Bientôt le premier gilet pare-balles féminin : une start-up souhaite le mettre au point d'ici fin 2025 à Tourcoing

À Tourcoing, dans le Nord, la jeune entreprise Tibeka Protections doit commercialiser le premier gilet pare-balles à destination des femmes d'ici fin 2025. Une innovation développée grâce à une technique de tissage spéciale, qui permettra aux femmes d'être mieux protégées et de ne pas entraver leurs mouvements.

Et si une start-up de Tourcoing (Nord) devenait la première à créer un gilet pare-balles entièrement adapté aux femmes ? Une douce utopie pour l'égalité femme-homme ? Pas tant que cela. Aujourd'hui, ce dessein n'est plus seulement un projet facétieux, mais bel et bien une innovation qui devrait officiellement voir le jour dans le courant de l'année 2025.

Concocté dans les laboratoires de l'entreprise Tibeka Protections, ce gilet pare-balles a été créé à partir d'une technologie textile innovante, imaginée par un doctorant de l'ENSAIT de Roubaix, Mulat Alubel Abtew. Le chercheur vit aujourd'hui aux États-Unis mais collabore à distance avec la start-up tourquennoise, qui a optimisé sa découverte afin de l'exploiter sur le marché de la sécurité et du sport.

En quoi consiste cette technologie ?

Un gilet pare-balles se compose d'un gilet (scratchs, fermetures, poches...), une sorte de housse de couette à l'intérieur de laquelle on vient insérer un "pack balistique", composé des tissus qui peuvent arrêter les balles. C'est au niveau de ce pack que la méthode de tissage développée par Tibeka Protections se veut innovante.

Bertrand Meslier, cofondateur de l'entreprise, explique : "On a souhaité créer un tissu avec des formes et des volumes complexes, qui pourraient correspondre à la morphologie d'une femme. Pour cela, il fallait donc allier ultrarésistance et formabilité (le fait d'être déformé sans être endommagé, nrdl), sans que ces caractéristiques ne risquent d'abîmer le tissu."

Car dès qu'un matériau est plié, une zone de faiblesse va se créer au niveau de la pliure, tout comme une feuille de papier devient plus fragile sur la zone de pli, et risque de se déchirer. Un enjeu important pour le monde de la sécurité et du sport, qui tentent de développer ce type de technologie depuis des années, notamment pour créer ces fameux gilets pare-balles destinés aux femmes, en prenant en compte les courbes liées à la poitrine, aux hanches ou encore à la taille.

Pour créer ce pack balistique, Tibeka Protections fournit le tissu. Son fabricant donne ensuite une forme prédéfinie au tissu, ici une forme de buste à la morphologie féminine, qui ne pourra plus bouger une fois le processus industriel terminé. Reste donc aux clients de Tibeka d'opter pour du sur-mesure, ou pour un échantillon de tailles.

Quelles avancées peut permettre cette technique de tissage ?

"Notre objectif est d'inclure les femmes dans ces technologies, qui sont souvent basées sur un physique d'homme", relate Bertrand Meslier. "Tout est fabriqué sur des standards masculins, mais de plus en plus de femmes pratiquent les métiers de la protection." En s'emparant de la question du gilet pare-balles, c'est à un véritable enjeu de société que s'est effectivement attaqué Tibeka Protections.

À l'heure de l'égalité professionnelle, ce manque de protection ne pouvait plus être ignoré. Nous avons reçu des demandes de la Gendarmerie nationale et d'autres pays sont intéressés.

Bertrand Meslier, co-fondateur de Tibeka Protections

Pour l'instant, les gilets pare-balles standards masculins ou, au mieux, unisexes, laissent des zones non-protégées sur le corps des femmes, notamment au niveau de la poitrine. Ces gilets non adaptés risquent également de compresser l'abdomen des professionnelles ou de créer des restrictions dans leurs mouvements et une baisse d'agilité... Bref, toute une liste de griefs qui peuvent engendrer des problèmes de recrutement chez les femmes dans des milieux comme l'armée, la gendarmerie ou la police. En 2023, les femmes représentaient seulement 20% des effectifs dans le secteur de la sécurité en France, selon une étude de la Fédération des Métiers de la Sécurité (FMS). Cette innovation, apportée par Tibeka, représenterait donc un petit pas supplémentaire vers l'égalité femme-homme.