Dans la première circonscription de Haute-Corse, Michel Castellani, le député nationaliste sortant, doit livrer bataille face à Jean-Michel Marchal, invité surprise du second tour. Mais face au candidat du Rassemblement National, il ne pourra pas compter sur les tous les reports de voix escomptés.
La tonalité de la campagne du second tour de Michel Castellani s'est dessinée, dès hier soir, quelques minutes après l'annonce des résultats, sur le plateau de France 3 corse : "Jean-MIchel Marchal et moi sommes sur deux planètes différentes. Je vis viscéralement la Corse, et j'ai toujours défendu la démocratie. Et j'ai en face de moi un monsieur que je respecte, mais que je n'ai jamais vu. Je ne sais même pas comment il est fait ! Dimanche prochain, c'est un choix de société, et un choix d'homme".
Appel aux démocrates
Le député sortant ne s'y attendait pas. Comme de nombreuses personnes en Corse, il semble encore avoir du mal à croire que son adversaire au second tour soit un candidat du RN, et plus encore un candidat du RN sorti de nulle part, inconnu de tous, et arrivé il y a quelques années sur l'île. Mais il reste peu de temps pour confirmer son avance du premier tour. Alors Michel Castellani entend bien faire jouer sa légitimité.
Mais, au vu des résultats de ce premier tour, et de l'élan presqu'irrationnel dont bénéficie le RN, il sait bien que cela ne suffira peut-être pas. Alors il n'oublie pas d'appeler "tous les démocrates à se rassembler derrière [sa] candidature".
Michel Castellani a réuni 31,74 % des suffrages sur son nom. Il est en tête, mais Jean-Michel Marchal le talonne, avec 28,8 %. Il sait bien qu'il devra compter sur un report des voix. Reste à savoir lesquelles.
Quatre candidats, sur les dix en lice, étaient classés à la droite de la droite. Marchal, mais également Jean-MIchel Lamberti, Alexis Fernandez et Nicolas Battini. A eux trois, Lamberti, Battini et Fernandez ont cumulé un peu plus de 6 % des votes. Et, au vu des différends qui existent dans ce camp, il n'est pas dit que Marchal bénéficie de l'ensemble de ces voix.
Un barrage à géométrie variable
Mais il n'est pas également certain que Michel Castellani voit un "arc républicain" se constituer autour de lui. Julien Morganti, qui dispose d'un réservoir de voix important, 14,42 %, a déjà fait savoir qu'il n'était pas question de donner une consigne de vote au second tour : "Je ne suis pas candidat pour faire barrage. Michel Castellani représente un courant que l'on combat, on n'a pas à soutenir cette personne. Pas plus que le RN. Ce n'est pas une décision personnelle mais une décision collective, à l'unanimité. J'appelle les gens à aller voter, massivement, mais librement".
Du côté de Sacha Bastelica, du Nouveau Front Populaire, il en va tout autrement, sans surprise. "On appelle à voter pour le candidat le mieux placé pour battre l'extrême droite, en l'occurrence Michel Castellani". Les 8,89 % rassemblés par le jeune candidat au premier tour pourraient peser dans la balance.
Qu'en sera-t-il des 3,9 % de l'autre candidature nationaliste, celle de Core in Fronte ? Pour l’heure, Jean-Baptiste Lucciardi n’a pas fait connaître sa position. Il en va de même pour Jean-François Paoli (5,43 %) et Olivier Josué (0,54 %).