La salle de culte des musulmans quartier Saint-Jean à Ajaccio a retrouvé ses fidèles samedi. Mais au-delà de la prière, les corans brûlés, les manifestations et les slogans racistes criés le long des immeubles à Noël sont toujours au cœur des discussions.
La communauté musulmane d'Ajaccio s'inquiète des amalgames entre islam et terrorisme. "On s'est tous senti visé quand on a entendu des cris à l'encontre des arabes", explique Mounim El Khalfioui, responsable de la salle de prière de Saint Jean. "On a le sentiment qu'ils (les manifestants) ont généralisé".
Le 24 décembre dans l'après-midi des incidents avaient éclaté dans le quartier populaire des Jardins de l'Empereur, avant l'agression de deux pompiers et d'un policier, attirés dans une embuscade durant la nuit de Noël.
Ces événements avaient déclenché des protestations et des manifestations quotidiennes de plusieurs centaines de personnes, pendant trois jours.
Le 25 décembre, la salle de prière musulmane du quartier Saint Jean avait été saccagée, en marge de la première marche et celle-ci avait été émaillée de propos racistes, comme "Arabi fora" (les Arabes dehors).
Devant la multiplication des actes islamophobes, une réunion régionale des instances du culte musulman doit se tenir dimanche à Ajaccio où seront évoqués des pistes pour tenter d'apaiser les communautés.
Mais l'inquiétude se porte aussi sur la rentrée scolaire, lundi. Beaucoup de familles maghrébines s'inquiètent de ce moment où les enfants, collégiens et lycéens vont se retrouver dans la cour après de lourdes vacances de Noël.
Aller plus loin: le reportage de Florence Antomarchi et Franck Rombaldi
Le point sur l'enquête
Le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve s'était rendu le 30 décembre en Corse afin d'afficher la fermeté de l'Etat après ces manifestations racistes, annonçant une sécurité renforcée dans le quartier théâtre des incidents.L'enquête ne semble pas beaucoup progresser. Deux jeunes hommes soupçonnés d'être impliqués dans des violences de l'après-midi du 24 décembre ont été mis en examen.
L'un des suspects, âgé de 18 ans, a été mis en examen pour "dégradations par un moyen dangereux", et écroué pour avoir mis feu à des palettes dans l'après-midi.
Le second, âgé de 19 ans, a été mis en examen pour "complicité de dégradations" et placé sous contrôle judiciaire. A ce stade, aucun des deux n'est directement relié à l'agression de pompiers, ni aux dégradations de la salle de prière.