L'homme, qui a changé d'identité et se cache depuis cinq ans, témoignait à la barre quand son visage est apparu sur les écrans qui retransmettent l'audience. Une bourde de taille, qui a suscité la confusion dans la salle, et la colère des magistrats.
Dans le public, du côté des proches de Jacques Mariani, ça s'agite. Des chuchotements amusés, témoignant d'une jubilation certaine, et de moins en moins discrète.
Pourtant, la personne qui témoigne à la barre, c'est l'homme qui affirme avoir joué les intermédiaires entre Rédoine Faïd et Jacques Mariani pour un projet d'évasion. Et dont les confidences ont valu à ce dernier sa présence dans le box.
Il vit depuis cinq ans sous une identité d'emprunt. Depuis le début du procès, chaque apparition de celui qui est l'un des douze accusés du procès de Rédoine Faïd devant la cour d'assises demande des trésors de précaution pour dissimuler son identité.
Seuls les onze autres accusés, dont Jacques Mariani, les avocats et la cour peuvent le voir. Il est dissimulé au public par un paravent de bois. Et pour lui permettre d'entrer et de sortir de la salle d'audience sans que son visage soit dévoilé, cette dernière doit, immanquablement, être évacuée totalement...
Un couac spectaculaire
Frédérique Aline, la présidente de la cour d'assises de Paris, finit par s'étonner des manifestations qui montent dans le camp Mariani. Elle interpelle ses proches, qui affirment qu'il ne se passe rien. Avant que quelqu'un n'explique la raison de l'agitation :
- "On le voit !"
Sur les huit écrans qui permettent au public de suivre dans de bonnes conditions l'audience, c'est le visage du repenti qui apparaît en gros plan, depuis de longues minutes, à la place de la cour.
Dans la salle, c'est la confusion.
Les gendarmes, les avocats, tentent de dissimuler l'homme de 48 ans de toutes les manières possibles, sans grand succès. Jusqu'à ce que la présidente fasse évacuer la salle.
Téléphones fouillés
Le problème, c'est que quelqu'un a eu le temps de prendre une photo, et de la partager sur les réseaux sociaux. De quoi réduire à néant sa couverture, dans sa vie quotidienne.
Lors de la reprise de l'audience, Frédérique Aline demande aux gendarmes présents d'empêcher quiconque de quitter la salle, et fait contrôler les téléphones des gens présents, sans parvenir à identifier l'auteur ou l'autrice de la photo.
La présidente ne dissimule pas son agacement, mais le procès doit reprendre, dans un climat tendu. Et le repenti fait son retour à la barre, toujours dissimulé par un paravent. La retransmission sur les écrans, elle, a été interrompue.
Les avocats généraux ont assuré qu'une enquête administrative allait être ouverte pour déterminer les causes de ce couac regrettable.