Handi-Corsica : "En Corse, il y a près de 30.000 personnes handicapées, et 5.000 victimes d'un handicap lourd..."

Pierre-Louis Alessandri est le représentant de l'APF France Handicap pour la Corse. A l'occasion de la troisième journée Handi-Corsica, nous avons voulu faire le point de la situation avec lui, en Corse et ailleurs.

Une cinquantaine de stands sont réunis sur le boulodrome de Lupinu, et dès 9h30, les allées se remplissent de gens. C'est la troisième édition de Handi-Corsica, une manifestation qui se déroule alternativement à Ajaccio et à Bastia, comme c'est le cas cette année. L’APF France-Handicap est l'un des socles de cette démarche. 

ENTRETIEN

Quel est le but de Handi-Corsica ?
C'est faire se rencontrer tous les acteurs qui interviennent dans le domaine du handicap en Corse. Les associations, les médico-sociaux, les praticiens, les fournisseurs, ont répondu présent. Mais cette manifestation est avant tout à destination de celles et ceux qui sont en situation de handicap; afin de leur permettre de découvrir les dernières améliorations dans le domaine du matériel, des soins, mais également de prendre connaissance des dernières dispositions légales, qui évoluent très rapidement.

Combien de personnes sont en situation de handicap, aujourd'hui, en Corse ? 
C'est très difficile de répondre à cette question, tout simplement car il est difficile d'avoir les chiffres. Même si l'on associe le handicap aux personnes en fauteuil, par c'est une illustration symbolique, qui parle immédiatement, la grande majorité des handicaps sont invisibles. La dernière étude, qui date d'il y a trois ou quatre ans, au moins, faisait état d'un total, tous handicaps confondus, de 30.000 personnes. Le nombre de handicapés lourds, tétraplégiques, polyhandicapés, est moindre, mais il s'élève néanmoins à près de 5.000 personnes. 

Vous êtes engagé dans ce combat depuis près de 25 ans. Avez-vous vu une évolution positive ?
La loi du 11 février 2005 a changé beaucoup de choses. C'est, de moins point de vue, l'une des lois les plus progressistes de la Ve République en ce qui concerne le handicap. Elle a validé ce qui était possible depuis toujours, le droit à compensation. Jusque-là, cette compensation se faisait en fonction de tout un tas de critères. Aujourd'hui, les handicapés qui sont dans un état de dépendance bénéficient tous de ce droit.

Les gouvernements, de droite comme de gauche, s'évertuent à détricoter la loi de 2005, l'une des plus importantes pour le handicap

Mais le chemin est encore long...
Il reste beaucoup à faire, c'est vrai. D'ailleurs, dès que cette loi a été votée, les gouvernements, de droite comme de gauche, se sont évertués à la détricoter. Il faut être en permanence vigilant, dans le domaine du handicap. Plus récemment, on l'a vu avec le financement des fauteuils, qu'avait annoncé Emmanuel Macron il y a quelques années. Dans les faits, c'est plus compliqué. Ils ont fixé un prix limite, totalement déconnecté de la réalité de la prestation. Les fauteuils sont loin d'être complètement remboursés... Dans le domaine de l'accessibilité, c'est pareil. La loi de 2005 prévoit que tous les établissements recevant du public doivent être accessibles, mais les lobbies sont parvenus à faire repousser de plusieurs années cette disposition, et elle n'est pas encore effective aujourd'hui.

En corse, comment ça se passe ?
Il y a une écoute indéniable de la part des collectivités locales. Mais parfois, la concrétisation traîne des pieds...

Vous avez des exemples ? 
Ils ne manquent pas. On est sur une île touristique. Mais si vous débarquez en fauteuil à l'aéroport de Bastia, et que vous n'avez pas de voiture, vous ne pouvez pas prendre l'autobus, il n'est pas adapté. Et en plus, il ne s'arrête qu'à la préfecture, et ne dessert pas la ville... Et ce bus, c'est une délégation de service public !
Pareil pour le port de commerce. Il n'y a carrément pas de desserte de bus du hall d'embarquement. Comment on fait quand on est en fauteuil, pour y accéder ?
Je pourrais aussi parler de la desserte de l'hôpital de Bastia. Si vous arrivez à monter dans le bus, vous arrivez dans le rond-point en bas de l'hôpital, et vous avez toute une longue pente à monter pour atteindre l'entrée de l'hôpital. Une pente que vous ne pouvez pas gravir en fauteuil. Cela fait des années que l'on essaie de faire mettre l'endroit aux normes, sans succès.
Bref, dans le domaine du handicap, il y a des progrès indéniables, mais également des blocages et des longueurs. Les associations comme la nôtre sont là pour tenter d'y remédier. 

 

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