Virginy Aiello a été victime de violences conjugales. Par une vidéo publiée sur Facebook, elle a décidé de livrer son histoire et celle de sept autres femmes. Un moyen de se libérer et de briser le silence.
Sur l’écran le visage d’une jeune femme. Un visage puis un corps qui se tuméfient lentement avant d’être complètement recouverts d’ecchymoses. Ponctuellement, d’autres têtes apparaissent. Celles de femmes qui, dans la vie courante, ont connu les violences d’un homme. Toutes prononcent la même phrase : « Je suis une ancienne femme battue et j’ai su me reconstruire ».
Ce court métrage, réalisé par Virginy Aiello, photographe de 23 ans, s’attaque aux violences faites aux femmes. « Quand j’avais 17 ans j’étais en couple avec un homme plus âgé que moi et j’ai vécu ces formes de violences pendant un an. J’ai réussi à partir, à le quitter mais c’est très compliqué parce que les hommes violents sont aussi manipulateurs. J’ai eu beaucoup de mal à me reconstruire, et parce que je n’ai pas réussi à me libérer cela a ruiné le couple que je formais avec un autre homme », livre-t-elle.
Pour réaliser ce film, la photographe est partie à la recherche de femmes ayant subi les mêmes situations qu’elle. Virginy Aiello en a trouvées 11. Sept d’entre elles sont parvenues à parler devant une caméra, « quatre n’ont pas réussi à se livrer », explique-t-elle. Et si l’exercice s’est avéré difficile, le résultat dépasse le cadre même de la vidéo. « Je me suis libérée moi-même. Comme je suis quelqu’un qui rigole beaucoup, les gens ne s’imaginaient pas ce que j’avais pu vivre. J’apparais à la fin de la vidéo et lorsque j’ai vu mes yeux je me suis dit que je ne voulais plus jamais avoir ce regard », précise la photographe.
Confiance
Une réaction qu’elle a également observée auprès des femmes qu’elle a rencontrées. « L’une d’entre elles a subi les violences de son père. Depuis le tournage elle se sent mieux et elle est heureuse que son témoignage serve à quelque chose » continue la photographe. Et si cette expérience ne leur a pas permis de refaire totalement confiance aux hommes, elle a au moins refait naître l’envie d’essayer.
Dès la publication de la vidéo sur Facebook le 3 novembre, l’intérêt des internautes a été immédiat. En moins d’une semaine, la publication a déjà été partagée plus de 200 fois. « J’ai hésité pendant trois jours avant de la mettre en ligne parce que j’avais peur des répercutions que cela pourrait avoir sur les filles et sur moi-même », souligne Virginy Aiello.
Par ce cri d’alarme, la photographe espère protéger les femmes et les enfants et souhaite voir disparaître ces violences. Ainsi, elle appelle toutes les victimes à en parler « à celles et ceux qui pourront prêter une oreille à leur histoire ».