« La question des prisonniers doit être traitée prioritairement », a plaidé mercredi 3 janvier Jean-Guy Talamoni, le dirigeant indépendantiste, élu mardi à la tête de l'assemblée de la nouvelle Collectivité territoriale unique de Corse.
« Ce serait déjà une bonne manière d'envoyer un signal positif de rapprocher les prisonniers en Corse, comme la loi le permet. Ce serait un début, puis l'amnistie bien sûr doit suivre », a insisté le dirigeant nationaliste sur Europe 1, deux jours avant la visite dans l'île de la ministre Jacqueline Gourault, chargée du dossier corse au gouvernement.
« "Dans tous les pays du monde, lorsqu'un conflit est terminé, et bien on tourne la page avec une loi d'amnistie », a indiqué M. Talamoni, en précisant que « la France a eu recours à la loi d'amnistie plusieurs fois au cours du XXe siècle, après la Seconde guerre mondiale pour les collaborateurs, ou après la guerre d'Algérie pour des faits épouvantables ».
« La France a déjà eu recours à l'amnistie également pour la Corse et pour la Nouvelle-Calédonie, et aujourd'hui nous sommes dans un cas où la loi d'amnistie doit permettre de tourner définitivement la page et de construire des relations apaisées, constructives et pourquoi pas amicales entre la Corse et la France », a poursuivi le président de Corsica Libera.
Rapprochement des prisonniers corses
La question du rapprochement des prisonniers corses afin qu'ils purgent leur peine à la prison de Borgo est l'objet de discussions débutées sous la présidence de François Hollande.
L'amnistie de la vingtaine de "prisonniers politiques" - selon l'appellation chère aux nationalistes - figure aussi parmi leurs demandes. Mais elle « n'a jamais été envisagée », avait affirmé mi-décembre la ministre de la Justice Nicole Belloubet.
M. Talamoni est l'une des deux figures de proue, avec l'autonomiste Gilles Simeoni, de la liste nationaliste Pè a Corsica (Pour la Corse) qui a obtenu 41 des 63 sièges à la nouvelle assemblée de Corse au second tour des élections territoriales, le 10 décembre.
En mai 2015, l'Assemblée de Corse avait adopté une résolution réclamant l'amnistie à une large majorité. Le Front de libération nationale corse (FLNC) a déposé les armes en juin 2014.