Suicide de Christine Renon : en Corse aussi les enseignants dénoncent leurs conditions de travail

Le suicide de Christine Renon, directrice d'une école maternelle à Pantin (Seine-Saint-Denis) a largement ému dans les rangs des enseignants. En Corse aussi, certains directeurs d'école se sont reconnus dans la lettre écrite avant sa mort à sa hiérarchie.
 

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La lettre que la directrice d'école Christine Renon a laissé à sa hiérarchie avant de suicider e 21 septembre a été beaucoup partagée. Signe qu'au-delà de l'émotion, beaucoup d'enseignants partagent sa colère. Ils dénoncent notamment la surcharge de travail et la multiplication des tâches administratives.


"Aujourd'hui, samedi, je me suis réveillée épouvantablement fatiguée, épuisée après seulement trois semaines de rentrée. Les soucis de bien avant la rentrée se sont accumulés, c'est le sort de tous les directeurs malheureusement", écrit-elle.

Elle décrit une situation où "les Directeurs sont seuls. Seuls pour apprécier les situations, seuls pour traiter la situation car les parents ne veulent pas de réponses différées, tout se passe dans la violence de l'immédiateté. Ils sont particulièrement exposés et on leur en demande de plus en plus sans jamais les protéger."

Cette lettre beaucoup d'enseignants l'ont lue. Comme Florence Riu, directrice de l'école de Borgo, qui y voit, malgré tout, un espoir : "Quand j'ai lu sa lettre je me suis retrouvée totalement, cette accumulation de tâches, ce travail continuel, cette pression. Heureusement je suis entourée de ma famille, des miens. Donc je ne suis pas dans un état suicidaire mais je comprends tout à fait son geste et c'est même au niveau symbolique un geste qu'elle fait pour notre profession. Est-ce qu'elle va réussir à nous sauver ? On l'espère."
 

"Est-ce qu'elle va réussir à nous sauver ? On l'espère"

Des directeurs d'école en Corse dénoncent eux aussi l'accumulation des responsabilités et des tâches administratives.

"Beaucoup, beaucoup, beaucoup de temps perdu, dénonce Fabien Mineo du SNUIPP-FSU, syndicat du premier degré, et également une impression de flicage de plus en plus importante. Les collègues se sentent épiés, contrôlés en permanence. Alors qu'on peut le dire, dans cette Académie la grande majorité des collègues font leur travail avec passion, avec envie et sérieux."

En Corse, les syndicats avaient tiré la sonnette d'alarme avant le suicide de Christine Renon.

Aujourd'hui, Christian Mendivé, directeur académique des services de l'éducation nationale de Haute-Corse, s'engage à changer la situation : "Je peux veiller à ce que les circulaires ne soient pas contradictoires et qu'elles puissent se compléter. Je peux limiter. On a des moyens dans l'administration aujourd'hui, avec les nouvelles technologies. On a les moyens d'améliorer notre mode de communication."

Récemment, le suicide d'un autre enseignant début septembre dans le Puy de Dôme a été rendu public par sa famille, qui accuse la hiérarchie. Ces drames mettent en lumière les conditions de travail du corps enseignant, que ce soit dans l'enseignement primaire ou secondaire.
 
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