Rentrée 2023 : face à la hausse des prix, à Corte, "certains étudiants pensent arrêter leurs études"

Dans un rapport publié ce mercredi, la Fédération des Associations Générales Etudiantes tire la sonnette d’alarme. Cette année en France, en raison de l'inflation, le coût de la rentrée pourrait pénaliser de nombreux étudiants. En Corse, la situation est d'autant plus alarmante que la vie est plus chère que sur le continent.

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3.024 euros. Voilà en moyenne ce que coûtera la rentrée à un étudiant non boursier cette année selon la Fédération des Associations Générales Etudiantes (FAGE). Résultat d’une hausse générale des frais de la vie courante (de 8,88% selon la FAGE) ce calcul, dressé par l'association dans son rapport intitulé 21e indicateur du coût de la rentrée publié ce mercredi 16 août, fait craindre le pire. "Pour la majorité des étudiants, la rentrée universitaire est une étape qui se révèlera insurmontable sans le soutien financier de leur famille ou un emploi parallèlement à leurs études", dénonce la FAGE.

À Corte, de plus en plus d'étudiants déjà en grande difficulté

En Corse, Jean-Dominique Bugnani, président de l’association de lutte contre la précarité étudiante Aiutu Studientinu, tire également la sonnette d’alarme. Déjà cette année, l’épicerie solidaire de l’association, installée sur le campus Mariani à Corte, a vu sa fréquentation exploser. "Les étudiants disent qu’ils n’y arrivent pas, beaucoup sont venus nous voir pour nous dire que c’était la catastrophe. notamment ceux qui viennent de l’étranger, mais pas que, soupire-t-il. On a constaté une hausse des étudiants corses qui venaient. Pendant le pic de l’hiver, là où les étudiants viennent le plus souvent, on a constaté des semaines à quasiment 250 étudiants, contre plus d’une centaine l’année dernière", alerte le président.

Mais l’inflation a également pesé sur le budget des étudiants en fin d’année scolaire. "Dans les périodes de fin d’année universitaire, avril, mai, juin, en général beaucoup font leurs examens et s’en vont. On a encore eu beaucoup de demandes jusqu’à la fermeture du local, presque une centaine par semaine contre une quarantaine l’an dernier."

Sur le campus, des prix déjà trop élevés selon l'association

Selon la FAGE, les facteurs de cette envolée sont multiples. Les loyers, 1ère cause de dépense des étudiants, flambent de 8,65% en moyenne auprès des bailleurs particuliers (un chiffre qui caracole même 9,77% en région comparé à 2022). La Contribution de Vie Etudiante et de Campus (CVEC), indexée sur l’inflation, augmente de 5,26% pour se fixer à 100 euros. Quant aux frais d’alimentation, ils encaissent une augmentation de 15,34% par rapport à la rentrée 2022. Un souci d’autant plus visible à Corte. "La vie en Corse, et notamment sur le campus cortenais est très chère", regrette Jean-Dominique Bugnani, qui soupçonne "des difficultés de livraison" par rapport à la situation géographique de Corte. "C’est le Centre Corse. Casino, Utile, le Spar, essaient de faire des bons de réduction, la carte Casino max gratuite pour les étudiants… mais ça reste trop cher", regrette-t-il.

Autre souci : les dépenses liées au carburant, particulièrement lourdes pour les élèves du campus. "Certains étudiants ne sont pas basés sur Corte, ils doivent rentrer chez eux en Balagne ou autre le soir. Et avec le coût du carburant, ça leur fait une dépense financière pas négligeable."

"Certains vont abandonner leurs études"

Alors que la rentrée scolaire approche, le président d’Aiutu Studientinu redoute les conséquences de ces coûts supplémentaires. "Je suis quasiment sûr que certains vont abandonner leurs études. Certains nous l’ont dit", soupire-t-il. "Sur le campus de l’Université de Corse, il y en a énormément qui ont des situations familiales éclatées. Certains n’ont pas la chance d’avoir des parents, des familles qui peuvent les aider. On arrive à un point de non-retour." Jean-Dominique Bugnani affirme aussi que, si des étudiants se tournent vers le job étudiant, d’autres et notamment des jeunes filles, sont contraints poster du contenu sur le site OnlyFans pour arrondir leurs fins de mois.

Quid des retombées psychologiques ? "Le CROUS propose à disposition des étudiants une hypnologue thérapeute, qui, elle aussi, a vu le nombre d’étudiants augmenter dans son bureau", décrit Jean-Dominique Bugnani. Idem pour le Bureau d’aide Psychologique Universitaire (BAPU). "Ca se répercute sur leurs études, leur vie sociale. Certains se retrouvent isolés", soupire le président de l’Aiutu Studientinu. 

Déployer des mesures de soutien

Aujourd’hui, l’association, à travers l’épicerie, propose aux bénéficiaires 12 articles gratuits par semaine sur simple présentation de la carte étudiante. Une permanence de produits frais est assurée les week-ends, un soutien psychologique et des prêts d’ordinateurs sont aussi en place. Mais face à ce contexte, elle envisage d’élargir encore son panel d’activités. "On a discuté avec beaucoup de chefs d’établissements qui accueillent des BTS ailleurs en Corse qui nous ont fait part de leur envie d’avoir des membres de l’Aiutu qui viendraient voir leurs étudiants en post-bac, qui n’ont pas la chance d’avoir le CROUS à côté, les aides financières, les assistantes sociales, pour qu’on vienne donner un coup de main."

Sur l'île actuellement, plus de 1.000 étudiants en post bac ne dépendent pas de l’université selon Jean-Dominique Bugnani, qui rappelle qu’ "il ne faut pas les oublier." Autre possibilité : développer d’autres horaires d’ouverture sur le campus Mariani. De son côté la FAGE demande aussi, entre autres, le gel des loyers et charges locatives des résidences CROUS, l’ouverture de la tarification des repas à 1 euro pour toutes et tous, ou encore la suppression de l’indexation sur l’inflation de la CVEC. Dans tous les cas, Jean-Dominique Bugnani l’assure, à l’Aiutu Studientinu, à la rentrée il faudra "être plus présent que les années précédentes" et trouver de nouveaux bras pour aider au quotidien. "Cette année, craint le président, plus que les années d’avant, on va se faire fracasser."

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