Les incendies en hiver sont-ils aussi surprenants que ce que l'on peut imaginer? Une plongée dans les archives du Corsica Sera révèle que ce phénomène occasionnel n'est pourtant pas inédit. Pour autant, l'ampleur de l'incendie de la semaine dernière inquiète les professionnels de la sécurité civile.
Le 27 janvier 1995, en plein hiver, un incendie ravage le maquis à San’Andrea-di-Cotone. « Sant’Andrea-di-Cotone nous a posé des problèmes dans la nuit. On a eu un véhicule particulier détruit. On a eu deux maisons touchées par les flammes et on a eu un hangar endommagé également. Il faut savoir que ce sont des zones, à la différence avec la saison estivale, qui sont essentiellement touchées l’hiver », indiquait à l’époque …
Des incendies en hiver, ce n’est pas une vue de l’esprit. En février 1990, un autre feu touche la commune de Taglio Isolaccio. Des feux au mois de janvier, le colonel Bruno Maestracci en a éteint plusieurs.
Pourtant, celui qui a frappé la Plaine orientale la semaine dernière s’est présenté sous des aspects exceptionnels. « La sécheresse extrême à laquelle a été soumise la Corse tout l’été dernier, et même avant, fait qu’il y a beaucoup d’arbres qui sont certainement morts et qui ont constitué plus de combustibles parce que c’est du bois sec. Donc ça s’enflamme plus facilement. Je ne crois pas qu’on ait eu des températures normales le 2 janvier. On était au-dessus des moyennes saisonnières. Et c’est pareil pour le vent. Je crois que c’était une conjonction d’éléments exceptionnels », estime le colonel Maestracci.
Davantage de formation
En 2017, la saison des feux a commencé en mars à Bastelica. 500 hectares étaient partis en fumée, cinq pompiers ont été blessés. Cela signifie-t-il que le combat contre l’incendie devient permanent ?
Pour Bruno Maestracci, la montée des températures et la multiplication des tempêtes obligent à davantage de formation. « Est-ce qu’on détecte suffisamment tôt les problèmes liés au climat aujourd’hui ? C’est la vraie question. On doit former des futurs gestionnaires de crises quelles qu’elles soient, qui soient capables de penser en dehors du cadre et qui soient capables d’avoir une culture suffisante.
De façon à ce qu’ils soient capables de comprendre les phénomènes, de façon à ce qu’ils puissent être vis-à-vis des décideurs politiques en capacité de leur proposer des choix face à des solutions qui sortent un peu de l’ordinaire », continue-t-il.
Face à la montée du risque, le service départemental d’incendie et de secours de la Corse-du-Sud encourage les citoyens à devenir acteurs de la sécurité civile. Pour soutenir les pompiers.