Le musicien, compositeur et arrangeur qui a collaboré avec les plus grands artistes français joue ce soir à Jazz Equinoxe, à Bastia, à 21 heures. Portrait.
La magnifique basse Gretsch qui trône sur scène, dans la cour du Palais des Gouverneurs de Bastia, n'est plus vraiment rouge. L'instrument est patiné par les années, et les centaines heures de scène.
Maxime Le Forestier, Renaud, Francis Cabrel, Diane Dufresne, France Gall, Michel Sardou, Jean-Jacques Goldman... C'est tout le gotha de la variété française qui, au fil des décennies, s'est offert les services de Pascal Arroyo.
Chef d'orchestre
Mais c'est avant tout Bernard Lavilliers dont le musicien invité par Jazz Equinoxe sera le compagnon inséparable. "Au milieu des années 70, j'avais formé un groupe du côté de Rouen, avec des amis. Nemo. Un soir, on se produit sur scène, et Bernard Lavilliers, qui n'était pas vraiment connu à l'époque, est dans la salle. Il avait joué la veille dans le coin, et avait une soirée off... On s'est bien entendus, et il nous a dit que, dès qu'il aurait suffisamment de budget pour engager des musiciens, il nous appellerait. On n'y avait pas trop prêté attention, et pourtant, un an plus tard, il l'a fait".
Les deux hommes vont collaborer, sur scène, mais également en studio.
Au final ce n'est pas moins d'une trentaine de chansons qui vont être cosignées par Lavilliers et Arroyo, parmi lesquelles Les Mains d'or, Petit, Gentilshommes de fortune, Faits divers, Le Clan mongol, Jamaica, La Peur ou État des lieux.
Une fidélité qui a traversé les décennies. Le mois dernier, encore, sur la scène des Nuits de la Guitare de Patrimonio, Pascal Arroyo tenait la basse dans le groupe du chanteur stéphanois.
Coup de cœur
Mais ce soir, à Jazz Equinoxe, c'est Pascal Arroyo qui occupera le devant de la scène, rejoint au fil de la soirée par ses invités, parmi lesquels Patrizia Poli, avec laquelle il a signé en 2019 l'album Versuniversu. Et c'est avec un plaisir tout particulier qu'il jouera, une nouvelle fois, sur cette île qu'il connaît si bien.
"Aujourd'hui, j'ai trois moitiés", s'amuse Pascal Arroyo. "Je suis moitié Normand, moitié Andalou, et moitié Corse !"
C'est sur une tournée de Bernard Lavilliers que le bassiste fait la connaissance de Patrizia Poli, qui assure la première partie des concerts avec Les nouvelles polyphonies corses.
J'ai beaucoup travaillé en studio, beaucoup composé, mais ce que je préfère, c'est aller faire le malin sur scène
Très vite, ils partagent la scène. Une complicité qui va se développer encore lorsque, quelques années plus tard, Pascal visite la Corse. "Je suis venu pour huit jours, et je ne suis jamais vraiment reparti ! J'y ai retrouvé une amie. On a commencé à travailler ensemble, et cette collaboration a donné Versuniversu..."
Quand on lui demande quel âge il a, Pascal Arroyo sourit, mais se garde bien de répondre. "Pour ceux qui veulent le savoir, y a toujours Wikipédia". Lorsqu'on s'étonne de son air juvénile, alors qu'il a débuté dans la musique il y a plus d'un demi-siècle, Pascal Arroyo répond,l'air malicieux : "C'est la musique, qui fait ça. Les musiciens, soit ils sont morts de drogues, ou d'alcool, soit ils paraissent plus jeunes que leur âge".
Pascal Arroyo conclut, après quelques instants de réflexion : "C'est la scène, ça. Le contact avec le public, il n'y a rien de tel. Si on n'aime pas ça, autant changer de métier. J'ai beaucoup travaillé en studio, beaucoup composé, mais ce que je préfère, c'est aller faire le malin sur scène".
Le musicien rajuste sa casquette, empoigne sa Gretsch rouge, et rejoint les musiciens pour une nouvelle balance, et d'ultimes réglages, avant le concert de ce soir. Faire le malin, c'est une chose, mais autant le faire bien...