La Corse, région la plus chère pour faire garder ses enfants d'après le site Yoopies

Selon le baromètre 2024 de la plateforme Yoopies, les tarifs des gardes d'enfants connaissent une forte augmentation cette année en France. La Corse apparaît comme la région où le coût horaire moyen d'une assistante maternelle est le plus élevé.

Faire garder son enfant oblige les parents à mettre de plus en plus la main au porte-monnaie. Surtout en Corse. C’est ce qui ressort de l’étude publiée fin août par la plateforme Yoopies.

Selon le baromètre annuel de la structure spécialisée dans la recherche d'assistantes maternelles, de nourrices et de baby-sitters, la France connaît en 2024 une hausse "record" des tarifs dans ces métiers de la petite enfance.

"Le tarif moyen horaire pour une nounou à domicile en France s'élève désormais à 10,50 €, contre 10,12 € en 2023 ; pour une assistante maternelle, il est de 3,96 € contre 3,80 € en 2023, indique Yoopies. Ainsi, les tarifs de garde d’enfants en France connaissent une augmentation de 4,21 % pour les assistantes maternelles et de 3,75 % pour les gardes à domicile."

Selon la plateforme, qui se base sur les chiffres de l’Urssaf ainsi que sur ses propres données, c’est en Corse, "comme chaque année" , que les tarifs des assistantes maternelles sont les plus élevés. Dans l’île, le coût horaire est de 4,86 € par enfant, soit 1,06 € de plus que la moyenne nationale.

"La Corse est suivie par la région PACA (4,57 € par heure et par enfant) et l’Ile-de-France (4,38 € par heure et par enfant) pour choisir une assistante maternelle. C’est également en Corse que l’on note l’augmentation la plus forte du tarif horaire (+8,97 %)", précise Yoopies.

11,02 € pour une nounou en Corse-du-Sud

Concernant la garde d’enfants à domicile - c’est-à-dire les baby-sitters et les nourrices qui se déplacent chez les familles -, l'Île-de-France reste la région où le taux horaire moyen est le plus haut : 10,64 €. La région parisienne est suivie de la Bretagne et de l’Auvergne-Rhône-Alpes (10,62 €).

Si la Corse pointe en dixième position avec 10,41 € de l’heure (+6,44 % par rapport à 2023), la Corse-du-Sud est cependant le département où les tarifs sont les plus élevés de France.

En moyenne, pour faire appel à une nourrice, les parents du Pumonti doivent débourser 11,02 € pour une heure de garde. Le prix est de 11 € en Savoie et de 10,75 € dans les Alpes-Maritimes et à Paris.

À l’inverse, la Somme est le département où cela coûte le moins cher : 10,07 € en moyenne, soit près d'un euro d’écart avec le sud de l’île.

"Forte demande"

Selon Yoopies, cette augmentation des tarifs "s’inscrit dans un contexte économique tendu, marqué par l’inflation persistante".

"En France, explique la plateforme, comme dans de nombreux pays européens, la hausse des coûts se ressent sur tous les services à la personne, et la garde d’enfants n’échappe pas à cette réalité."  Et d’ajouter : "La revalorisation des métiers de service prévue dans le cadre de la Convention d'Objectifs et de Gestion (COG) 2023-2027 impacte également les tarifs de garde d’enfants."

À cela s’ajoute également une "forte augmentation", dixit Yoopies, de la demande pour des services de garde qualifiés. Cela est notamment dû, selon la plateforme, "au retour au travail en présentiel et à un besoin accru de flexibilité".

Concernant l'île, la direction de Yoopies livre cette analyse : "La Corse reste une région spécifique avec des besoins différents par rapport à d’autres régions du continent. L’offre est moins importante qu’en Île-de-France ou dans les Alpes-Maritimes mais la demande est forte, ce qui a donc une incidence sur les prix." 

Gestionnaire du groupe Facebook "nounou ou baby-sitting Corse", Angélique Jourdan abonde dans le même sens :

"Il y a beaucoup de demandes, surtout lors de la période estivale dans les régions touristiques comme la nôtre. J’ai d'ailleurs créé ce groupe sur Facebook car j’avais beaucoup de demandes et c’était donc pour moi une manière d'être remplacée lorsque je ne pouvais pas être disponible car je n'aime pas refuser une garde d'enfant."

