Les triple champions du monde de rugby se sont installés pour une semaine à Biguglia, en Haute-Corse. Ils y lancent le compte à rebours qui les mènera à leur entrée dans la compétition, le 10 septembre prochain, à Marseille, face à l'Ecosse. Nous sommes allés à leur rencontre.
Ce n’est pas vraiment un lundi matin comme les autres à l’hôtel Mercure, à la sortie sud de Bastia.
Habituellement, dans la grande salle du bar de l’hôtel, les voyageurs d’affaires en costume côtoient les pilotes des compagnies aériennes qui s’apprêtent à rejoindre l’aéroport voisin de Poretta, dans une ambiance plutôt formelle.
Ce matin, changement d’ambiance. Entre les tables slaloment des colosses qui frôlent les deux mètres, larges comme des armoires normandes, des tatouages tribaux dépassant de leur tee-shirt coloré.
Depuis hier, les Springboks sont dans la place. Et quand on est champion du monde de rugby en titre, difficile de faire dans la discrétion.
Effervescence
Durant une semaine, l’hôtel va être le quartier général de l’équipe sud-africaine. Représentants de la Fédération Française de Rugby, chargés de Com’, journalistes de Corse et envoyés spéciaux, membres du staff, tout le monde s’agite, téléphone vissé à l’oreille, ou scotché à l’écran de son ordinateur portable. Plus de 40 journalistes sont accrédités pour la semaine des Sudafs en Corse.
Les joueurs du XV sud-africain, eux, sont plus détendus. Ils répondent en souriant aux sollicitations de la presse et des fans. Vendredi soir, ils ont humilié la Nouvelle-Zélande à l’occasion du dernier match de préparation avant la Coupe du monde. Sur la pelouse de Twickenham, ils ont infligé aux All blacks la plus lourde défaite de leur histoire (35 à 7). De quoi aborder la suite des événements de la meilleure des manières.
Mais si les Springboks ne boudent pas leur plaisir, pas question de se reposer sur leurs lauriers, comme nous l’explique Deon Fourie, le troisième ligne centre des Sud-Africains : « Bien sûr, on a fait un très bon match contre les All blacks. Mais ce matin, on a consacré la majeure partie de notre briefing à analyser la rencontre, afin de voir les choses que l’on peut mieux faire. Il n’y a jamais de match parfait ».
C’est une poule très difficile. Il faut qu’on arrive à rester concentrés sur notre premier match contre l'Ecosse
Daan Human, entraîneur des avants
Daan Human, l’entraîneur des avants, acquiesce. Lui pense avant tout à gérer les conséquences de l’après-match, pour attaquer cette semaine de préparation du mieux possible. « C’était un vrai combat, à Twickenham. Tout le monde n’a pas encore vraiment récupéré, au sein de notre groupe ». L’ancien joueur du Stade toulousain, qui a conservé quelques rudiments de Français, sourit. « N’oubliez pas qu’on est un groupe âgé. On a quatre ans de plus qu’il y a quatre ans ! »
Confirmer leur statut
Et puis, tous les amateurs de Rugby le savent, la poule des Springboks sent le traquenard. Alors pas question d’attaquer la compétition la fleur au fusil. « C’est une poule très difficile. Alors il ne faut pas trop réfléchir ou chercher à se projeter. Il faut qu’on arrive à rester concentrés sur notre premier match ».
Cet après-midi, le groupe s’est entraîné pour la première fois en Corse, sur la pelouse du stade Tamburini, à Biguglia. Au programme, détaille Daan Human, « le coup d’envoi, sortir de notre camp, et puis un peu de défense. À partir de demain, on déroulera. Attaque, mêlée, maul… Une semaine classique, finalement ».
On est conscients de représenter l’Afrique du Sud, on en est très fiers, et on essaie d’être à la hauteur de ça
Siya Kolisi, capitaine des Springboks
Une semaine classique, dans un environnement qui l’est moins, souligne Siya Kolisi. « Les conditions sont formidables, en Corse. Il fait très chaud, c’est vrai, mais la chaleur, elle est aussi chez les gens que l’on rencontre. Et on aime beaucoup ça. C’est fondamental, pour nous, de nouer des relations avec les autres, partout où l’on va. On est conscients de représenter l’Afrique du Sud, on en est très fiers, et on essaie d’être à la hauteur de ça ».
Au cours de leur séjour en Corse, les Springboks ne resteront pas enfermés dans leur camp de base. Le staff a dégagé du temps dans leur emploi du temps chargé pour qu’ils puissent aller à la découverte de la Corse. Mais également pour qu’ils rencontrent les insulaires. Les fans de rugby, lors d’une séance de dédicaces mardi, les jeunes pratiquants de ce sport, à Lumio, mercredi, avant de rencontrer des enfants et des adolescents en situation de handicap, jeudi, à Biguglia.