Apprendre l’empathie aux écoliers, pour améliorer leurs relations et lutter contre le harcèlement et la discrimination. Depuis janvier 2024, des cours d’empathie sont expérimentés dans des écoles primaires. En Haute-Corse, 5 se sont portées volontaires pour tester le dispositif.
C'est un cours qui change un peu du quotidien qui est proposé à l'école Campanari, quartier Saint-Joseph, à Bastia, ce mardi matin : plutôt que les mathématiques, le français, l'histoire ou encore la géographie, les élèves sont amenés à travailler sur l'empathie.
Premier exercice de la matinée : apprendre à reconnaître les émotions, et savoir y associer les réactions qui en découlent. "La colère, pour moi, c'est de frapper, d'insulter, et de casser", souffle ce petit garçon. "Quand j'ai peur, je dis au secours", ajoute cette autre petite fille. "Quand je suis triste, je suis obligée de pleurer, car je suis sensible", termine cette troisième écolière.
Réguler ses émotions pour mieux apprendre
Christophe Ciccoli enseigne dans cet établissement en zone d’éducation prioritaire depuis maintenant 18 ans. L’empathie faisait déjà partie de sa pédagogie.. Mais pour lui, travailler régulièrement sur les émotions avec ses élèves est aussi un bon moyen de les aider à mieux apprendre.
"On sait parfaitement que réguler ses émotions, c'est probablement la tâche la plus difficile, que ce soit pour un enfant ou pour un adulte, indique l'enseignant. Mais en parler dès l'enfance, ce n'est peut-être pas une mauvaise chose. Parce que si on veut qu'ils rentrent dans les apprentissages, il faut déjà qu'ils se mettent à distance, un peu, de toutes les problématiques domestiques qu'ils ont, parce que ce n'est pas toujours facile. C'est une façon de créer un petit détachement."
Un travail qui se poursuit en dehors de la classe. Pour la récréation, quatre élèves volontaires enfilent même leur gilet de « Paggeri », prêts à intervenir au premier haussement de ton. "Je règle les bagarres et après ils redeviennent amis", explique cette petite fille. Des règlements dans le calme, pour éviter les disputes stériles, et remédier aux conflits de façon apaisée.
Coopérer et se confronter aux autres
Apprendre le vivre ensemble, c’est un projet pédagogique mené par toute l’équipe de l’école Campanari. "Vivre l'empathie, c'est coopérer, faire l'expérience de se confronter à l'autre, estime Charlotte Rocchi, professeure des écoles. Et oui, ça marche."
En Corse, une dizaine d’écoles testent les cours d’empathie à l’école primaire. Ils devraient être généralisés à compter de la prochaine rentrée scolaire.