Le Bastiais de 38 ans a joué son dernier match professionnel, hier soir, sous le maillot de Lens, face à Montpellier. Il pourrait rejoindre le staff du club nordiste. Retour sur la carrière de celui qui a disputé 125 matchs avec les Bleus.
"Un drapeau, c'est fait pour flotter, ça flotte dans tous les stades du monde, et je ne vois pas pourquoi on va nous interdire à nous, les Corses, de faire flotter notre drapeau".
Tout le monde se rappelle encore de Jean-Louis Leca, maillot rouge et bandera sur les épaules, arpentant la pelouse de l'Allianz Arena de Nice, quelques minutes après la première victoire du SCB, un soir d'octobre 2014.
Le gardien du SCB célèbre alors la victoire bastiaise sur les terres de l'ennemi historique (0 - 1), mais son geste est aussi une réponse à la décision du préfet des Alpes-Maritimes d'interdire tout déplacement de supporter bastiais, et plus encore, la présence dans l'enceinte de tout signe distinctif corse. Un acte fort, qui provoquera un tumulte médiatique et procédurier de plusieurs mois.
La photo, pour beaucoup de supporters bastiais, a valeur de symbole.
Mais il serait injuste de réduire Jean-Louis Leca à ce coup d'éclat. Il reste aujourd'hui encore, sept ans après son dernier match sous les couleurs bastiaises, l'un des visages marquants du SCB des vingt dernières années.
Ténacité
Dans sa jeunesse, après quelques années à l'AS Furiani-Agliani, Jean-Louis Leca rejoint le centre de formation du Sporting. En 2004, il devient la doublure de Nicolas Penneteau, l'inamovible portier bastiais. Leca a envie de jouer, mais il n'est pas du genre à brûler les étapes, ou à se faire une place à n'importe quel prix. Alors il travaille, inlassablement, joue à plein son rôle de sparring-partner avec Penneteau, et répond présent lorsqu'on fait appel à lui. Il sait que son heure viendra.
Lorsque Nicolas Penneteau quitte le SCB pour Valenciennes, il dispute les premiers matchs dans le costume du titulaire, avant d'être remplacé par Austin Ejide. Une fois encore, il va remettre le bleu de chauffe, plutôt que la jouer perso. Mais à l'intersaison 2008, Jean-Louis Leca décide de partir rejoindre à Valenciennes son ami et ancien coéquipier, bien conscient néanmoins qu'il devra encore se contenter de la deuxième place.
En 2013, Jean-Louis Leca, qui a vécu de loin le retour au haut niveau de son club de cœur, le Sporting, revient en corse à l'occasion d'un échange avec Magno Novaes.
C'est l'occasion, enfin, de prendre place dans les cages bastiaises.
Jean-Louis Leca, qui prend la suite de Mickaël Landreau, pas n'importe qui, va néanmoins se révéler à la hauteur de la tâche. Combatif et autoritaire dans sa surface de réparation, il va également jouer un rôle de premier plan dans les vestiaires, au côté des autres Corses de l'effectif, avec qui il forme une solide bande d'amis.
La période, pourtant, n'est pas facile. Malgré quelques coups d'éclat, le Sporting semble retomber dans ses travers passés, les performances sur le terrain s'en ressentent, la tension monte dans les étages d'Armand Cesari, et malgré tous les efforts fournis sur le terrain, le SCB est relégué en National 3 en 2017. Une dégringolade qui provoque le départ des cadres, dont Jean-Louis Leca, qui signe à l'ACA, pour une saison, avant de repartir vers le Nord, et le RC Lens, en 2018.
Ligue des champions
Au Racing, il aligne les performances de haut rang, gardant même sa cage inviolée durant une impressionnante série de 19 matchs sans encaisser de but en championnat. Il va activement participer au retour des Sang et Or en Ligue 1 en 2020, puis à leur place de vice-champions de France en 2023, un classement qui lui permettra de découvrir la Ligue des champions. Une belle revanche pour celui que les Ultras niçois avaient surnommé un jour "l'éternel remplaçant"...
Hier soir, à l'âge de 38 ans, Jean-Louis Leca a disputé son dernier match, face à Montpellier, sur la pelouse de Bollaert. Et fidèle à lui-même, malgré l'émotion, le Bastiais a tenu le fort, avec détermination et talent. Animé par son amour pour le football. Comme au premier jour.