"Si ça passe à 73€/m2, beaucoup vont rester sur le carreau" Menace sur le projet d'accession à la propriété de Moncale

Il y a deux ans la commune de Moncale en Balagne a fait le choix de vendre des terrains à 40 €/m2. Des prix cassés, pour lutter contre la spéculation immobilière et permettre aux insulaires d'accéder à la propriété. Un projet d'abord validé par les services de l'Etat, mais aujourd'hui menacé par la chambre régionale des comptes.

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"C'est avec une profonde stupéfaction et une profonde colère que nous, primo accédants, avons découvert la semaine dernière, alors que nous étions sur le point de conclure l'achat des terrains au lieu-dit Terrazone, que les prix des terrains avaient augmenté de 103%." Sur ce terrain où ils projettent de construire leur maison, la trentaine de potentiels propriétaires était rassemblée ce jeudi 8 août, accompagnés des élus de la commune de Moncale, pour dénoncer l'obligation faite à la municipalité par la chambre régionale des comptes, de réévaluer le prix des terrains à 73,90€/m2 au lieu des 40€/m2 prévus initialement. 

Lutter contre l'inacceptable

"Depuis des années on travaille sur ce projet de primo accession avec la vente de parcelles à des jeunes Montcalais et de la microrégion à 40€/m2. La vente a été actée, les délibérations municipales ont été validées par le contrôle de légalité, et au moment de passer les ventes, la Cour des comptes s'est saisie du dossier et estime que nous devons faire 1 250 000€ de bénéfice supplémentaire sur ces parcelles. Pour nous c'est inacceptable " explique le maire de Moncale Jean-Baptiste Filippi.

Dans un premier temps la municipalité a dû se résoudre à l'inacceptable, et se conformer aux préconisations de la chambre régionale des comptes : "On avait deux possibilités : ou on augmentait le prix des terrains à 73€/m2, ou on multipliait la fiscalité par 2,8. Pour nous il était inimaginable d'envisager que les Montcalais paient 2,8 fois plus, donc pour reprendre la main sur les comptes, on était obligé d'augmenter le prix des terrains à 73€".

Lutter contre la spéculation immobilière

Il n'était pas question toutefois d'en rester là, car même en vendant ces terrains à 40€/m2, les comptes de la commune ne sont pas dans le rouge, elle dégage même un petit bénéfice qui lui permet d'investir : "Du fait de l'augmentation du prix des terrains, il ressort donc un suréquilibre de la section d'investissement du budget général de 1 665 551,57 €, alors qu’en vendant les parcelles 40€/m2 nous avions déjà un suréquilibre de plus de 400 000€, qui nous permet de financer l'apport de la commune pour la construction de la nouvelle école" détaille le maire. 

Les insulaires sont chassés de leurs villages par la force de l'argent.

Jean-Baptiste Filippi

maire de Moncale

Pour justifier cette hausse de tarif, la chambre régionale des comptes avance "le manque à gagner de la commune par rapport au prix du marché". Or c'est bien pour lutter contre ce prix du marché qui "chasse les insulaires de leurs villages par la force de l'argent", selon la formule de Jean-Baptiste Filippi, qu'est né ce projet. "C'est un outil qui permet aux jeunes insulaires de rester vivre chez eux et de laisser un patrimoine à leurs enfants. Pour nous le bénéfice, c'est l'accès à la propriété en Balagne pour de jeunes insulaires qui n'y ont pas accès en raison du prix du foncier. Aujourd'hui on installe 32 familles qui vont vivre et s'investir sur la commune, qui paieront du foncier sur la commune" justifie-t-il.

Des volets ouverts toute l'année

Le maire a reçu plus d'une centaine de dossiers de candidature pour obtenir une parcelle dans de telles conditions. Pour être éligible, un certain nombre de règles s'imposent : Il est interdit de revendre le bien pendant vingt ans, les gens sont obligés de vivre à l'année à Moncale, il est impossible de louer, et il y a une obligation de mettre ses enfants à l'école du village.

Des garanties pour "des maisons qui auront des volets ouverts toute l'année" qu'ont accepté la trentaine de prétendants aujourd'hui inquiets pour leur projet : "Nous avons investi financièrement, nous avons versé un acompte au notaire, payé des architectes, réalisé des études de sol, nous avons contracté des crédits et même déposé des permis de construire" précise l'un d'eux.

"Si ça passe à 73€/m2, il y en a beaucoup qui resteront sur le carreau", poursuit un autre.

La promesse d'un retour au prix initial

Alertés sur la situation, les représentants de l'Etat se sont engagés à un retour en arrière : "Après intervention du préfet et du sous-préfet, il semblerait qu'un consensus ait été trouvé et qu'on puisse revenir au prix initial. Je les ai eu au téléphone ce matin, ils se sont engagés à trouver la solution qui pourra nous permettre de revenir à ce prix initial de 40€/m2" indique le maire de Moncale.

Aujourd'hui en Balagne, le prix du marché avoisine les 250€/m2, et à Moncale, une maison de village qui valait 75 000€ il y a quelques années se vend 500 000€.

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