#InCasa : Que lire, que regarder pendant le confinement : les conseils de nos invités très spéciaux ! (Episode 2)

Chaque jour, des auteurs et des acteurs culturels renommés de Corse et d'ailleurs concoctent un conseil pour nos internautes. Et le casting est de choix ! Aujourd'hui, le monumental Seigneur des Porcheries est conseillé par François Médéline. 

Le conseil littérature de François Médéline :

76ème jour d’épidémie  - 14h21 PM (heure non insulaire)

Conseil de confinement de François Médéline dit Ceccè.
(Très chanceux : l’écriture est déjà un confinement ; j’ai aussi un très grand jardin, et on pense tous aux ouvriers qui vont bosser, aux chauffeurs routiers et évidemment aux personnels soignants et à tous les autres…)

Le Jour 0, Emmanuel Macron a dit : « Tout ce qui nous semblait impossible est aujourd’hui possible ».
 


Après 7 jours de confinement,

NOUS SAVONS DONC QUE :
L’Etat français va devoir annuler la dette publique.
Sa dépense peut nous sauver.

ET VOUS SAVEZ QUE :
Les professeurs doivent être mieux payés que les pilotes de ligne.
Les avions sont cloués au sol et vous enseignez à vos enfants la journée, vous n’en pouvez plus.

Vous cherchez évidemment et désespérément LE LIVRE qui résume vos divagations spirituelles sur vous, votre famille, vos voisins, votre île et le monde.
VOUS AVEZ DE LA CHANCE.

Ce livre existe.
 


Il a été publié en 1988 par un dénommé Tristan Egolf, américain en transhumance à Paris.
Il porte un titre magistral : LE SEIGNEUR DES PORCHERIES.

Retenez bien : LE SEIGNEUR DES PORCHERIES.

AVANT : vous n’en aviez jamais entendu parlé ?
MAINTENANT : vous le voulez.
A TOUT PRIX.

 

Le temps est venu de tuer le veau gras et d'armer les justes - Tristan Egolf


Le héros du Seigneur des porcheries est comme nous, humain, toujours trop humain.
Il s’appelle John Kaltenbrunner et a une drôle de vie.

Déjà, il perd son père très jeune, le héros de son patelin, à Baker/USA dans la Corn Belt. Un héros aux mains sales, condamné à mourir.
Alors John se lance dans l’exploitation agricole.
Il doit avoir huit ans.
Même qu’il monte son tracteur Bucéphale en ville, comme Gargantua montait son cheval de bois, pour aller à l’école pas vraiment faite pour lui.
John semble différent, mais il vit, avec maman. Il trouve même le trésor caché de son père dans la maison.
Un bon livre recèle toujours un vrai trésor.

Pourtant, la guigne le poursuit. Il est obligé de quitter sa terre, paria des siens et exclu par tous, comme il sera obligé d’y revenir bientôt, mi-pestiféré, mi-Dieu.
 


Si vous lisez son histoire, vous vivrez une chasse au cochon, au moins deux inondations, les salaires dilapidés dès le soir, et quinze bagarres dont la dernière, lors d’un match de basket-ball, absolument gigantesque.
Et vous sonderez le fantasme d’une Amérique profonde, incestueuse, alcoolique, violente, raciste et mal croyante.

Grâce à qui ?
Grâce à John Kalterbrunner, désormais éboueur, qui organise avec ses apôtres une grève des poubelles dans toute la ville. Une grève qui met à nue toutes les permanences de la condition humaine.

 

Quinze bagarres dont la dernière, lors d'un match de basket-ball, absolument gigantesque


Un éboueur ? Oui, juste un éboueur, de ceux que nous voyons derrière les camions-poubelle. Un éboueur qui va distiller les graines de la solidarité parmi son équipe de cul-terreux. Si beaux prolétaires aux dents noires et aux gueules tordues qui charrient notre odeur à tous. Une grève pour semer le chaos et révéler leur grâce.
Comme si par grand beau temps, on avait besoin des banquiers et qu’à la fin du monde, les sous-payés de la division du travail devenaient nos soldats.

 

Tour de force que seules les œuvres d’art permettent ?


Autant critique du capitalisme que chef d’œuvre stylistique dans les traces de Louis-Ferdinand Céline (et/ou de Rabelais), LE SEIGNEUR DES PORCHERIES répondra à toutes les interrogations que vous avez, là, confinés chez vous. Et aux questions que vous ne vous posez pas.

