En mars dernier, la mairie de Sisco relatait avoir reçu des intimidations au sujet de la vente du couvent de Sainte-Catherine. Six mois après les faits, et faute de preuves, l'enquête est désormais classée sans suite. Le rachat du couvent par la commune serait, lui, en bonne voie.
L'affaire avait largement indigné au sein des élus comme de la population insulaire : en mars dernier, le maire de Sisco, Ange-Pierre Vivoni, affirmait avoir reçu des menaces par téléphone au sujet du couvent de Sainte-Catherine, que la municipalité souhaite intégrer au giron communal.
Des pressions, qui, selon le maire, lui réclamaient de retirer son offre de rachat, et qu'il a rendues publiques, entraînant autour de lui et de son équipe une forte mobilisation.
Une centaine de personnes sont rassemblées devant le manoir de Sainte-Catherine à Sisco, ce dimanche matin, en soutien au maire de la commune, Ange-Pierre Vivoni. L’édile affirme avoir reçu des menaces par téléphone lui réclamant de retirer son offre de rachat du couvent. pic.twitter.com/lJnSi7jPJT
— France 3 Corse (@FTViaStella) March 21, 2021
Six mois ont depuis passé, et selon nos informations, les investigations ont permis l'identification et l'audition de l'homme derrière le coup de fil en question.
"C'était ma parole contre la sienne"
Entendu à la mi-avril à Paris par les gendarmes, l'homme a reconnu avoir téléphoné au maire de Sisco et avoir abordé le sujet du couvent de Sainte-Catherine, mais a nié toutes menaces ou intimidations. Des détails confirmés par le procureur de la République de Bastia, Arnaud Viornery, qui précise que l'affaire a été classée sans suite en juillet, "au regard de l'absence d'éléments de preuves suffisants permettant d'établir les faits".
Vous imaginez bien que ce coup de fil, auquel je ne m'attendais pas, je ne l'ai pas enregistré.
Le procureur indique avoir reçu dans la foulée le maire de Sisco pour lui expliquer les raisons de ce classement. Une décision de justice "quelque peu décevante", mais qui n'étonne pas Ange-Pierre Vivoni. "Vous imaginez bien que ce coup de fil, auquel je ne m'attendais pas, je ne l'ai pas enregistré. À partir de ce moment-là, c'était ma parole contre la sienne, et il n'y avait donc pas assez d'éléments probants. Je remercie quand même l'enquête qui a été rondement menée ".
Selon lui, l'homme qui l'a contacté serait un agent immobilier à la retraite, qui travaillerait encore aujourd'hui à son compte auprès de plusieurs clients, dans la vente de biens de prestige.
"Bien sûr, quand il m'a appelé, il n'a jamais dit qu'il voulait récupérer le couvent pour quelqu'un d'autre, il disait qu'il était personnellement interéssé. Je pense que si j'avais décidé de retirer l'offre de la mairie sur le couvent, il aurait trouvé des clients pour le reprendre. Mais ça, pour le prouver à un juge..."
Un accord conclu "avant la fin de l'année"
Ange-Pierre Vivoni reste déterminé à sanctuariser le couvent de Sainte-Catherine. Une démarche qui serait en bon ordre de marche, avec des discussions régulières avec l'Etat, qui souhaiterait conclure un accord avec la Collectivité de Corse ou la commune de Sisco, assure le maire.
Plusieurs options sont encore étudiées. "Ce qui est certain c'est que je ne lâcherai jamais l'affaire, martèle Ange-Pierre Vivoni. On ne peut décemment pas laisser notre terre corse partir en lambeaux face à la spéculation financière." Un accord pourrait être signé "avant la fin de l'année".