" Il y a une légitimité absolument incontestable de la part des élus corses à revendiquer cette autonomie", assure Christiane Taubira

L'ancienne garde des Sceaux a continué sa visite en Corse, ce jeudi 12 septembre. Christiane Taubira a participé à à la rentrée de la faculté de droit de Corte. Journée à l'issue de laquelle elle a accordé un entretien à France 3 Corse ViaStella.

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Second jour de visite dans l'île pour Christiane Taubira. Après son audition devant l'assemblée de Corse mercredi, l'ancienne Garde des Sceaux, grande spécialiste des Outre-mer, et fervente défenseure des droits humains, était ce jeudi 12 septembre, à Corte pour la rentrée de la faculté de droit. Elle en est la marraine cette année, à l'initiative de la professeur et constitutionnaliste Wanda Mastor. 

À l'issue de cette journée, Christiane Taubira a accordé un entretien à France 3 Corse ViaStella.

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Quel message avez-vous eu envie d’adresser aux étudiants de droit de cette année ?  

Je les ai pris au sérieux. Mon intervention présupposait un niveau de compréhension, un niveau de projection, et une attention, sur les grandes problématiques du monde qui sont liées à leur génération.  

J’ai toujours une tendresse particulière pour les jeunes, donc je viens là en tant qu’aînée, d’une certaine façon déployer une espèce d’ombre de protection. Nous avons une expérience avant eux, avant elles, et je crois qu’il est légitime que cette expérience leur profite.  

Mon message principal, c’est qu’ils aient confiance en eux, et en elles. Que ces jeunes femmes, ces jeunes hommes, sachent que le chemin qui est devant est le chemin qu’ils et elles vont ouvrir eux-mêmes.  

Les professeurs les accompagnent, l’université établit le cadre dans lequel avec rigueur, discipline et joie, elles et ils avancent, et le passage ponctuel d’une personnalité comme moi, c’est leur dire qu’il y a des parcours possibles, il y a un certain nombre de prouesses possibles si on est exigeant et exigeante avec soi-même. Ils et elles ont le potentiel pour choisir leur propre voie.  

Votre passage a aussi été l’occasion, mercredi, d’aborder la situation institutionnelle de l’île avec notamment le président de l’exécutif de Corse. Quelle est votre position sur le processus qui était en cours jusqu’au changement de gouvernement ?  

Ce qui est clair, c’est qu’il y a une légitimité absolument incontestable de la part des élus corses à revendiquer cette autonomie puisqu’ils font depuis plusieurs années des campagnes électorales, qui aboutissent à des résultats majoritaires, où incontestablement, sans la moindre ambiguïté, sans le moindre quiproquo, la question de l’autonomie est posée.  

Ce sont donc des élus qui ont une légitimité démocratique pour discuter avec l’État du format, de la voilure, du contenu, de cette autonomie.  

Pour moi, c’est un contact et une rencontre extrêmement importante, d’autant que vous avez des élus de très grande qualité en termes de profondeur politique, en termes de rigueur d’analyse, en termes aussi de déploiement culturel. Cela compte beaucoup : connaître son Histoire, la langue. C’est tout un patrimoine qui fait la cohésion de la communauté là. Je viens en solidarité, en soutien, en curiosité aussi et en respect.  

Un soutien qui va prendre quelle forme ? Vous êtes en retrait de la vie politique, peut-on penser à un soutien politique ou un soutien technique ?  

Il se trouve que ma parole, qui est quand même très fréquemment sollicitée, est une parole qui a un poids. Un poids, sans aucune vanité, lié à mes expériences législatives nationales, législatives européennes et ministérielles, c’est-à-dire, au pouvoir exécutif.  

C’est une parole qui a encore une capacité à contribuer à la crédibilité. Cela, je la porte sans la moindre réserve et sans la moindre réticence. Mais par ailleurs, je peux dire très clairement que je viens de ce que l’on appelle les outre-mer, de la Guyane en particulier, mais les autres outre-mer sont également travaillées par cette nécessité de poser très clairement toute une série de problématiques territoriales, les réponses les mieux ajustées à ces problématiques territoriales, et la légitimité pour celles et ceux qui ont la confiance des électrices et des électeurs pour construire des réponses au plus proche de ces réalités territoriales.  

Il y a évidemment ce soutien, mais aussi cette curiosité et cette solidarité liés au fait que l’on comprend plus facilement l’urgence d’une capacité à apporter des réponses qui vont mettre un terme à toute une série d’indicateurs défavorables parce que les réponses générales, souvent, sont inadaptées.  

Vous parlez de confiance, est-ce que vous avez confiance en Michel Barnier, au prochain gouvernement qu’il va mettre en place pour continuer ces processus d’autonomie ?  

Je ne pose pas les choses en matière de confiance vis-à-vis de Monsieur Barnier en tant qu’homme politique, je pose la question du respect de la lettre de la Constitution de la Ve République et je pose la question de la rationalité et du respect du fonctionnement de nos institutions.

Et de ce point de vue, il est incontestable qu’il n’y a pas de légitimité démocratique en tant que telle à la nomination de Monsieur Barnier. La légitimité démocratique au sens du droit de la prérogative du président de la République de nommer le Premier ministre, comme c’est indiqué dans la Constitution, certes.

Mais à la suite d’une dissolution qui a donné un résultat absolument clair de choix des électeurs et électrices sur les tendances, les politiques, les urgences, les priorités ... Incontestablement, la réponse apportée par le président de la République ne correspond pas à ce choix, ne respecte pas ce choix et donc pose très sérieusement la question de la légitimité démocratique d’un gouvernement qui n’en est pas extrait.   

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