À Femu a Corsica, l’heure est au durcissement du ton. Lors de la session publique de l’Assemblée de Corse de ce jeudi, la croissance démographique record a fait l’objet d’une question orale posée par Romain Colonna, à laquelle Gilles Simeoni a répondu de manière franche.
C’était comme un tour de chauffe. La question orale posée par le conseiller territorial Femu a Corsica, Romain Colonna appelait à une réponse claire de Gilles Simeoni. Le Président de l’Exécutif, dont les propos tenus deux jours auparavant, ont suscité une vive polémique, a fait le choix politique du durcir le ton.
Pour rappel, le chef de file des autonomistes avait déclaré : "S'il faut construire un rapport de force avec l'Etat, y compris par des moyens qui ne se limitent pas à l'action institutionnelle, on sait d'où l'on vient et ce que nous sommes capables de faire".
#Démographie #Corse ↗️
— Romain Colonna (@Romain_Colonna) January 27, 2021
La population corse avec un solde naturel négatif est en constante et forte augmentation due exclusivement à un solde migratoire positif.
J'interrogerai demain, en ouverture de session de l'Assemblée de Corse, le président du Conseil exécutif à ce sujet : pic.twitter.com/Ve7PfU1sbr
Une volonté de rappeler l’historique du mouvement national, et de s’affranchir des seuls outils démocratiques, notamment en militant et en occupant le terrain.
Dans l’attente d’être chahuté par Jean-Martin Mondoloni ou Valérie Bozzi sur l’appel à outrepasser les simples voix de l’Assemblée, Gilles Simeoni s’est exprimé sur la croissance démographique en Corse.
La croissance démographique en Corse est de 1,1% en 2020, « des chiffres hors du commun » d’après Romain Colonna. C’est près de trois fois plus que la moyenne nationale alors que le solde naturel est négatif.
Cette hausse, durable depuis plusieurs années, « représente environ 3700 personnes de plus chaque année pour une population se situant aux alentours de 338 000 habitants » explique l’élu nationaliste. Des données qui posent donc plusieurs problèmes selon lui : « économique, culturel, social, foncier, politique et urbanistique ».
« Une question essentielle »
Gilles Simeoni entame sa réponse en affirmant que « le peuple corse est une communauté de destin », et qu’« être corse peut être une volonté y compris si l’on est né ailleurs », c’est donc bien « un défi politique » qui s’offre à la majorité territoriale. De son point de vue, à tout le moins.
Le constat du Président de l’Exécutif est simple : la population en Corse, s’est accrue de 5,7% en 7 ans. « Les Corses sont vieillissants, font moins d’enfants » la hausse s’explique donc par des flux migratoires entrants.
Pour autant, la composition sociale de ces nouveaux résidents est relativement méconnue « les agrégats ne permettent pas de le connaître exactement » indique Gilles Simeoni.
Ciblées dans les propos de Romain Colonna, les couronnes périurbaines ajaccienne et bastiaise sont retrouvées dans la réponse de Gilles Simeoni. Les flux de population qui arrivent « ne trouvent pas forcément de travail, et ne connaissent pas les codes de la société corse. Ce qui crée de vives tensions, y compris avec les services sociaux » ponctue-t-il.
« La Corse a toujours fabriqué des corses, comment faire pour que cela continue ?» En réponse à cette question et à celle de Romain Colonna, Gilles Simeoni conclue en affichant sa volonté de créer un groupe de réflexion, dès la fin de la séance de questions orales.