Vous palperez jusqu’aux ressorts de cette énergie, que les savants appellent le sacré et que les croyants appellent Dieu, cette force qui passe entre nous et dans les foules lors d’un office religieux ou d’un match de foot à Anfield ou d’un chant ancestral.

 
 

Le seigneur des porcheries répondra à toutes les interrogations que vous avez, là, confinés chez vous. Et aux questions que vous ne vous posez pas.
Evidemment, Tristan Egolf a fini par se suicider. Et nous sommes vivants.

Nous savons que la plupart des livres et films post-apocalyptiques, sont… bidon : en quinze jours, les bancs de poissons sont de retour dans la lagune de Venise et des petits Chinois ont pu entr'apercevoir le ciel devenu bleu.
Lisez donc LE SEIGNEUR DES PORCHERIES !

Ceccè

Post-scriptum : si écrire, c’est mourir, lire, c’est vivre


(Nota bene : on peut le commander à la librairie [en ligne ou par mail ; plutôt que sur Amazon qui paie l’impôt sur les sociétés au Luxembourg et confine depuis longtemps ses salariés dans des entrepôts et a décidé de les confiner un peu d’avantage depuis le jour 0] et vous l’aurez dans quinze jours, un mois, peut-être trois…
Ce n’est pas grave.
Un jour tout ça s’arrêtera. On peut aussi attendre une lecture. Le confinement nous aura appris que quand certaines vies s’arrêtent vite, celles des vivants méritent sans doute de se vivre à un autre rythme que l’instant.

 


François Médéline, la bio :

En 2017, après dix années passées à chuchoter à l’oreille des hommes politiques, François Médéline, diplômé en sociologie politique et en linguistique, décide de se consacrer à la littérature.
Tuer Jupiter, qu’il publie l’année suivante, va faire grand bruit.
Et confirmer qu’il a fait le bon choix.

Ce roman qui met en scène l’assassinat d’Emmanuel Macron, est d’une audace folle, sur le fond comme dans la forme.
Le 2 décembre 2018, président nouvellement élu rejoint le Panthéon.
Le pays, le gouvernement et ses proches sont plongés dans la stupeur.
Ne reste plus qu'à remonter le temps, pour tenter de comprendre.
Avec Tuer Jupiter, François Médéline, en fin connaisseur du monde de la politique, invente la plus incroyable des Fake news. 
De sa plume explosive, il nous offre une fiction politique moderne et percutante.
A mi-chemin entre la farce tragique et le roman déjanté. 


 

► Retrouvez la biliothèque du confinement conseillée par les invités de France 3 Corse :


- LAURENT CHALUMEAU
vous parle de 
Le maître de Ballantrae, de Robert Louis Stevenson
 
 

- JACKY SCHWARTZMANN
vous parle de 
Chernobyl et Vinyl
 
 

- PHILIPPE JAENADA
vous parle de 
Jacques le Fataliste de Diderot
 
 
Avoir le temps, pour une fois...
La phrase que les libraires, les bibliothécaires et les écrivains entendent le plus souvent, c'est "J'adore lire, mais j'ai jamais le temps !". 
Maintenant, et pour quelques jours au moins, nous l'avons. 

Vous êtes chez vous, et vous avez regardé mille fois tous les épisodes de Friends. 
Que l'on soit grand lecteur, lecteur occasionnel, ou pas du tout lecteur, c'est le moment où jamais de tenter des choses, de sortir de sa zone de confort, de prendre le temps de regarder des films, d'écouter des disques, de lire des livres, ceux qu'on laisse de côté, qu'on garde pour plus tard sans jamais y aller, ou dont on est persuadés qu'ils ne sont pas pour nous. 
Avoir le temps de lire, pour une fois.
Le risque, c'est celui d'avoir perdu quelques heures qui, de toute manière, ne vous manquent pas, si par malheur ça ne vous plaît pas.
Le pari, c'est de passer quelques heures formidables qui vous divertiront, vous ferons rire, bousculeront vos certitudes, vous ferons faire un pas de côté, et voir les choses un peu autrement. 
Ca vaut le coup d'essayer. 

On a demandé à des écrivains, des libraires, des artistes, des bibliothécaires de choisir un livre pour les Corses confinés chez eux, et de nous dire, en quelques mots, pourquoi ce choix. 
Et tous ont répondu favorablement. 
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