Un fichier confidentiel recense 25 bandes criminelles en Corse

Il existe au moins 25 bandes criminelles organisées en Corse. C'est ce que révèle un rapport de la direction nationale de la police judiciaire. Un document que France 3 Corse ViaStella a pu consulter, et qui met au jour l'emprise territoriale de ces équipes fichées au grand banditisme.

C'est une sorte d'album de famille de la criminalité organisée. Une note confidentielle de la Direction Générale de la police Nationale, datée du 18 mars 2022 et intitulée "Les équipes criminelles en Corse", qui dénombre 25 bandes criminelles actives sur l'île, et que nous avons pu consulter.

En juillet dernier, lors de sa visite en Corse, le ministre de l'Intérieur y faisait déjà référence : "Là où avant il y avait des groupes très organisés de criminalité un peu clanique, qui étaient fondés sur une histoire, désormais il y a une sorte d'atomisation de la criminalité, des gens qui sortent de ces clans; de ces groupes, et notamment avec les stupéfiants, se font beaucoup d'argent en dehors de ce que l'histoire du banditisme corse a connu", détaillait ainsi Gérald Darmanin.

25 équipes réparties sur le territoire insulaire

Au total, donc, 25 équipes criminelles - se composant quelques fois d'une ou deux personnes seulement -, réparties sur le territoire par micro-régions. Grand Bastia, Centre Corse, Balagne, Côte ouest, Grand Ajaccio, Côte orientale, Grand Ajaccio, Sud Corse. Des équipes détailles des plus puissantes aux plus récentes : Germani, Mariani, Federici Guazzelli, Costa, Mattei, Orsoni, Carboni, ou encore celle du Petit Bar sont listées .

Dans cette note figurent aussi leurs activités présumées. "Il y a des actions criminelles qui sont menées par ces groupes sur le territoire corse, qui peuvent être des actions d'extorsion, mais aussi aujourd'hui, on le voit, liées au trafic de stupéfiants, précise Jean-Jacques Fagni, procureur près de la cour d'appel de Bastia. Il y a aussi tout ce qui est opérations de blanchiment, qui peuvent donner lieu à des pressions sur le milieu économique local. Tout cela bien sûr va entraîner de la part de ces groupes de criminalité organisée des rivalités qui peuvent se traduire par des passages à l'acte extrêmement violents."

Des bandes plus ou moins connues

À Bastia, Jean Luc Germani, à la tête d'une équipe, "compterait ainsi parmi les individus les plus puissants du banditisme".

Une mention fermement contestée par son avocat, Me Jean-Jacques Campana. "Ce qualificatif, il le réfute complètement. Il n'aspire qu'à une seule chose : c'est que cette étiquette lui soit enlevée et qu'on le laisse vivre, lui et sa famille, normalement."

Originaire de Venzolasca, au sud de Bastia, le clan Federici, souvent appelés "les bergers braqueurs" serait le seul groupe à avoir concurrencé sérieusement la Brise de mer. "Ce type de fichage, qui consiste à stigmatiser certaines personnes, au regard de leur passé délinquant passe encore, mais en leur imputant une activité délinquante actuelle pour des faits pour lesquels ils ne sont absolument pas poursuivis me paraît extrêmement contestable", déplore Me Julien Pinelli, conseil de la famille.

Aux équipes notoires s'ajoutent des bandes moins connues, telles que l'équipe du Master café à Lucciana, ou du bar l'insolite à Ajaccio. Des groupes implantés dans leur territoire figurent aussi dans le document : Côte Ouest, Evisa, Balagne ou Propriano.

Les analystes de la police mentionnent les relations existantes entre chaque bandes, classifiées selon deux couleurs : le vert pour les liens d'amitiés, le rouge pour les conflits connus.  Des informations qui servent souvent de base aux différentes enquêtes, quand toutes ces équipes peuvent s'entraider, notamment pour des crimes, l’une menant des actions dans l’intérêt de l’autre et inversément…. Brouillant les pistes et les mobiles.

Document non-exhaustif

"C'est un document qui a vocation a évoluer. Il n'a pas la prétention d'être exhaustif. C'est un document qui représente l'actualité de nos connaissances dans ce domaine-là, au moment donné", insiste Thierry de Maria, directeur de la police judiciaire de Corse.

Les observateurs du banditisme corse pourraient être surpris de la présence ou de l'absence de certains profils. Un point néanmoins à souligner : ce document n'a pas pour objectif de dire s'il existe ou pas une mafia.

Mais une des équipes, le Petit Bar, qui règnerait sur la région d'Ajaccio est qualifiée "de par ses liens avec le milieu économique et politique" de "véritable empire mafieux" .

Aucune condamnation n'a à ce jour été prononcée dans ce sens.

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