Un rassemblement a été organisé sur la place Bellecour, ce samedi après-midi 23 novembre, pour une grande manifestation féministe. Le rendez-vous était donné à 15 heures. Près de 2000 personnes ont répondu à l'appel du collectif Droits des femmes 69.
"Ras le Viol, Non, c'est non", "La honte doit changer de camp, la peur aussi", "Violeur, on te voit. Victime, on te croit" ou encore "Notre colère est immense, notre détermination l'est encore plus"... Mais aussi "Merci Gisèle", en référence à Gisèle Pelicot. Car le procès des viols de Mazan est dans tous les esprits.
Ce samedi après-midi, les slogans féministes sont de sortie à l'occasion de la grande manifestation organisée à Lyon. Un rassemblement à l'approche de la journée internationale pour la lutte contre les violences faites aux femmes. Elle a lieu ce lundi 25 novembre.
Lutte contre les #violences faîtes aux femmes : une manifestation place #Bellecour à #Lyon, ce samedi après-midi, à l'approche de la journée internationale du 25 novembre. Les slogans sont de sortie ... pic.twitter.com/6PTeJEffYB
— France 3 Rhône-Alpes (@F3Rhone_Alpes) November 23, 2024
Femmes en blanc
La place Bellecour était noire de monde ce samedi après-midi. La manifestation contre les violences sexistes et sexuelles a débuté par le traditionnel happening de Femmes en blanc. Le cortège des Femmes en Blanc est devenu un rituel dans ces manifestations. Cette action est organisée par l’association lyonnaise Filactions.
"L'enjeu, c'est de rendre hommage et visibiliser les victimes de féminicides. Elles sont incarnées par les femmes en blanc" explique Pénélope Goueslard, chargée de prévention pour Filactions. Le happening se veut aussi un message d'espoir et de soutien aux proches des victimes.
La mobilisation reste plus que jamais d'actualité selon Pénélope. "Les chiffres des violences faites aux femmes et minorités de genre ne baissent pas en France (...) C'est important de continuer à porter nos revendications parce qu'il n'y a pas de réponse politique satisfaisante, parce qu'on manque de moyens, parce que les victimes continuent à pleuvoir, on ne sait toujours pas retenir leur parole et parce que les agresseurs continuent d'agresser ", indique la jeune militante.
"Pour nous, c'est aussi important de responsabiliser les hommes dans cette lutte. Nous sommes une association de prévention. Notre canal de lutte, c'est celui de l'information et de l'éducation", rappelle la jeune femme.
Paroles de manifestantes
Depuis plusieurs années, Amandine participe à cette manifestation : "Ça fait déjà trois ou quatre ans que je fais la manif et malheureusement, on voit encore le nombre de féminicides qui augmente. C'est tragique. Cette année, on a des exemples de violences de toutes sortes. On peut citer l'affaire Pelicot en ce moment. Pour de telles causes, c'est important de se mobiliser quand on le peut", explique la jeune femme, membre du collectif "NousToutes". Amandine travaille auprès d'un public en situation de handicap. Sur sa pancarte, un chiffre alarmant : "80% des femmes en situation de handicap ont déjà été victimes de violences".
"Un métro toutes les 3 minutes, un viol toutes les 7 minutes", c'est le slogan qui est inscrit sur la pancarte arborée par Marie. La jeune femme est en colère. "Il y a un manque de prise de conscience, il devrait y avoir plus de monde sur cette place. Ça pourrait être mieux vu l'actualité". Marie a aussi à l'esprit le procès de l'affaire des viols de Mazan. "Je ne connais pas une femme autour de moi qui n'est pas touchée et révoltée par ce qui se passe", assure-t-elle. "Malgré toutes les preuves, on arrive à la décrédibiliser alors que c'est une victime", déplore Gaëlle.
"Sur les questions de violences sexistes et sexuelles, il faut qu'on soit là," explique Céline, membre du mouvement féministe Les Rosies. Ce collectif est présent dans la plupart des manifestations pour rendre visible les droits des femmes dans les mouvements sociaux.
"C'est important d'être présent, de faire pression sur le pouvoir politique. Mais c'est aussi important tout au long de l'année, pas seulement le 8 mars ou en novembre", ajoute-t-elle. Pour cette militante, la lutte contre les violences passe en premier lieu par la prévention et l'éducation. "L'éducation au consentement, c'est important, le respect des filles et des garçons, les questions d'égalité... Il faut travailler sur ces questions dès le plus jeune âge", assure cette enseignante qui pointe le manque d’action des pouvoirs publics notamment à l'école.
"Dans l'Éducation nationale, normalement, chaque année de la petite section jusqu'en terminale, il devrait y avoir trois heures d'éducation à la sexualité. Ce n'est pas fait. Des programmes ont été proposés en mars et ne sont toujours pas publiés, c'est un vrai manque", déplore Céline.
Féminicides, le fléau ne régresse pas
Selon le rapport annuel de la Mission interministérielle pour la protection des femmes (Miprof) publié mardi 19 novembre, en 2023, 115 homicides au sein du couple ont été enregistrés par les forces de sécurité - 93 de ces victimes étaient des femmes et 22 des hommes. Par ailleurs, 319 femmes ont été victimes d'une tentative de féminicide au sein du couple.
Plus de 270 000 victimes de violences commises par leur partenaire ou ex-partenaire ont été enregistrées par les forces de sécurité. Sur l'ensemble des victimes, 85% étaient des femmes. Concernant les violences conjugales, les parquets ont traité les dossiers de plus de 130 000 personnes mises en cause, dont près de 9 sur 10 étaient des hommes.
En 2024, le fléau des féminicides ne régresse pas. Le collectif NousToutes fait état de 122 femmes tuées depuis le début de l'année.