Le maire de Bonifacio, et leader de LaREM en Corse était l’invité du Corsica Sera mercredi 5 décembre. Il est notamment revenu sur le mouvement des gilets jaunes.
La France fait face à un contexte de crise politique et de revendications sociales sans précédent. C’est par la voix de son Premier ministre, Édouard Philippe, qu’Emmanuel Macron tente d’apaiser les gilets jaunes.
Pour ses soutiens dans l’île, il s’agit d’entendre les revendications des protestataires tout en défendant le projet de réforme. Jean-Charles Orsucci, maire de Bonifacio et leader LaREM en Corse, était l’invité du Corsica Sera mercredi 5 décembre.
Vous êtes proches des dirigeants de LaREM. Avec le contexte actuel, est-ce que cette foi est ébranlée ?
Pas du tout. J’ai adhéré à un mouvement, à des idées. Ce n’est pas quand le bateau tangue qu’il faut le quitter. Je continue à avoir foi dans cette période difficile, parce qu’il faut réformer la France, il faut rendre la France plus juste. C’est pour cela qu’il faut aussi entendre aujourd’hui ceux qui manifestent.
Il faut continuer à discuter pour avoir des résultats, vis-à-vis notamment des gens qui sont dans la précarité et en Corse, on est bien placé pour le savoir. C’est la première région de France en termes de précarité.
Aujourd’hui, il faut aller vers un modèle écologique, mais l’écologie ne peut pas être punitive. C’est aussi ça qu’a voulu montrer la contestation à laquelle on a dû faire face.
Que retenez-vous des revendications des gilets jaunes ?
Ce que j’ai entendu à la mairie de Bonifacio, ce sont les mêmes propos que ceux que j’ai entendus au niveau national. Les demandes sont diverses et variées, parfois, je les juge un peu contradictoires. On a apporté une réponse partielle jusqu’à aujourd’hui, la réponse définitive va être compliquée. Aujourd’hui, répondre à une demande de moins d’impôts, moins de taxes, mais davantage de services publics davantage en direction des collectivités locales, c’est une alchimie très dure à obtenir.
Les arbitrages devront être faits. Une chose est sûre, c’est qu’il faut que le pouvoir d’achat des gens qui sont dans la précarité soit pris en compte. Cela doit être un élément moteur pour les classes les plus basses et les classes moyennes que doit intégrer le gouvernement.
L’annonce du moratoire sur la taxe des carburants n’a pas calmé la situation, au contraire. Matignon dit aussi, moins d’impôts, c’est moins de dépenses. Craignez-vous de voir les services publics s’effriter notamment dans le rural ?
Lors de la dernière session de l’Assemblée de Corse, j’ai vu les deux groupes de droite s’insurger contre la suppression de services publics dans le rural. […] Cela démontre bien la difficulté. Quand Bruno Le Maire [ministre de l’Économie] dit : ’moins de taxes, moins d’impôts’ ; pour le social-démocrate que je suis, la solution ne peut pas être moins de services publics.
La solution, on doit la trouver ailleurs. On doit faire des choix courageux. […] Y aller peut-être par phases. Mais la démonstration a été faite, on ne peut pas se permettre d’avoir une augmentation de 120 euros de consommation d’essence par an dans une région comme la Corse, où on n’a pas d’autres moyens de se déplacer qu’en voiture. Ce n’est pas acceptable.
L’intégralité de l’entretien avec Jean-Charles Orsucci :