Les jurés de la cour d'assises de Haute-Corse se sont prononcés sur la culpabilité de Gaëlle Grouchetzky.
Infanticide de Cardo, ouverture du procès
L'ouverture d'un procès à l'ambiance très pesante aujourd'hui devant la cour d'assises de Haute-Corse. Une mère de famille comparait pour un double infanticide, accusée d'avoir tué ses deux petits garçons âgés de 2 et 4 ans le 13 janvier 2010, à Cardo, sur les hauteurs de Bastia.
Deux heures et demi. C’est le temps qu’il aura fallu aux jurés de la cour d'assises de Haute-Corse pour se forger une intime conviction. La cour n'a finalement pas retenu "l’abolition de discernement", retenant plutôt le principe d'une "altération de discernement", moment terrible où Gaëlle Grouchetzky a basculé, tuant ses deux jeunes enfants.
Le rappel des faits :
Le 13 janvier 2010, deux garçonnets de deux et quatre ans étaient retrouvés sans vie dans la baignoire du domicile familial, à Cardo, sur les hauteurs de Bastia. Gaëlle Grouchetzky, 37 ans, avait appelé la police à la mi-journée en indiquant "qu'elle venait de tuer ses enfants". Le procès pour "homicide volontaire" doit durer quatre jours.
Séparée de son conjoint depuis plusieurs mois au moment des faits, la mère vivait avec ses deux garçons dans un appartement du hameau de Cardo. La séparation pourrait être à l'origine du drame. Le père, entendu par la police judiciaire durant l'enquête, avait évoqué "une séparation difficile et une fragilité psychologique" de son épouse. La famille faisait d'ailleurs l'objet d'une mesure d'accompagnement. L’autopsie des corps des deux garçonnets avait révélé que les enfants avaient ingéré des somnifères avant d'être noyés.
Le drame avait secoué le petit village de Cardo, qui compte quelques 225 habitants, et où Gaëlle Grouchetzky passait pour une maman qui s'occupait bien de ses enfants, Raphaël et Gabriel. Des petits garçons "toujours propres" et "bien habillés" aux dires des témoins, où rien dans le comportement en classe de l’aîné, Gabriel, ne laissait supposer des problèmes familiaux. La maîtresse d’école fera d’ailleurs parti des nombreux témoins entendus pendant ce procès.
"Noyés, l’un après l’autre, le plus petit en premier"
Au deuxième jour d'audience, Gaëlle grouchetzky, accusée de double infanticide, a enfin accepté de raconter comment elle a tué ses deux petits garçons, l'un après l'autre, le plus petit en premier, en leur maintenant la tête sous l'eau dans la baignoire du domicile familial de Cardo. Ce 13 janvier 2010, elle dit avoir agi comme un robot. Une hypothèse que réfute les parties civiles, évoquant la volonté et la maitrise de soi dont elle a fait preuve lors du passage à l'acte. (correspondance d'Emilie Arraudeau)
Des troubles de la personnalité mais pas de maladie mentale
La troisième journée de ce procès a été consacrée mercredi à l'audition des experts psychiatres pour déterminer l'état mental de l'accusée. Gaëlle Groutchezky est-elle atteinte d'une maladie mentale ? Plusieurs experts psychiatres ont été interrogés mais tous ont été formels et écartent l'hypothèse d'une maladie mentale. Pour eux, l'accusée souffre de troubles narcissiques graves. Pour sa défense, il s'agit plus d'une psychose.
Un geste prémédité et calculé
Pour la première fois jeudi, au troisième jour de son procès, Gaëlle Grouchetzky, accusée de double infanticide devant la cour d'assises de Haute-Corse, a exprimé des regrets. Elle dit ne pas pouvoir expliquer son geste. Mais les parties civiles, qui ont attaqué leurs plaidoiries, veulent démontrer qu'elle a agit en conscience pour punir le père de leur séparation en lui retirant leurs deux jeunes garçons.
30 ans de prison sans peine de sureté
Le ministère public a requis vendredi matin 30 ans de prison contre Gaëlle Grouchetzky, accusée de double infanticide. Dans son réquisitoire, le parquet n’a pas réclamé de période de sureté. Le procureur considère toutefois que l'accusée s'est rendue coupable d'une injustice sidérante, qu'elle ne souffre d'aucune pathologie, qu'elle a fait preuve d'une détermination absolue. Ce procès se poursuit cet après-midi avec les plaidoiries de la défense.
La défense plaide "l'abolition du discernement"
Toute l'après-midi, les trois avocats de Gaëlle Grouchetzky ont tenté de minimiser la responsabilité de son passage à l'acte. Devant la cour d'assises de Haute-Corse, les défense de Gaëlle Grouchetzky a souhaité faire reconnaitre "l’abolition de discernement" de leur cliente, autrement dit un trouble psychique ou neuropsychique qui l’aurait empêché de contrôler ses actes et la rendrait de fait, pénalement irresponsable. A 17h40, la cour se retirait pour délibérer.
25 ans de réclusion criminelle
20h20, le verdict tombe : Gaëlle Grouchetzky est condamnée à 25 ans de réclusion criminelle pour avoir noyé ses deux petits garçons de 2 et 4 ans, le 13 janvier 2010, dans la baignoire du domicile familial de Cardo. Il aura fallu un peu plus de deux heures et demi aux jurés de la cour d'assises de Haute-Corse pour se forger une intime conviction et faire la part des choses, entre l'argument porté par la défense de "l’abolition de discernement" de l'accusée, et le portrait froid et calculateur dressé par l'accusation. La cour retient au final dans son verdict le principe d'une "altération de discernement", moment terrible où Gaëlle Grouchetzky a basculé, commettant l'irréparable.