Trafic de stupéfiants entre la Corse et l'Espagne : de 11 à 3 ans d'emprisonnement requis en appel à Bastia

Marc Antoine et Charles Mattei, ainsi que Yassine Akhazzane ont comparu ce 19 mai devant la cour d'appel de Bastia pour association de malfaiteurs et trafic de stupéfiants. L'avocate générale a requis de la prison ferme à l'encontre des prévenus, dont l'un était absent et recherché. 

La thèse de l'élevage de poulet a du "plomb dans l'aile". Ce mercredi 19 devant la cour d'appel de Bastia, l'avocate générale Clémence Caron a requis les mêmes peines qu'en première instance à l'endroit des trois accusés.

De 11 ans à 3 ans d'emprisonnement

A l'encontre de Marc-Antoine Mattei, suspecté d'être "le principal organisateur du trafic", onze d'emprisonnement et une amende réévaluée à 150 000 euros. A l'encontre de Yassine Akhazzane, présenté comme le "bras-droit" du premier nommé, six ans d'emprisonnement et 30 000 euros d'amende. Pour Charles Mattei, cousin germain de Marc-Antoine, trois ans d'emprisonnement. Enfin, pour Jean-François Mattei, absent et visé par deux mandats de recherche, quatre ans d'emprisonnement et un mandat d'arrêt. 

Selon l'accusation, ces trois hommes sont au coeur d'un réseau de trafic de stupéfiants. Du cannabis et de la cocaïne, en l'espèce, qui auraient été achetés dans la région Barcelone pour être ensuite revendus en Balagne, à Ajaccio et à Propriano, le tout piloté depuis la microrégion du Niolu, toujours selon l'accusation. Dans une ferme du Nord de l'Espagne, 660 plants de cannabis ont été retrouvés au cours de l'enquête.

Pour l'avocate générale, l'implication des trois hommes semble irréfutable. Plus que cela, ils seraient dans doute possible à la tête du réseau. Devant le peu de preuves matérielles collectées à l'encontre des suspects suspects au cour des investigations (aucun flagrant délit, pas de saisie d'argent) l'avocate générale souligne les "précautions" prises par des hommes, visiblement  "rompus aux techniques de précaution et aux habitudes policières". En témoigne, selon elle, les nombreuses lignes téléphoniques occultes et les locations de voiture de Marc-Antoine Mattei, les téléphones laissés au domicile avant des déplacements sur le continent, les rendez-vous nocturnes et "serrés" ou autres départ précipités.

Comme si les prévenus "cherchaient à cacher quelque chose"en redoublant de méfiance. Elle souligne que les seules "erreurs" mettant les enquêteurs en alerte venaient des "sous-fifres", les petites mains qu'elle accuse d'être au service des "grands" du "clan Mattei". L'avocate générale souligne également les liens noués par les prévenus avec des personnes connues pour des faits de trafic de stupéfiants. 

15 aller-retours en Espagne pour mettre en place un élevage de poulet

Les trois hommes présentent également des casier judiciaires bien garnis. Marc-Antoine Mattei a écopé de quatre condamnations pour des faits de port d'armes, acquisition et usage de stupéfiants, vol avec effraction et excès de vitesse. De son côté Yassine Akhazzane, est mis en cause dans "deux ou trois procédures en cours". L'homme a également déjà fait de la prison, et affiche quatorze condamnationsau casier, notamment pour des faits de violence, vol avec effraction, acquisition illégale d'armes ou encore menaces de mort sur une personne dépositaire de la l'autorité publique. Akhazzane les qualifie "d'erreurs de jeunesse" qu'il dit avoir assumé en étant condamné et en effectuant ses peines. Le dernier nommé, et le seul à comparaître libre, Charles Mattei était de son côté derrière les barreaux entre 2012 et 2016.

Suspecté d'être à la tête de ce réseau, Marc-Antoine Mattei, surnommé "u mutu, le muet" pour son tempérament peu locace de l'aveu de sa propre avocate, continue de nier toute implication. Il dit ne même pas savoir quel type de drogue on le suspecte d'avoir vendu. Pour lui, les quinze allers-retours entre Corscia où il réside et le nord de l'Espagne ne concernent que l'élevage de poulet. Un projet qui visait, dit-il, à fournir des cantines scolaires en collaboration avec son ami Yassine Akhazzane. Une preuve pour son avocate de sa volonté de s'éloigner du village de Corscia et de la Corse, où sa famille souffre de sa réputation. 

"Si je m'appelais autrement, on serait tous dehors"

Me Caroline Peres- Canaletti, intervenant aux intérêts de Marc-Antoine Mattei, insiste devant la cour, exprimant que ce nom "qui dérange et qui fait peur, ne fait peur qu'à vous". Marc-Antoine Mattei, serein dans le box comme à la barre, va plus loin : "Si je m'appelais autrement, on serait tous dehors"

Il y avait deux jours prévus pour faire cette audience et vous bâclez ça en une journée. J'ai l'impression que vous faites cela pour cacher des vérités. J'ai toujours respecté la justice et je n'ai pas l'impression que la justice me respecte en retour.

Marc-Antoine Mattei

À ses côtés dans le box des accusés, Yassine Akhazzane affiche la même sérenité. Les deux hommes échangent rapidement à l'occasion. Face à la Présidente, ils montrent la même énergie, répondent à toutes les questions et se permettent d'en poser en retour.

"Il n'y a rien dans ce dossier"

Alors que l'avocate générale se félicitait des moyens mis en oeuvre par les enquêteurs, faisant référence aux nombreuses écoutes téléphoniques, filatures ou même utilisation de caméras de vidéo-surveillance, Me Antoine Vinier-Orsetti, avocat de Monsieur Akhazzane rétorque : "Vous pouvez penser qu'il ne vaut rien, vous pouvez le détester (...) mais les 39 tomes de ce dossier ne démontrent absolument rien."

Selon lui, les charges qui pèsent contre son client ne peuvent pas être retenues comme des preuves de son implication. "Il n'y a rien dans ce dossier, pas de matériel, pas de biens, pas d'argent" complète , Me Claudia Luisi, seconde avocate de Marc-Antoine Mattei.

Les avocats respectifs des trois prévenus ont tous demandé la même chose : une relaxe pure et simple de leurs clients. La décision sera rendue le mercredi 23 juin prochain. 

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