Si la Corse fait partie des bons élèves en France, avec un taux d'incidence deux fois inférieur à la moyenne nationale, le nombre de cas de contamination repart à la hausse sur l'île depuis plusieurs semaines. Une situation qui invite à la prudence selon l'agence régionale de santé.
La directrice de l'agence régionale de santé de Corse, Marie-Hélène Lecenne, organisait ce mercredi 27 janvier un point presse, durant lequel elle est revenue sur l'actuelle situation pandémique en Corse, les effets "limités" du couvre-feu, et la stratégie vaccinale insulaire.
Taux d'incidence en deça de la moyenne nationale, mais en hausse continue
Le taux d'incidence - c'est à dire le nombre de cas enregistrés sur les sept derniers jours rapporté à 100.000 habitants - en Corse est deux fois en deça de la moyenne nationale. Sur la dernière semaine glissante (17 au 23 janvier), l'île de beauté enregistre ainsi presque 100 cas postifs pour 100.000 habitants, contre 210 pour 100.000 pour la moyenne nationale.
Mais si la Corse fait à ce jour partie des bons élèves, la plus grande prudence reste de mise, estime Marie-Hélène Lecenne. "Quand on suit les courbes de contamination, on voit que la Corse suit la même évolution défavorable" vis-à-vis des cas de contamination dépistés de Covid-19.
Le taux d'incidence sur l'île a ainsi triplé en un mois : sur la semaine glissante du 17 au 23 décembre 2020, il n'était, selon Geodes, que de 32,8 pour 100.000 habitants.
"Certaines régions qui partaient comme nous de taux d'incidences et de positivité très faibles sont entrain d'exploser les indicateurs", prévient la directrice de l'Agence régionale de santé.
Circulation plus active en Haute-Corse qu'en Corse-du-Sud
Détail intéressant, l'évolution de la pandémie sur l'île n'est pas homogène : on enregistre depuis plusieurs semaines une circulation plus active en Haute-Corse qu'en Corse-du-Sud.
Sur la dernière semaine, la Haute-Corse compte ainsi 132 cas pour 100.000 habitants, et un taux de positivité - c'est à dire le nombre de tests positifs sur le nombre de tests réalisés sur une période donnée - de 3.4%. En Corse-du-Sud, ces taux sont deux fois plus faibles : 65 cas de contamination pour 100.000 habitants, et 1.7% des dépistages revenus positifs.
"Une grande partie de cette circulation plus active en Haute-Corse est expliquée par les clusters qui y ont été détectés", précise Marie-Hélène Lecenne. Trois clusters ont ainsi été relevés au centre hospitalier de Bastia, un dans une unité de soins de suite et de réadaptation, et un dans un Ehpad.
Une grande partie de cette circulation plus active en Haute-Corse est expliquée par les clusters qui y ont été détectés.
"Cela concerne essentiellement des personnes âgées", et donc plus à même de développer des formes graves de la maladie.
Dans chacun des cas, la directrice de l'agence régionale de santé appelle à la prudence quant à l'origine supposée des clusters : "C'est un phénomène qui se constate sur la France toute entière, et quand on réalise des tests de dépistage, on constate que la proportion de professionnels de santé positifs est très faible. Les professionnels de santé concernés par ces clusters ont aussi le sentiment d'une grande rapidité de diffusion de la maladie."
D'où l'importance, glisse-t-elle de ne pas "faire de racourcis" : "cela ne veut donc pas dire que les normes sanitaires dans ces établissements n'ont pas été respectées".
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— ARS.CORSE (@ARSCORSE1) January 27, 2021
Impact "limité" du couvre-feu à 18h
Une étude nationale visant à établir l'impact du couvre-feu à 18h sur l'évolution de la pandémie en France est attendue dans les prochains jours. Si la directrice de l'ARS invite à patienter la publication de cette dernière avant de tirer des conclusions, elle admet que l'actuelle évolution de la maladie "qui se dégrade tendrait à montrer que l'effet du couvre-feu est limité".
"L'étude nationale sera sans doute plus éclairante", tempère-t-elle. Mais les courbes des dernières semaines ne vont pas dans le sens espéré. "On peut aussi se dire - c'est une possibilité - que le couvre-feu nous a permis de maintenir un écart important en Corse en terme d'incidence avec la moyenne nationale."
Autre hypothèse avancée : l'obligation de réaliser un test de dépistage avant tout déplacement entre le continent et la Corse. Sans ces mesures, "la distance en terme d'incidence n'aurait peut-être pas été maintenue".
"Montée en charge" de la vaccination à partir du 1er mars
Les laboratoires Pfizer et BioNTech ont averti d'une diminution des rythmes d'approvisionnement initiallement annoncés de leur vaccin en France. "Il n'y aura pas d'impact en Corse", assure Marie-Hélène Lecenne.
Du 18 janvier au 22 février, l'île a été approvisionnée de 3200 doses par semaines. "Et quand on compte la sixième dose [les doses de vaccins Pfizer-BioNTech sont conservées dans des flacons commercialisés pour cinq doses, mais qui contiennent suffisament de solution pour en tirer une sixième, ndlr], cela fait 4680 vaccins possibles par semaine", souligne-t-elle.
Une rythme amené à augmenter de façon conséquente le prochain mois : "à partir du 1er mars, l'approvisionnement va augmenter de 23%". Ce sont donc 7000 doses qui seront livrées par semaine. "On va monter en charge au fur et à mesure que la production de Pfizer augmente aussi."
On va monter en charge au fur et à mesure que la production de Pfizer augmente aussi.
Reste que les livraisons des dites doses se font parfois à la dernière minute, complexifiant la gestion de ces dernières : "les doses de cette semaines étaient prévues pour arriver hier [mardi 26 janvier]. On a su une heure avant l'atterissage qu'elles arriveraient finalement ce matin [mercredi 27 janvier]."
"Ce n'est pas toujours évident, nous sommes à flux tendus et nous sommes dans un ajustement jour après jour. Nous devons aussi bien contrôler le respect de la chaîne du froid tout au long des étapes, cela touche directement à la sécurité de l'acte vaccinal, donc c'est très important pour nous de la garantir."
Autre difficulté pour les autorités sanitaires : la prise en compte de la seconde dose vaccinale dans la gestion des stocks. Celle-ci doit ainsi s'effectuer dans les trois semaines qui succèdent la première injection. "Les secondes injections ont déjà démarrés pour les premiers vaccinés de l'île, se félicite Marie-Hélène Lecenne. Et dans les semaines qui viennent cela devrait encore augmenter."
Inutile de se rendre en centre de vaccination sans rendez-vous
Treize centres de vaccinations sont à ce jour en place en Corse. Au 27 janvier, la vaccination reste réservée aux professionnels de santé de plus de 50 ans, aux personnes âgées de plus de 75 ans, et à celles qui souffrent de pathologie qui les exposent à un très haut risque face à la Covid-19.
Les personnes éligibles peuvent, si elles le souhaitent, prendre rendez-vous dans le centre de vaccination le plus proche de chez elles. Cela soit au moyen d'une ligne téléphonique spécialement créée : 0800 009 110, soit sur le site internet Sante.fr, ou en contactant directement le centre de vaccination.
Inutile, cependant, de se rendre directement au centre de vaccination sans rendez-vous, en espérant voir un créneau se libérer : "le programme est calibrée en avance, et les populations se mettent juste quelque part en danger en faisant la queue. Il est nécessaire de prendre un rendez-vous au préalable."