Procès pour viol sur conjoint : Ahmed Souidi condamné à 12 ans d'incarcération à Bastia

La cour d'assises Haute-Corse a rendu son verdict sur une affaire de viol et de violences volontaires sur conjoint qui s'était déroulée dans la région de Moriani en 2018. Un verdict supérieur au réquisitoire du ministère public.

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"Je demande pardon" a juste déclaré Ahmed Souidi lorsqu'on lui a donné la parole, une dernière fois, peu après 14 heures, avant que les jurés ne se retirent pour délibérer. 

Le repentir tardif de l'accusé n'a pas vraiment eu d'effet sur la cour d'assises de Haute-Corse. Après près de 6 heures de délibérations, elle l'a reconnu coupable et de viol sur conjoint et de violences volontaires sur conjoint, et l'a condamné à 12 ans de réclusion, assorti d'un suivi socio-judiciaire de 5 ans, et de 10 ans d'interdiction de séjour en Corse. 

Une peine supérieure aux réquisitions du ministère public, qui était de 10 ans de réclusion. 

Douleurs insoutenables

Quelques heures plus tôt, à la mi-journée, Maître Aurélia Dominici-Campagna, l'avocate de la victime, Rose*, avait débuté sa plaidoirie en rappelant aux jurés qu'en 2021, 113 femmes ont trouvé la mort sous les coups de son compagnon. Et qu'une d'entre elles était violée, en France, toutes les deux minutes. Et qu'une sur dix seulement arrive jusque dans la salle d'une cour d'assises. 
Avant détailler les faits qui sont reprochés à Ahmed Souidi, assis dans le box des accusés.

Il est un peu moins de 8 heures, le 25 mai 2018, quand une dispute éclate, alors que Rose s'apprête à quitter la maison, et que Ahmed Souidi est encore au lit. Le ton monte, pour une raison qui semblait sans importance. Il la pousse, elle tombe du lit, et ne parvient pas à éviter un coup sur l'omoplate, dont la violence va susciter immédiatement "des douleurs insoutenables". "Elle sent ses poumons se vider, elle ne peut plus respirer. Elle est infirmière et sait qu'elle a quelque chose de grave. Que son pronostic vital est engagé", raconte Me Dominici-Campagna à la barre. 
La victime, robe rose et longue queue de cheval, est assise derrière elle. Avec Ahmed Souidi, polo blanc et barbe naissante, il n'ont pas échangé un regard depuis l'ouverture des débats, la veille. Tous deux regardent droit devant eux, et écoutent le récit dont ils ont été les protagonistes. 

Elle a laissé une partie d'elle-même dans cette chambre d'enfant.

Me Dominici-Campagna

Alors que son époux, en proie à la colère, casse une chaise dans le salon, sous les yeux du fils de Rose, âgé d'une douzaine d'année, sa mère ne sait plus comment faire, continue l'avocate. Elle se réfugie dans la chambre de ses enfants.. 

"Il sait qu'il a fait une bêtise", analyse Me Dominici-Campagna. "Se met alors en place son mode de fonctionnement habituel : violence, excuse, réconciliation". Des excuses, et une réconciliation, mais selon ses termes. "Monsieur Souidi soulève sa robe, elle n'a pas de culotte. Elle lui demande d'arrêter, mais il la pénètre quand même". 

"Ils n'ont pas fait l'amour, malgré ce qu'il dit. Elle s'est faite violer. Froidement. Avec un pneumothorax, et avec ses enfants pas loin, dans le salon. Elle a laissé une partie d'elle-même dans cette chambre d'enfant". 

"Si la violence est l'arme des faibles, conclut maître Dominici-Campagna, "je n'ai jamais vu un homme aussi faible que celui que vous avez à juger aujourd'hui"

Complot ?

Lors de la plaidoirie de la défense, Me Stella Canava n'a pas caché son sentiment "d'inachevé". "On n'est pas allé au bout des choses, malgré une information judiciaire qui a duré plus de trois ans. Malgré les quatre années de détention provisoire de monsieur Souidi..."

L'avocate s'arrête longuement sur l'absence de certains témoins, sur une audience parcellaire, qui n'aurait pas permis aux jurés de se faire une idée claire sur la question. Et puis elle n'hésite pas à questionner l'attitude de Rose, qui, après sa sortie d'hôpital, va "mener son enquête, contacter les ex-compagnes" de son compagnon, mais également "son entourage, ou fouiller son ordinateur.... Pour faire quoi ? Pour chercher des preuves ? Pour tenter de le salir ? Je ne le sais pas"

Elle a fouillé. Pour chercher des preuves ? Pour tenter de le salir ? Je ne sais pas.

Me Canava

Me Canava marque une pause, avant de continuer : "je ne vais pas vous parler d'un incroyable complot entre toutes les exs qui voudraient se venger d'un monstre machiavélique, d'une personne mauvaise, infâme... Mais on s'interroge quand même sur leur concertation"

La plaidoirie de son avocate est rythmée par les sanglots, discrets puis de plus en plus audibles, d'Ahmed Souidi. Sans que les jurés paraissent y prêter attention. 

"Certes, les explications de mon client, qui reconnaît les violences mais conteste les faits de viols, ont parfois pu être maladroites. Mais qu'est-ce qui nous permet d'affirmer avec certitude que monsieur Souidi avait conscience d'imposer un acte sexuel non consenti ? Dans le dossier, rien". 

Apparemment, les jurés ne se sont pas rendus à l'avis de l'avocate du Franco-tunisien de 37 ans.

Retrouvez le témoignage de Rose à notre équipe ici.

*Le prénom a été modifié à la demande de la victime. 

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