Une instruction judiciaire a été ouverte après des menaces envers deux institutrices qui voulaient faire chanter les écoliers en arabe à la kermesse de l'école du village de Punelli-di-Fiumorbu (Haute-Corse), a indiqué mercredi 17 jun le procureur de la République à Bastia, Nicolas Bessone.
Un graffiti "Arabi Fora" (a été tracé à la peinture rouge dans la nuit du mardi 16 au mercredi 17 juin devant l'école de ce village de quelque 3.000 habitants à forte communauté maghrébine, sur la façade orientale de la Corse. L'instruction judiciaire a été ouverte en raison de "pressions exercées sur les enseignantes" et du "déchaînement sur les réseaux sociaux", a déclaré M. Bessone à la presse.
#Prunelli_FiumOrbu : Tags #racistes sur le sol de l'#école.
http://t.co/lRUfxaRMdR pic.twitter.com/BgGjysaZEe
— Corse-Matin (@Corse_Matin) 17 Juin 2015
L'enquête, a-t-il précisé, est conduite par la brigade de gendarmerie de Ghisonaccia (Haute-Corse) pour déterminer "si l'on peut qualifier pénalement les faits" qui se sont produits à l'école de Prunelli-di-Fiumorbu. Les institutrices avaient prévu de faire chanter "Imagine" de John Lennon en plusieurs langues (français, corse, arabe, anglais et espagnol) à leurs élèves lors de la kermesse de fin d'année le 26 juin.
Cette initiative a déclenché un mouvement de protestation. Hostiles au projet de faire chanter les enfants en arabe, des parents ont menacé de perturber le déroulement de la kermesse si le projet était maintenu. La direction de l'école a annulé la kermesse et l'inspection d'académie saisie par les enseignantes a déposé une plainte contre X.
Les enseignants, qui ont fait jouer leur droit de retrait, n'ont pas assuré la classe lundi et mardi. Ils ont déploré dans un communiqué "l'amalgame entre langue et religion ainsi que la désinformation véhiculée par certains parents" et regretté que "l'espace de neutralité dû aux élèves et la sécurité de personnes ne (puissent) être garantis".
La reprise des cours, mercredi matin, en présence de l'inspectrice d'académie, a été marquée par une certaine tension entre parents favorables ou opposés à l'initiative des institutrices, selon des témoins témoins. Le maire du village, Pierre-Siméon de Buochberg, présent à cette rentrée, a annulé une réunion d'information prévue jeudi après-midi estimant que "les conditions de sécurité ne sont pas réunies."
M. de Buochberg a indiqué qu'il s'entretiendrait mercredi après-midi avec les représentants élus des parents d'élèves.