Le projet de village de vacances Costamare d'Aleria avance, U Levante saisit la justice

Depuis plusieurs années, le camping de luxe qui devrait voir le jour à Casabianda, suscite la polémique. U Levante dénonce des constructions illégales, et néfastes pour l'environnement. La mairie d'Aleria et la holding qui défend le projet assurent qu'ils sont de bonne volonté et prône le dialogue avec U Levante.

C'est un projet, d'envergure : construire un village de vacances haut de gamme sur un terrain où s'est élevé, durant longtemps, un camp de vacances destiné au personnel de l'administration pénitentiaire, alors que le centre de détention de Casabianda se trouve à une poignée de kilomètres à peine. Des installations depuis longtemps en ruine.

En 2017, la commune d'Aleria, qui avait racheté l'endroit, vote la location des terrains à la holding Victoria, porteuse du projet de village de vacances Costamare. Un bail emphytéotique d'une durée de 99 ans, pour un loyer annuel de 300.000 euros.

Fin septembre 2023, un permis d'aménager a été affiché par la mairie d'Aleria. Après six ans, le chantier semblait enfin être concrètement lancé.

Mais U Levante ne l'entend pas de cette manière. L'association de défense de l'environnement estime que "ce projet est illégal car en totale discontinuité de toute zone urbanisée et en espaces (très) proches du littoral. Sa réalisation constituerait un recul sans précédent de l'application de la Loi Littoral en Corse".

Sans surprise, elle a déféré le permis au tribunal administratif de Bastia.

Zone protégée

Il faut dire que si le projet a mis plusieurs années à prendre forme, c'est parce qu'il fait polémique.

Dès janvier 2020, la DREAL, la Direction Régionale de l'Environnement, de l'Aménagement et du Logement, estimait que le projet prenait place, en partie, sur le littoral de Casabianda et le marais de Siglione, une ZNIEFF (ou zone naturelle d'intérêt écologique, faunistique et floristique) de type 1, où vivent des espèces protégées.

Selon U Levante, qui suit le dossier de près depuis le début, l'intérêt écologique de ce secteur ne se cantonne pas à ce classement en ZNIEFF. À l'occasion de l'étude d'impact présentée en 2021, l'association pointe du doigt le classement en "site Natura 2000 terrestre et marin, réservoir de biodiversité de la trame verte et bleue et, pour sa majeure partie, en Espace Remarquable et Caractéristique du PADDUC".

Dans la foulée, une dérogation aux interdictions visant les espèces protégées était demandée au Conseil National de la Protection de la Nature (CNPC), qui faisait connaître sa position en avril 2022 : "Le CNPN donne un avis défavorable à cette demande de dérogation du fait qu’aucune des trois conditions d’octroi de la dérogation, au titre des espèces protégées, n’est remplie. Le site choisi est remarquable du point de vue tant paysager qu’écologique.
Sa vocation est naturelle conformément aux zonages ZNIEFF et aux classements existants (RAMSAR, Sites Natura 2000, réserve de chasse nationale, …).
Sur 12,5 km, le littoral est vierge de toute installation urbaine ou exploitation des ressources naturelles. Il est un des rares sites en France (hors outre-mer) à accueillir un site de reproduction de tortues marines. C’est pourquoi l’État ne devrait pas autoriser un tel équipement, dont le projet initial a été conçu et réalisé avant la Loi qui a créé le Conservatoire du Littoral (1975), la loi sur la protection de la nature qui institue les études d’impact (1976) et la loi sur la protection du littoral de 1986. »

Bonne volonté

À Aléria et aux alentours, les élus soutiennent le projet avec conviction. Ils assurent que tout est fait dans les règles. Selon Jean-Claude Franceschi, le président de la communauté de communes de l'Oriente, "il n'est pas question de dénaturer quoi que ce soit. Il est question d'attirer des gens pour découvrir nos atouts, de façon que l'économie locale en bénéficie".

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Jean-Claude Franceschi, président de la communauté de communes de l'Oriente. ©FTV

Jean-Claude Franceschi précise que, après l'avis défavorable recueilli par la première mouture, va présenter un nouveau dossier au CNPN : "c'était dû à un manque de détails dans les précisions concernant la partie environnementale. Aujourd'hui un autre bureau d'études affine et travaille en profondeur pour répondre de façon plus précise aux attentes du CNPN".

Tout serait fait pour protéger la nature, il l'affirme : "nous sommes sur un projet de 9,3 hectares, dans une zone au sud de Tavignanu qui fait 1.500 hectares. C'est une vaste zone vierge où les espèces animales et végétales qui sont en grand nombre n'encourent pas de grand risque".

Néanmoins, difficile de penser que l’arrivée de 1.500 personnes sur les lieux, jusqu'à 2.500 en pleine saison, n'aura pas d'impact. Mais "s'il est nécessaire de faire des efforts, les porteurs sont prêts à envisager la suppression de 20, 30, 40 ou 50 emplacements. Toutes les précautions sont prises pour que les gens soient canalisés".

Pas sûr que cela suffise à convaincre U Levante, qui a saisi la justice sur le dossier.

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