Depuis 60 ans Hubert Tempête est le roi de la chanson macagna en Corse. Jeudi 29 et vendredi 30 novembre, il se produira sur scène au théâtre de Biguglia pour deux soirées anniversaire. Portrait d'un artiste qui a marqué la société insulaire.
C'est le quartier du vieux port qui a forgé son âme d'artiste, Hubert Tempête y est né et ne l'a jamais quitté.
Fils d’Albert Barbaggio, pécheur bastiais, Hubert aime raconter comment lui est venu ce surnom de « Tempête ».
« Mon père m’avait proposé de venir faire du bois avec lui pour passer l’hiver, j’avais 11 ans à peine…. Mais après une journée travail j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi… Le soir mon père est venu et m’a dit : "dumane partimu à 4ore". J'ai répondu non demain il y a la tempête et je me suis mis à crier par la fenêtre : tempête ! tempête ! en levant les bras au ciel !
Tout le quartier se demandait ce qui se passait, et le lendemain la tempête arrivait et c’est comme ça qu’on m’a appelé Tempête ».
Le roi de la macagna
Vitrier dès l’âge de 14 ans puis facteur le jour, chanteur le soir Tempête est vite devenu le roi de la macagna.
«Pour passer le temps, pour le plaisir » il enchaîne ses journées dans différents établissements qui resteront pendant des années des institutions comme le célèbre Ranch Mangano de 1973 à 1979.
« Mes beaux-parents m’avaient laissé le Ranch Mangano, mais moi je n’y comprenais rien, je n’avais même pas assez de sous pour faire le fond de caisse, j’ai ouvert à 21 heures et à 22 heures je n’avais plus rien à boire !»
Déstabilisé par le monde qui afflue dans son établissent Tempête descendra au Rataghju, chez le chansonnier Tintin Pasqualini, qui lui apportera son aide.
«Il m’a vu arriver, il pensait que j’avais déjà fermé ! Il m’a dit : allez veni carchemu a vittura di buttiglie... et j’ai commencé comme ça après j’ai été plus sérieux ! » dit-il avec malice.
Mais devenir artiste et y consacrer 60 ans de sa vie fut d'abord un combat loin d'être gagné.
« J’ai participé à un concours quand j’étais adolescent, je chantais des chansons de l’époque et j’ai eu une extinction de voix, presque 3000 personnes m’ont sifflé sur la place Saint Nicolas, alors je leur ai dit fischjate puru viderete...c’est là que j’ai eu la rage et que j’ai voulu devenir internationalement connu en Corse ».
Relève assurée
Bercé dès le plus jeunes âge par les macagne d'Hubert Tempête, José Oliva a repris avec son groupe I Mantini plusieurs textes de l'artiste.
Pour les Mantini, Hubert Tempête est plus qu’un mentor c’est « le père spirituel et nous sommes ses enfants !».
Il sont en charge d’organiser les deux soirées en hommage aux 60 ans de carrière d’Hubert avec beaucoup d'artistes « le vendredi s’est rempli alors même que nous n’avions pas mis une seule affiche ! Du coup nous avons décidé de faire la soirée du jeudi et l’espace Charles Rocchi à Biguglia, c’est un bel hommage que rend le public à Hubert, c’est un beau cadeau ! », affirme Daniel Vincensini d'i Mantini.
A presque 80 ans, au comptoir de son restaurant ou sur scène, Tempête ne faiblit pas.
Avec ses classiques comme A merria, où vas-tu Bastia ?... Il a suivi d’un oeil avisé la vie de la société corse.