Pour Gilles Simeoni, président du conseil executif, des "phénomènes de spéculations et de dépossessions" frapperaient la Corse, rendant certaines communes "inacessibles". Des conclusions tirées d'un rapport sur les marchés fonciers et immobiliers, présenté aujourd'hui à l'Assemblée de Corse.
Dans un rapport présenté à l'Assemblée de Corse et publié ce vendredi 26 juillet, Gilles Simeoni, le président du conseil exécutif de Corse pointe les prix trop élevés des terrains en Corse, faisant de certaines communes des zones « inaccessibles » aux habitants.
Le rapport tire ses conclusions de plusieurs enquêtes menées par l’INSEE, Corsica Statistica, et le Ministère de la Cohésion des Territoires.
Rapport à compléter, oui. Mais les chiffres, les cartes, les tendances lourdes sont clairs. Sans réponse politique forte & d'ensemble, les logiques de spéculation et de dépossession à l’œuvre en Corse détruirons le lien historique entre le peuple corse et sa terre. Inenvisageable pic.twitter.com/k1eCUEEP5F
— Gilles Simeoni (@Gilles_Simeoni) July 26, 2019
Il met en évidence une hausse forte et continue du prix des terrains en Corse : ainsi, entre 2006 et 2017, la surface moyenne des terrains a diminué de 36%, et les prix ont augmenté de 51%.
Plus marquant encore, sur la même période, le prix moyen au m² d’un terrain à bâtir a connu une augmentation spectaculaire de +138% en Corse, quand la moyenne nationale se situe à +68%.
Dans le cas des maisons individuelles, et sur la période 2006-2017, le coût du foncier a augmenté quatre fois plus vite que le coût du logement en Corse.
Un bilan équivoque pour Gilles Simeoni, qui estime que pour limiter la hausse des prix immobiliers, il serait plus efficace d’agir sur le prix du foncier – les hausses des prix de terrain en Corse constituant une part croissante dans les coût de production des habitats – que sur celui du logement.
Concentration de la pression foncière
Autre point soulevé dans ce rapport : le gros des ventes d’appartements et maisons s’organise dans un nombre limité de communes corses.
Le marché de vente de maisons, qui représentait un montant cumulé pour la période 2010-2017 de près de 2,8 milliards d’euros, a été assuré à 80% par 48 communes.
Des communes situées en grande majorité dans la région ajacienne, l’Extrême Sud, la Balagne et la région bastiaise.
Un chiffre plus frappant encore pour les ventes d’appartements : sur la même période, 80% des transactions, d'un montant total de plus de 3,8 milliards d’euros, ont été effectuées sur 17 communes.
Avec Ajaccio en tête, représentant à elle seule 29% de l’ensemble du marché.
Suivent ensuite les grandes villes Corse : Bastia, Porto-Vecchio et Calvi, un quart du marché à elles trois.
Communes inaccessibles
Problème, la hausse des prix immobiliers n’est pas allée de pair avec une hausse du prix des salaires des ménages Corses, rendant certaines communes des régions Corse « inaccessibles ».
Pour le pays bastias, par exemple, 17% des communes sont jugés non-accessibles aux ménages ayant un salaire proche du revenu médian : parmi elles, Biguglia, Furiani, ou encore Santa Maria di Lota.
Des communes « inaccessibles » toutes situées sur le littoral ou à proximité immédiate, ce qui convainc le président du conseil exécutif de la corrélation entre la proximité au littoral du logement - qui rend de fait le terrain plus cher - et sa difficulté d’accès aux jeunes ménages.
Le rapport relève enfin les différences de prix moyen d’un logement en Corse parfois massives entre les régions : alors que dans le Centre Corse, le prix médian d’une maison T4 est de l’ordre de 127 950 euros, il s’élève à près de 350 000 euros dans la région ajaccienne.
Pour aller plus loin : le rapport complet