Selon Angélique Jourdan, les prix pratiqués dans l'île pourraient aussi s'expliquer par les déplacements des nourrices.

"Chez nous, les temps de trajet sont souvent longs. Cependant, les parents sont prêts à payer car, généralement, tout le monde propose les mêmes tarifs qui comprennent les frais de déplacement et les activités que l’on propose. En revanche, certains parents en vacances m’ont déjà dit que cela était très cher comparé à ce qu'ils payaient d'ordinaire chez eux."

On a eu beaucoup de mal à conclure des devis.

Constance Lebouteiller

Gérante d'une structure à Ajaccio

À Ajaccio, chez "Zitellu et compagnie", la hausse des tarifs a contraint la direction à s'adapter à la situation.

"Sur l'année scolaire 2023-2024, on a eu beaucoup de mal à conclure des devis, concède Constance Lebouteiller, gérante de cette structure qui emploie douze gardes d’enfants à domicile. On faisait en sorte de faire des devis plus serrés afin que le reste à charge, après le remboursement de la Caf, soit vraiment le plus petit possible pour les parents."

"Les prix ont augmenté par rapport à l’an passé, poursuit notre interlocutrice. On a des frais de fonctionnement (loyer, électricité) et les salaires de nos nounous avec un smic horaire qui augmente tous les ans. Ce qui est très bien d'ailleurs. D'ailleurs, nous répercutons systématiquement l’augmentation du smic horaire même si la salariée actuellement a un taux plus élevé que le Smic. Si le Smic horaire augmente, les taxes employeur et les charges Urssaf également. Depuis 2022, chez nous, on a une augmentation de 2 euros, soit un euro par an."

Un peu plus loin, dans le quartier des Salines, du côté de la maison d'assistantes maternelles (MAM) les P'tits bouts, cette hausse des coûts est un sujet récurrent.

"Tous les ans on en parle entre nous et on se dit que c'est lourd pour les parents, confie Anne-Marie Boninu, présidente de l'association en charge de la structure qui accueille douze enfants par jour. Dans une MAM comme la nôtre, on ne fonctionne pas exactement comme une assistante maternelle à domicile, qui va prendre des plus gros contrats avec davantage d'heures. Par conséquent, les prestations vont dépasser les aides. Dans une MAM, le montant des aides est presque jamais dépassé car ce sont de petits contrats. Par exemple, les enfants viennent deux ou trois fois par semaine. C'est donc quand même assez différent."

Depuis vingt ans dans le secteur de la petite enfance, Anne-Marie Boninu a elle aussi observé cette constante évolution des prix :

"Il y a une hausse des tarifs, c'est certain, affirme-t-elle. Je pense que les assistantes maternelles se mettent à jour par rapport à tout le monde. Certaines sont aussi parfois dans l'exagération. Après, je pense que cette hausse de prix se constate dans beaucoup de métiers de service à la personne. Cependant, l’aide que les parents perçoivent - qui est inférieure à celle pour les enfants en crèche - a elle aussi augmenté. S'il y a toujours 15% obligatoires à leur charge, l'un dans l'autre, on peut s'y retrouver", estime Anne-Marie Boninu tout en précisant que certains parents ont réduit les heures de garde de leurs enfants : "Ils disent "on les met un jour avec la grand-mère pour diminuer les frais". C'est un peu plus fréquent qu'avant."

Des solutions pour réduire les coûts

Afin de réduire l'impact financier pour les familles, des solutions existent concernant l'emploi d'une assistante maternelle ou d'une nounou. 

"La France bénéficie d’un système d’aides publiques parmi les plus généreux d’Europe, avec des dispositifs tels que la PAJE et le crédit d’impôt pour l’emploi d’un salarié à domicile, indique Yoopies. Ces aides peuvent couvrir jusqu’à 50% des coûts, ramenant ainsi le tarif horaire moyen d’une nounou à domicile à environ 5,06 €."

En cette période de rentrée, Yoopies rappelle qu'"anticiper la recherche (d'une nounou ou d'une assistante maternelle) permet non seulement de trouver le meilleur rapport qualité-prix, mais aussi de choisir l’intervenant idéal pour ses enfants".