Les professionnels du tourisme de Balagne s'alarment de la baisse de fréquentation cette année. En cause, selon eux, des transports trop peu nombreux et trop cher, et des problèmes de communication.
Les touristes, nouvelle espèce en voie de disparition en Corse ?
C'est en tout cas ce que commencent à craindre les professionnels du secteur. Car les chiffres de l'avant-saison font grincer des dents : sur toute l'île, on recense une baisse de fréquentation de 12 à 25% en mai, et de plus de 10% en juin.
Résultat, les établissements redoublent d'efforts pour tenter de séduire les vacanciers.
Comme cet hôtel à l'Ile-Rousse, par exemple. Le locataire peut ainsi profiter, en plus de sa chambre, d'une piscine, d'un hammam, d'un jacuzzi, et même de massages.
Ou ce camping, à Algajola, où l'on a le projet de construire un petit parc aquatique, en complément des autres installations déjà disponibles.
Des investissements qui sont à terme rentables... À condition que la fréquentation reparte à la hausse.
Trop peu, trop cher
Pour François Orabona, gérant de l'hôtel Casa Rossa à l'Ile-Rousse, sans mobilisation commune, le problème ne pourra pas se résorber.
"Il faut que chacun y mette du sien, du chauffeur de taxi au plagiste, pour remonter la pente sur cette saison. On doit repartir sur une page neuve pour la saison prochaine, sans faire les mêmes erreurs."
Le principal responsable de la désertion des touristes en Balagne, selon ce gérant d'hôtel ? Le manque d'avions et de bateaux.
Pire encore, les vols et traversées maritimes disponibles seraient de plus trop chers. De quoi décourager une partie des touristes. C'est du moins ce que constate Carine Loverini-David, gérante du "Camping de la plage" à Algajola :Les gens regardent le prix des transports et nous disent qu'ils ne peuvent pas se le permettre
"On a des réservations qui s'annulent de dernière minute parce que les gens regardent le prix des transports, et nous disent qu'ils ne peuvent pas se le permettre."
Un budget trop conséquent, et d'autant plus notable pour les vacanciers dès lors qu'ils le soumettent à la comparaison : "[Les voyageurs] nous expliquent très clairement que pour le prix d'un transport en Corse, ils ont une semaine tout inclus en Espagne, en Crête ou en Grèce."
Une multiplicité de propositions meilleur marché qui font dire à Carine Loverini-David que la Corse, aujourd'hui, "malgré ses atouts, n'est plus concurrentielle."
Le président de l'union des métiers et industries hôtelières Corse, Bernard Giudicelli, n'est lui pas aussi catégorique. L'urgence, à ses yeux, est de résoudre les problèmes de communication du secteur.La Corse, malgré ses atouts, n'est plus concurrentielle
"Sur ce marché touristique, qui est très concurrentiel, on n'arrive pas vraiment à construire une image de la destination. Il faut être plus visible en terme d'attractivité et en terme de transport. On souffre de problèmes de connexion sur les autres bassins émetteurs de tourisme que le continent français."
Concurrence d'AirBnB
Les vacanciers viennent sont encore nombreux à visiteur l'île de beauté, pourtant. En 2018, ils étaient 3 millions de continentaux, d'Italiens, de Grecs, ou même des touristes venus d'Europe de l'est.
Cette année, les chiffres devraient être plus faibles. Mais si sur le mois de juillet, une baisse du trafic aérien et maritime a été enregistrée, elle restait relativement faible : -5% pour les passagers transportés par les airs au 21 juillet.
Le problème, c'est que les touristes qui sont toujours présents sur le sol Corse préfèrent aux hôtels ou campings de l'île les sites de locations d'appartements.
Avec en tête la plateforme AirBnB, leader mondial du marché en ligne de l'hérbergement entre particuliers.
Urgence
Manque de communication, transports maritimes et aériens insuffisants, ou encore abandon des campings et hôtels au profit des locations d'appartements... Les raisons derrière cette "crise" touristiques sont multiples.
Mais pour les professionnels du secteur, il y a urgence. Avec des carnets de réservations qui se vident et des recettes de moins en moins importantes, c'est toute la filière touristique qui pourrait se retrouver en danger.