Depuis le 21 août, la baignade est strictement interdite sur toute une partie du fleuve de Prunelli di Fium'orbu. En cause, des quantités importantes de matières fécales enregistrées dans les eaux du fleuves, qui pourraient porter atteinte à l'environnement, comme aux baigneurs.
Des eaux noirâtres et une odeur nauséabonde. Tels ont été les éléments qui ont décidé la commune de Prunelli à interdire la baignade dans les rives du fleuve du Fium’orbu, le 21 août.
« On avait reçu des signalements nombreux de personnes qui fréquentaient les sites, raconte André Rocchi, maire de Prunelli. À partir du moment où il y avait un doute, on a immédiatement fait interdire la baignade. »
Des analyses sont commandées dans la foulée. Et les résultats ont confirmé les craintes :
« Quelle n’a pas été notre surprise de découvrir qu’une flore fécale en quantité très importante était en fait la présence bactérienne majeure de ce fleuve. »
Quantités gigantesques
Les taux sont impressionnants : par endroits, ils atteignent même 53 000 fois le seuil maximum autorisé.
Mais d’où alors, proviennent donc ces énormes quantités de matières fécales, et comment se sont-elles retrouvées dans les eaux du fleuve de Fium’orbu ?
La commune a mené l'enquête. Et, détail intéressant, en remontant le fleuve pour déterminer les endroits du fleuve les plus contaminés, elle a constaté que ces derniers se trouvaient près d'un site spécialisé dans le traitement des eaux usées.
Particularité également soulevée par des analyses, qui démontrent que le taux le plus élevé de matières fécales enregistrée se situe au niveau du site de la station d'épuration qui traite les eaux usées de Prunelli et de Ghisonaccia.
Dysfonctionnement
Il est évident qu’une présence aussi massive de matières fécales ne peut venir que d’un endroit qui concentre les flores fécales
Y-a-t-il donc eu ou non un dysfonctionnement de cette unité de traitement ? C’est en tout cas ce que semble penser André Rocchi, le maire de Prunelli.
« Il est évident qu’une présence aussi massive de matières fécales ne peut venir que d’un endroit qui concentre les flores fécales… »
La commune de Ghisonaccia et le gestionnaire du site ont décidé de creuser cette piste, et ont demandé des analyses complémentaires.
Danger sanitaire
Un fleuve dans lequel pullule des masses d’excréments, l’information peut faire sourire.
Ce n’est de plus pas la première fois cet été que des quantités importantes de matières fécales sont enregistrées en Corse : début août, une suspicion de nappe d’hydrocarbure au large des côtes du cap Corse avait finalement été identifiée comme un groupement d’eaux noires, vraisemblablement rejetée sans autorisation par un bateau de croisière.
Sauf que dans les deux cas, le danger sanitaire est bien réel. Car dans ces matières fécales se trouve une bactérie : l’escherichia coli.
« Le problème de l’escherichia coli c’est que c’est un germe banal, dont nous sommes tous porteurs, explique Antoine Grisoni, président de l'union régionale des professions de santé. Mais dans certaines situations, il devient très dangereux. »
Si on ne fait rien, on a une bombe à retardement dans le Fium’orbu
Comme c’est le cas ici, pour le fleuve de Fium’orbu, le germe étant présent dans « des quantités gigantesques ».
« Avec le réchauffement climatique, la pression touristique, et toutes les séries d’événement qui se passent en ce moment, si on ne fait rien, on a une bombe à retardement dans le Fium’orbu. »
La commune entend maintenant appliquer dans l’immédiat des mesures pour « sécuriser la population, et nettoyer dans la mesure du possible » le fleuve.
Mais sur un temps plus long, le maire de Prunelli invite à la réflexion pour améliorer la rentabilité et la sécurité des installations d’eaux usées, qu’il estime n’être « plus en phase avec les besoins de la commune ».
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