune recette élaborée."

Sébastien Rialland compte valoriser la totalité de son quota sous sa marque, soit 10 000 conserves produites chaque année.

 
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