La balance, "la vie parallèle", et Jacques Mariani

A la Cour d’Assises de Paris, où se déroule le procès de 12 accusés, dont Jacques Mariani et un ancien collaborateur de justice pour l'évasion de Redoine Faïd de la prison de Réau le 1er juillet 2018, l’interrogatoire de l’ex-repenti n’en finit pas.

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"Jacques Mariani était un ami, je l’ai trahi. Il considère que je suis une balance. Cette trahison on la vit depuis un mois et je comprends que ce soit difficile pour lui", commente l’ex-repenti devant la cour d’Assises. Me Heidi Dakhlaoui vient de lui demander de parler de sa relation avec Jacques Mariani, personnage turbulent du banditisme. Philippe, - son prénom a été changé -, comparaît derrière un paravent pour des raisons de sécurité. Ancien "homme de Jacques Mariani", il se dit menacé depuis qu’il a livré des informations sur le crime organisé.

Devant la cour d’Assises de Paris, il comparaît pour association de malfaiteurs dans le cadre d’un projet d’évasion de Redoine Faïd de la prison de Fresnes en 2017. Un an avant l’évasion spectaculaire en hélicoptère de la prison de Réau du braqueur multirécidiviste de Creil.

Témoignage

"Je me suis rendu à Paris à la demande de Jacques Mariani pour rencontrer Rachid Faïd", a raconté l’ancien collaborateur de justice. En dépit d’un procès émaillé de multiples incidents, du bug technique qui a entraîné la diffusion de son visage sur les écrans de la salle d’audience et les nombreux coups de colère de Jacques Mariani dans le box, Philippe continue de "balancer". Il parle d’une voix trainante, corrige les avocats quand ils n’emploient pas le mot juste.

Il maintient avoir récupéré une lettre des mains de Rachid Faïd, le frère de Redoine dans un café de la Gare Saint-Lazare à Paris "écrite en pattes de mouches" par Redoine Faïd. 

Dans cette missive, outre un paragraphe sur une certaine "philosophie du banditisme", un deuxième sur des menaces pesant sur Jacques Mariani et sa sœur, un troisième évoquerait une demande d’aide à Jacques Mariani pour un projet d’évasion de la prison de Fresnes de Redoine Faïd en 2017.

Des armes commandées

"Il y a eu une commande, des armes, trois ou quatre kalachnikovs, des glocks", précise Philippe. "Le plus difficile c’était de se procurer les explosifs, du Pep-500, une substance réputée très facile à utiliser", commente-t-il. Philippe dit s’être rendu en Belgique pour commander ces armes. 

"Vous vous êtes rendu en Belgique en avril 2017, c’était avant de réceptionner la lettre de Redoine Faïd. Donc ce n’est pas pour le projet d’évasion de Fresnes", lui opposent Me Heidi Dakhlaoui et Yassine Maharsi, les avocats de Jacques Mariani, dans leur flux de questions.

"Je sais ce que j’ai fait", maintient l’ancien ami de Jacques Mariani. "J’ai sollicité un gérant d’entreprise pour des armes".

"Jacques était prêt à monter sur le projet d’évasion"

L’ancien élève de Sciences-Po devenu "force de proposition" du clan Mariani, puis collaborateur de justice ne s’arrête pas là. Redoine Faïd aurait proposé à Jacques Mariani de lui donner un coup de main pour "éliminer" des piliers du clan ennemi ."Jacques était prêt à monter sur le projet d’évasion, pas mécontent de trouver de nouveaux alliés. Avant de se désintéresser de l’idée une évasion", poursuit-il.

Pas de sujets tabous pour cet accusé particulier. Il raconte avoir rencontré des policiers de haut rangs pour en savoir plus sur les relations entre policiers et voyous. Chaque clan aurait "ses propres relais" dans la police.

Alors Philippe rencontre un éminent commissaire, des "officiers supérieurs" de la police, des membres des services de renseignements pour leur en parler. Il relate aussi des rendez-vous avec des grands noms du banditisme de Jacques Mariani pour évoquer les évolutions des amitiés et inimitiés des différentes bandes criminelles.

Philippe parle de sa "vie parallèle", "deux ans de sa vie où il a déconné à plein tubes. J’avais rencontré déjà des personnes interlopes. C’est pas quelque chose qui me faisait peur, ça me plaisait."

 Dans le box, Jacques Mariani trépigne. Il se lève, se rassoit, pose son coude sur la vitre. Quand son ancien "factotum" répète que Rachid Faïd est bien venu solliciter l'aide du Corse , il s'emporte une fois de plus. "C’est Pinocchio, c'est un menteur", lance-t-il à la Cour.

"Calmez-vous Monsieur Mariani", rabroue la présidente Frederique Aline.

Son interrogatoire n’a pas encore commencé. Depuis le début du procès Jacques Mariani nie l'existence de ce projet d'évasion de la prison de Fresnes. Il n'a jamais reçu de lettre sur ce sujet de la part de Rédoine Faïd. "Une fable", assure-t-il avec Rachid et Rédoine Faid assis à ses cotés dans le box.

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