Entre nationalisme et grand banditisme

Les enquêteurs s'interrogent après ce nouvel assassinat qui frappe un quatrième proche d'Alain Orsoni.

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Valls en Corse: Des mots durs, mais pas d'annonces

Quelques heures après l'assassinat de Jacques Nacer, le ministre de l'Intérieur et la Garde des sceaux ont avancé la visite qu'ils avaient prévu en Corse à la fin du mois. Manuel Valls et Christiane Taubira ont voulu montrer la détermination du gouvernement. Des mots durs, mais peu d'annonces.

Jacques Nacer, le président de la Chambre de commerce et d'industrie (CCI) de Corse-du-Sud tué par balles mercredi à Ajaccio, est le quatrième proche de l'ancien dirigeant nationaliste Alain Orsoni à être assassiné depuis 2009.

De source proche du dossier, "cet assassinat s'inscrit dans la série récente d'homicides et de tentatives à Ajaccio".

Agé de 49 ans et père de deux enfants, le président de la CCI, notable très actif et connu en Corse, était aussi secrétaire général du club de football de L1, l'AC Ajaccio, présidé par Alain Orsoni. Exécuté "avec beaucoup de sang froid, sans doute par un tueur calme et déterminé" qui s'est enfui à pied, précisera même le ministre de l'Intérieur Manuel Valls, expressément venu en Corse jeudi accompagné de la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et ce à la demande du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

L'assassinat de Jacques Nacer, quatrième en moins d'un mois dans l'île et 17ème depuis janvier, a été commis quelques semaines après celui de l'avocat Antoine Sollacaro, qui avait provoqué un sursaut du gouvernement. Il avait été tué au volant de sa voiture, le 16 octobre, dans une station-service d'Ajaccio. Ancien bâtonnier, Me Sollacaro, 63 ans, était notamment l'avocat de l'ACA et un proche d'Alain Orsoni. Les deux hommes avaient milité dans les années 1980 au sein de la même organisation nationaliste, le Mouvement pour l'autodétermination (MPA), vitrine légale d'une branche du Front de libération nationale de la Corse (FLNC). Il défendait aussi un autre compagnon de route d'Alain Orsoni, Antoine Nivaggioni, reconverti dans la sécurité et tué par balles à 49 ans le 18 octobre 2010, encore à Ajaccio. Sa disparition était intervenue peu avant le procès, à Marseille, de la Société méditerranéenne de sécurité (SMS) qu'il dirigeait et qui était impliquée dans une vaste fraude aux marchés publics en Corse et dans le Var.

Antoine Nivaggioni avait créé la SMS au début des années 2000 avec un autre ancien nationaliste, Yves Manunta, avec lequel il s'était ensuite fâché. Celui-ci a été assassiné à Ajaccio en juillet, à 50 ans, après avoir échappé à une précédente tentative en novembre 2011. Début octobre, un fils de Jacques Nacer avait été interrogé par la police après l'interpellation de plusieurs hommes à Ajaccio, près du domicile de la famille Manunta, soupçonnés de vouloir s'en prendre à son fils. Antoine Nivaggioni avait rejoint quelque temps Alain Orsoni durant ses treize ans d'exil en Amérique latine, puis en Espagne, avant que celui-ci ne rentre en Corse, en 2008, pour prendre la direction de l'ACA, échappant alors à un projet d'assassinat. Peu après, un autre proche d'Alain Orsoni au sein du MPA, Alain Lucchini, gérant de bar à Ajaccio, était grièvement blessé par balles à bord de son 4x4 sur la route de l'aéroport.

Depuis, Alain Orsoni, qui vit dans le village familial de Vero, près d'Ajaccio, se déplace peu et généralement à bord d'une puissante voiture de tourisme blindée. Un autre de ses proches et ancien du MPA, Noël Andreani, avait été tué par balles, toujours à Ajaccio, le 26 juin 2009, alors qu'il circulait en scooter près de son domicile. Me Sollacaro devait prochainement représenter la veuve de Noël Andreani au procès de cet homicide devant les assises des Bouches-du-Rhône.

Un cinquième proche du président de l'ACA, Charles Cervoni, 46 ans, a échappé à une tentative de meurtre le 1er septembre au centre de la cité impériale. Employé d'une buvette du stade François Coty, siège de l'ACA, Charles Cervoni avait été grièvement blessé de plusieurs balles alors qu'il circulait en voiture, de retour d'un match.

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