Depuis le 1er janvier, il n'est théoriquement plus possible de se servir des titres-restaurant pour acheter des produits qui ne sont pas directement consommables, comme les pâtes ou le riz. Une nouvelle réglementation gouvernementale qui ne s'applique pas encore au pied de la lettre dans toutes les enseignes.
Pour Nathalie, c'est presque devenu un réflexe : au moment de payer ses courses, plutôt que des espèces ou sa carte bleue, c'est toujours sa carte ticket-restaurant qu'elle sort. "C'est pratique", sourit-elle.
Aussitôt celle-ci passée dans la machine, le paiement est accepté. Pourtant, depuis le 1er janvier, les règles ont changé, et les restrictions d'usage sont en principe beaucoup plus nombreuses : fini les pâtes, les œufs, les viennoiseries la viande crue ou encore le poisson frais. Seuls les produits transformés et prêts à consommer peuvent désormais être achetés avec les titres-restaurant. Le plafond de dépense journalier, jusqu'alors fixé à 25 euros, a lui été abaissé à 19 euros.
Reste que faute de modification du logiciel de caisses, nombre d'enseignes n'ont pas encore appliqué la réglementation. Un temps de répit pour les clients, souvent peu enthousiastes à l'idée de devoir changer leurs habitudes. "19 euros par jour, étant donné que cela coûte quand même assez cher de se nourrir le midi, ce n'est pas top", soupire ainsi Nathalie.
Pour François Mattei, gérant d'une supérette située à la Citadelle de Bastia, les titres-restaurant sont devenus essentiels à son commerce. Ils représentent chaque année plus de 20.000 euros de son chiffre d'affaires. Depuis qu'il les y accepte, "les gens viennent plus volontiers le midi. Ils jouent le jeu et prennent de quoi déjeuner au bureau, pour ceux qui n'ont malheureusement pas le temps de rentrer chez eux ou d'aller au restaurant."
Le reportage de Samuel Chassaigne, Capucine Laulanet et Fiona Le Ludec :
Les restaurateurs favorables à un changement de réglementation
Les restaurateurs, justement, se disent dans l'ensemble satisfaits d'un changement d'usage des tickets-restaurant. Propriétaire d'une pizzeria sur le Vieux-Port, Paola Freitag y voit une façon d'encourager la population "à consommer directement chez nous, les restaurateurs. Je pense que ça peut nous apporter un peu plus de monde".
"On a besoin que notre clientèle dépense au quotidien ses tickets-restaurant chez nous, dans nos établissements en Corse, insiste Amaury Maigret, président de la branche restauration de l'UMIH de Corse. On aimerait vraiment récupérer l'intégralité des tickets-restaurant, développer un ticket consommation dans les grandes surfaces, et tout le monde serait content."
La nouvelle réglementation va-t-elle durer ? Le 15 janvier, le Sénat étudiera une proposition de loi visant à prolonger l'utilisation des tickets dans les supermarchés. Son adoption permettrait de fait aux bénéficiaires de pouvoir continuer à utiliser leurs titres-restaurant pour faire leurs courses alimentaires, sans restrictions. Réponse la semaine prochaine.